"L'aventure, c'est le réalisme de la féerie" (ANDRE MALRAUX)

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vendredi 22 décembre 2006

Réflexions sur la géopolitique mondiale depuis le 11 septembre 2001.

Le 11 septembre a déterminé un redéploiement des "empires", anciens et nouveaux, en particulier américain et russe. Je reviendrai sur ce "retour des empires" mais pour le moment, je vous propose ces réflexions en "cascades" sur la nouvelle géopolitique mondiale post-guerre froide dont les contours se précisent au fil du temps...


1.Qu’est-ce que le11 septembre 2001 ?

-Al Qaïda attaque les USA, 1 an après l’élection de W. Bush, pas sous Clinton. Or Clinton fut l’artisan d’un rapprochement israélo-palestinien à partir de 1995 mais sous Arafat.

-La plupart des organisateurs du 11 09 sont des saoudiens, comme Oussama ben Laden et l’Arabie Saoudite est le producteur de terrorisme « islamiste » principal.

-Donc couplage entre problème israélo palestinien et Al Qaïda (montée du Hamas dans le combat palestinien et érosion de l’autorité palestinienne sous Arafat)

-Par la suite, opération américaine sur l’Afghanistan, puis sur l’Irak de Saddam Hussein : pour ce dernier cas, deux légitimations ; l’Irak a des ADM et finance et sanctuarise le terrorisme islamiste.

-Faux : pas d’ADM et le Baas irakien, sunnite, n’a rien à voir avec les fondamentalismes.

Mais…

-Rapprochement stratégique (front anti-terrorisme) américano-russe sous Poutine (ce dernier prend le pouvoir en 1999). Dans un premier temps, cette « association » aboutit à une installation des intérêts américains en Asie centrale (question énergétque).

-En 2004-2005, seconde guerre du Golfe : les USA, à la différence de 1991, neutralisent Saddam et soutiennent une « reconstruction » politique du pays (Assemblée nationale irakienne élue il y quelques semaines). Mais les USA, sous le prétexte que sunnisme = saddamisme, soutiennent les shiites, alliés objectifs du fondamentalisme international ?

-Est-il interdit d’avancer l’idée d’une alliance implicite entre USA et couple fondamentalisme-terrorisme depuis 2001 et compte tenu des zones d’ombre du 11 09 ? (relations d’Al Qaïda avec des entreprises américaines comme Aliburton).

2.Conséquences au Moyen-Orient :

-Redéploiement massif des USA, en particulier avec le projet de Grand Moyen-Orient. Il ne s’agit plus d’interposition comme avec Bush père/ James Baker ou sous Clinton mais d’impérialisme idéologico-pétrolier.

-Du fait de ce lourd programme, il faut conforter les alliés traditionnels des USA, c’est-à-dire ISRAEL. Semonces, avertissements…mais Sharon poursuit sa politique de colonisation massive (y compris avec le « retrait » de Gaza compensé par la hausse de la colonisation en Cisjordanie, le projet de rattachement de colonies juives à Jérusalem-Est et le mur de séparation, aux limites de la loi raciale). Pas un geste pour briser l’isolement d’Arafat à Ramallah. Mort de celui-ci en 2004 et accélération du processus de désengagement de Gaza mais en « accord » avec une Autorité palestinienne divisée (Hamas) et affaiblie. Or, Sharon et les faucons israéliens ne cachent pas qu’ils ont plus de facilité à négocier avec des groupes islamistes qu’avec l’OLP, d’ailleurs accusée de tous les attentats en Israël. Alliance objective des israéliens avec les islamistes ? A noter, parallèlement, l’étrange patience des USA à l’égard de l’Iran, pourtant plus capable d’avoir des ADM que les irakiens !

-A contrario, intransigeance à l’égard de la Syrie après l’assassinat d’HARIRI.

