"L'aventure, c'est le réalisme de la féerie" (ANDRE MALRAUX)

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mardi 3 avril 2007

HANNAH ARENDT; "LES ORIGINES DU TOTALITARISME".

MARCEL PROUST


DREYFUS





Guérin et Drumont, deux facettes de l'antisémitisme sous la III° République.





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HANNAH ARENDT





En 1951, Hannah Arendt (1906-1975) publie « Les origines du totalitarisme » dont « De l’antisémitisme », dont je vous présente ici la fiche de lecture critique constitue la I° partie, avant « L’Impérialisme » et « Le système totalitaire » dont les recensions viendront ultérieurement. Publié aux USA où Arendt s’est réfugiée en 1941, ce maître-livre ne fait pas grand bruit à sa sortie-tardive, 1973-en France. « Les origines… » font partie de ces ouvrages que l’on cite sans les avoir lu ou dont on extrait quelques passages pour une citation rapide. Mais l’ostracisme tranquille dont Arendt fut l’objet ressortit de causes plus précises. Pour parler clair, cette juive allemande, élève et compagne momentanée d’un Heidegger auquel elle restera attachée jusqu’à la fin de sa vie, dérange et dérangera longtemps :
-Pour puiser chez Heidegger son analyse de la toute puissance de la Technique et s’interroger sur l’avenir de la culture sans pour autant instruire ad infinitum le procès de l’auteur d « Etre et temps ».
-Pour oser montrer les responsabilités indirectes des Juifs d’Europe dans la montée de l’antisémitisme moderne.
-Pour analyser « l’antisémitisme de gauche » (titre d’une section du présent livre) à une époque où il est de bon ton-et le ton aura la vie dure-d’opposer le mal absolu de droite et la haute conscience de gauche.
-Et surtout, crime inexpiable en ces temps de guerre froide où est publié son ouvrage, d’avoir osé montrer les correspondances entre fascisme et communisme, après Beuber-Neumann (longtemps ignorée) et Vassili Grossman, inconnu jusqu’aux années 1980.
Depuis, Zeev Sternhell (pour les origines françaises du pré-fascisme et son lien avec l’extrême-gauche) et François Furet (« Le passé d’une illusion ») ont, chacun à sa manière, réactualisé une pensée que l’effondrement de l’URSS et les éclairages désormais puissants sur le totalitarisme soviétique remettent d’autant plus à l’honneur.
Rendre compte de ce livre, c’est pour moi rendre hommage aux morts innombrables d’Auschwitz et à ceux de la Kolyma en n’oubliant jamais, pour reprendre la terrible formule de François Furet : « Chez les fascistes, il y a des ennemis de race ; chez les communistes, il y a des ennemis de classe ».
DE CADENET.
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HANNAH ARENDT ; « LES ORIGINES DU TOTALITARISME » ;
I/ SUR L’ANTISEMITISME.
Il s’agit pour l’auteur d’analyser « l’histoire juive en Europe centrale et occidentale depuis l’époque des Juifs de cour jusqu’à l’affaire Dreyfus, dans la mesure où elle a joué un rôle dans la naissance de l’antisémitisme et où elle a été influencée par lui ».
-Aux XV°-XVI° siècles, au moment où la chrétienté européenne éclate en groupes ethniques différents et où émergent les états-nations, les Juifs prennent conscience de leur « différence de nature profonde » : l’antisémitisme découle de ce mécanisme d’identification.
-Cette identification s’inscrit dans une tradition historique juive : l’hostilité des non-juifs et la vision de tout conflit comme un martyrologue.
-La dissociation des chrétiens d’avec les Juifs a dominé l’historiographie et a occulté la dissociation des Juifs d’avec les chrétiens, la raison étant que la « préservation même du peuple juif, en tant qu’identité identifiable, dépendait de cette séparation voulue, et non pas, comme on l’a généralement cru, de l’hostilité des chrétiens et des non-juifs »