Tout se passe comme si Israël et les USA se montraient plus intraitables avec des organisations panarabes et/ou nationalistes traditionnelles comme l’OLP ou le Baas syro-libanais, qu’avec les officines terrorristes islamistes et les shiites en général (Iran et Irak). Il est vrai que ces dernières, éclatées et peu solidaires, menacent moins l’influence américaine dans la région que les Palestiniens ou les Syriens. A moins que les néo-conservateurs sionistes américains aient plus de facilités à appréhender et encadrer des mouvements à forte connotation religieuse ? Dans tous les cas, les USA bénéficient de 25 ans de diplomatie « divisante » au PO : en 1978, ils avaient découplé l’Egypte du monde arabe et depuis 10 ans, ils misent sur le désir de plusieurs états de se doter d’une meilleure image (La Libye) ou sur des relais traditionnels (Arabie Saoudite).

-Les Américains en Asie centrale : le cas afghan.

C’est MASSOUD qui fédère les groupes de résistants dans le Panschir. C’est un jeune musulman modéré et nationaliste, qui souhaite la séparation du politique et du religieux et veut un Afghanistan indépendant. En 1985, il signe une trêve avec les Russes pour avoir le temps d’asseoir son autorité dans un Nord afghan qu’il organise autour du Conseil du Nord (1987). En 1989, c’est le départ des soviétiques et Kaboul disputée entre les différents mouvements de résistance. A cette date, les Américains soutiennent Ekbachtiar et les extrémistes musulmans, comme ils soutiendront plus tard les talibans. En 1992, Ekbachtiar fera bombarder Kaboul, ce qui discréditera en fait les moudjahidins de Massoud, d’autant plus que ce dernier a du s’allier avec des partenaires douteux comme Dostom, un ouzbek sans foi ni loi, ou Sayaf, un pashtoun qui fait massacrer les Azaras shiites. L’Islam radical semble légitimé et Massoud doit abandonner Kaboul aux Talibans en septembre 1996.

Massoud est assassiné le 9 septembre 2001 ! L’Afghanistan, privé de Massoud, devient opaque, justifiant l’intervention étrangère après le 11 septembre. Bizarrement, c’est Ben Laden qui devient la star et la cible, pour ne pas dire le leurre. Et c’est à l’Irak que les Américains s’en prennent, pas à l’Arabie Saoudite.

3.Conséquences en Russie .

-Carte blanche à Poutine dans sa gestion des problèmes du Caucase entre 2000 et 2004 (Tchétchénie surtout), suite logique de l’attitude euro-américaine depuis 1989 (les soviets abandonnent l’Europe de l’Est mais on leur laisse verrouiller l’empire du Caucase).

4.Conséquences en Europe : éclatement du concert européen sur la question de l’intervention des USA en Irak et isolement de la France. Se révèle le manque d’une politique étrangère et d’une défense commune (rejeu de la CED de 1950-1954). Les récipiendaires de 2004, issus pour la plupart de l’ex-bloc de l’Est sont plus atlantistes qu’européens et l’OTAN occupe l’espace laissé vacant par la chute de l’URSS.

-Crise franco-américaine (Chirac-Villepin).

-la voix de la France moins entendue au Moyen-Orient, sauf le « rattrapage » des honneurs militaires à Arafat en 2004.

-Au plan interne : terrorisme « islamiste » et risque de la GB à l’Espagne (attentat de Madrid en mars 2004). Espagnols, puis Italiens et Polonais se désengagent de l’Irak. Pas de politique, pas de pensée européenne sur la question de l’islamisme radical à opposer au nationalisme religieux et/ou à la conception américaine d’une « guerre de civilisation » (Huntington).

-Problème laïcité-République en France qui révèle l’échec de la politique française d’intégration.

-Depuis 1992 (Maastricht), renforcement d’un bloc européen par élargissements successifs mais sans vision géopolitique globale.

De fait, risque d’un certain isolement géopolitique de l’Europe, à 25 ou plus, car :

-Bloc américain ressoudé par le 11 09 (alliés en Europe, même à l’Est) et qui a établi depuis presque 20 ans une nouvelle forme de « tutelle » économique sur l’Amérique latine et centrale (Alena) et n’a eu de cesse, depuis Nixon jusqu’à Bush, de se rapprocher du monde asiatique, profitant de l’affaiblissement momentané du Japon et avant l’émergence d’une grande puissance chinoise. Le Japon tente de préserver son modèle de gestion des entreprises fondé sur un capitalisme pragmatique et relationnel plus que procédurier et déréglementé, mais SONY s’est toutefois doté d’un PDG américain . La lutte est ouverte avec les Européens (rachat de NISSAN par Renault).

-Russie jouant du vieil eurasiatisme, tout en ressoudant son empire au Sud et au Sud-Est, mais se heurtant peu à peu à une diplomatie de l’ombre des Américains en Ukraine (« révolution » orange), en Géorgie et aujourd’hui au Kirghisistan. En général, les USA cherchent à prendre contact avec les pays du GUUAM. En fait, américains et russes se sont utilisés mutuellement. La complicité momentanée USA-Russie semble remise en question du fait que les partisans du capitalisme d’état semblent l’emporter sur les libéraux et ce depuis le cas exemplaire de IOUKOS, Poutine réchigne à l’arrivée de capitaux étrangers dans l’énergie, l’aviation, les télécommunications et le domaine militaire en général. Là encore, lutte USA-Europe : cette dernière semble mieux placée, en particulier la France, 6° investisseur étranger, présente surtout dans l’agroalimentaire et la distribution. Mais le « capitalisme d’état » pourrait davantage initier un rapprochement russo-chinois, voire un axe Russie-Chine-Japon.

-Chine cherchant à prendre la tête du continent asiatique. Pour le moment sans confrontation avec les USA liés à la zone dans le cadre de l’APEC. Voir ici la patience des Américains dans l’affaire nord-coréenne et dans ses relations avec le Pakistan. Pas de « syndrome vietnamien ».

...La période post-guerre froide semble ainsi plus instable et finalement plus polémologique que l'ère précédente. A certains égards, la chute des blocs ouvre le retour des stratégies impériales...


a suivre...








4 commentaires:

Anonyme a dit…

Première Partie : Il est intéréssant de noter que, selon le site officiel du FBI, aucune preuve concrète ne permet de lier Oussama ben Laden et son soit-disant groupe terroriste Al Qaïda aux attentats du 11 Septembre. (http://www.fbi.gov/wanted/terrorists/terbinladen.htm) Par ailleurs, rien ne permet de lier l'Arabie Saoudite au terrorisme international et à Al Qaïda par le biais du 11 Septembre, à moins que l'on écoute les élucubrations de soit-disant experts tels que Guillaume Dasquié et Jean-Charles Brisard.(http://www.voltairenet.org/article143901.html) La suite dans le commentaire n°2.

Anonyme a dit…

Deuxième Partie : Vous dites que le mur de séparation instaure une situation "à la limite de la loi raciale", or il s'agit en fait d'une politique visant à créer une vaste prison à ciel ouvert, dans laquelle se trouvera des enclaves palestiniennes dans des situations parfaitement similaires à l'Apartheid Sud-Africain avec ses Banthoustans et sa parodie de gouvernement soit-disant autonome. (Voir "Détruire la Palestine, Finir la Guerre de 1948" par Tanya Reinhart, Eds La Fabrique). Par ailleurs, l'état Israélien a infiniment plus de difficultés à négocier avec le Hamas qu'avec l'OLP et le Fatah, ceci à cause de leur volonté de ne pas se faire abuser par la stratégie Israélienne bien connue maintenant, qui consiste en des négociations interminables au cours desquelles Tel Aviv admet des concessions excessivement minimes dans le meilleur des cas (au contraire de l'OLP malheureusement, après examen des faits, car l'OLP et le Hamas ont déjà officiellement reconnus l'ensemble des prérequis à des négociations constructives, tel que le Droit à l'existence d'Israël dans les frontières de 1967), ce qui entraîne une rupture des négociations par l'une ou l'autre des parties. Puis les négociations reprennent un peu plus tard, et Tel Aviv ressort les mêmes concessions ridicules, présentées par les Politiques et les Médias Occidentaux et Israéliens comme une avancée majeure, preuve de la "bonne volonté" Israélienne ; contrairement à "ces méchants petits Islamistes qui ont le couteau entre les dents" et qui refusent les miettes Israéliennes. Il ne faut pas non plus oublier que la création du Hamas par Cheihk Yacine fut favorisée par tous les moyens par Tel Aviv dans le but de torpiller le Fatah.

Anonyme a dit…

Troisième Partie : Par ailleurs, l’ « étrange patience des Etats-Unis » à l’égard de l’Iran est dû à une raison excessivement simple et néanmoins réellement extraordinaire dans l’histoire de la politique étrangère américaine depuis 1890 : la peur de se prendre une saloperie à travers la gueule s’ils chatouillent un peu trop le Mollah. N’oublions cependant pas que, selon la constitution Iranienne, le fait d’acquérir la bombe nucléaire doit être autorisée par le guide suprême de la révolution islamique et le conseil des gardiens, or ces 2 derniers se sont toujours opposés à l’obtention de cette ADM en considérant que c’état « contre le Coran ». Remettons donc les choses en place et arrêtons de dire des conneries.
Ainsi, il y a bien évidemment autant d’analyses concernant la stratégie Iranienne que d’experts multi-cartes, tel que le fameux « expert-en-tout » Alexandre Adler ; mais une idée intéréssante est de considérer que le matraquage médiatique à l’œuvre actuellement à l’encontre de Téhéran vise d’abord et avant tout à susciter en nous une peur irraisonnée est malsaine avec l’association récente faite dans la déclaration du Congrès Juif Mondial qui assimilait Ahmadinejad à un « Nouvel Hitler »…
Ainsi donc, le premier état à faire vraiment peur à l’impérialisme américain justifie une campagne de haine à l’égard d’un homme, d’un état et d’une nation ; de la même manière que le Hezbollah est le premier groupe armé a avoir victorieusement tenu tête à Tsahal…chose impensable depuis 1948.

Concernant l’assassinat d’Hariri, il est intéressant de noter le fait que l’ancienne Commission Onusienne chargée d’enquêter sur l’assassinat de Rafic Hariri (dirigée par Detlev Mehlis) s’est auto discréditée aux yeux de nombre de Libanais (pas forcément pro syriens comme on serait tentés de le croire) en semblant vouloir à tout prix accusés la Syrie et Bachar El-Assad d’être responsables de ce crime. Pourtant, en étant un peu lucide, et en connaissant les méthodes du Mossad (Voir « Histoire Secrète du Mossad » de Gordon Thomas, Eds Nouveau Monde), et sachant que la Syrie n’est globalement pas en odeur de sainteté aux yeux des Occidentaux et qu’elle souhaite s’imposer sur la scène internationale et se poser en partenaire crédible ; qui a donc le plus d’intérêt à faire tuer un homme notoirement anti-Syrien ? La Syrie qui donne ainsi les armes pour se faire battre ? Ou Israël qui cherche depuis longtemps à rayer la Syrie et l’Iran de la carte et qui obtient ainsi une situation où les Occidentaux approuveraient sa politique impérialiste contre un pays « pas fréquentable » ?...

Olivier Milza de Cadenet a dit…

Merci de vos réflexions qui rejoignent souvent les miennes, en particulier sur Israël qui doit se mordre les doigts d'avoir sponsoriser le Hamas ou sur la Syrie, cible trop facile pour être crédible dans l'affaire Hariri. Le Liban est aussi un univers féodal de luttes entre milices et factions ou certains ont d'ailleurs misé sur la Syrie et veulent désormais s'en dégager. Ne pas oublier les Occidentaux, qui ont bradé l'indépendance du pays du cèdre en 1991 en laissant a Assad (père) les mains libres au Liban contre sa neutralité dans la première Guerre du Golfe!!!Enfin le drame réside malgré tout-et sans tomber dans l'anti-islamisme-dans l'islamisation de la question palestinienne, qui conforte les faucons de Tel Aviv en marginalisant le combat pour un Etat palestinien, désormais dilué dans l'agitprop islamiste internationale.
Merci encore.
O.M.D.C.