-Face au génocide, H.A. adopte une posture plus critique qu’émotionnelle : « Une chose me paraît évidente : il fallait non seulement se lamenter sur ces phénomènes et les dénoncer, mais aussi les expliquer ».. D’où l’étude des sources du phénomène totalitaire, au-delà de la simple haine des juifs,elle-même à l’origine de l’antisémitisme- car Arendt refuse le Juifs comme créature de l’antisémite telle que SARTRE la met en scène dans sa « Question juive »- et l’analyse de l’impérialisme qui trouve sa source en Europe dans les « mouvements annexionnistes » et se termine par un génocide, même s’il est vrai que « l’antisémitisme lui-même servait maintenant à d’autres buts qui, tout en exigeant finalement des Juifs comme victimes principales, dépassaient de loin les problèmes des juifs et des antisémites ».
I/ L’ANTISEMITISME, INSULTE AU SENS COMMUN.
-On hait le juif, non quand il a le pouvoir mais quand il le perd : quand Hitler accède au pouvoir en Allemagne, dans la France de la III° République et non dans celle du Second Empire, dans la république d’Autriche et non sous les Habsbourg (// avec les Français haïssant l’aristocratie…en 1789 comme l’observe Tocqueville dans « L’Ancien régime et la révolution »). En fait quand le lien de pouvoir entre l’oppresseur et l’opprimé n’existe plus et qu’il n’y a plus que la richesse sans le charisme.
-Pourquoi le Juif ? H.A. refuse le thème du bouc-émissaire- pourquoi ce groupe et pas un autre ?- comme celui de « l’éternel antisémitisme ». La théorie du bouc-émissaire semblait trouver sa justification dans le totalitarisme moderne dont la fonction consiste d’abord à « gouverner des masses parfaitement dociles » par la terreur. Mais à ses yeux cette théorie minimise la responsabilité des victimes elles-mêmes ; or l’antisémitisme moderne est né dans un contexte d’assimilation des communautés juives, une assimilation impliquant en particulier une laïcisation et un certain dépérissement des valeurs du judaïsme menaçant d’extinction ces communautés ; d’où l’idée que « l’antisémitisme était peut-être un excellent moyen de maintenir l’unité du peuple juif » ! Mais les Juifs connaissent mal leur passé et minimisent le danger d’un tel calcul ; « Il faut aussi se rappeler que son histoire a mal préparé le peuple juif au discernement et à la capacité politique : c’est l’histoire d’un peuple sans gouvernement, sans pays et sans langue ».
-Le concept d’éternel antisémitisme aboutit à l’idée de diminution de la responsabilité des bourreaux. Il procède d’un sophisme moderne qui gène le travail de l’historien en substituant des opinions aux faits.
-Fondamentalement, l’antisémitisme est par ailleurs concomitant à l’affaiblissement des états-nations.
II/ LES JUIFS, L’ETAT-NATION ET LA NAISSANCE DE L’ANTISEMITISME.
1.Les équivoques de l’émancipation et le banquier d’Etat juif.
-XIX° siècle, émancipation des Juifs, en France en 1791. Mais le principe d’égalité coexiste avec le maintient de privilèges, parfois étendus, pour les Juifs. Par ailleurs, l’égalité devant la loi coexiste avec de nouvelles distinctions de classes. Mais les Juifs ne forment pas une classe et se définissent socialement en tant que juifs et non par leur relation à une autre classe ; ainsi, « dans tous les cas où ils furent admis dans la société et y pénétrèrent, ils devinrent un groupe nettement défini, préservant son identité au sein de l’aristocratie ou de la bourgeoisie ».
-Les phases de l’émancipation :
1. XVII°-XVIII° : des « Juifs de cour » servent d’hommes d’affaires aux princes.
2. A partir de la révolution française, émergence des états-nations aux besoins financiers importants nécessitant d’élargir les privilèges à une large frange de Juifs fortunés.
3. Avec la montée de « l’impérialisme » au cours du XIX° siècle et l’affaiblissement de l’Etat-nation, les Juifs doivent céder leur monopole des transactions étatiques à des hommes d’affaires tournés vers l’expansion impérialiste, ce qui amène leur perte d’influence, du moins en tant que groupe si ce n’est en tant qu’individus ou familles auxquelles on peut toujours faire appel.
4. Ce déclin provoque l’essor de l’antisémitisme, c’est-à-dire la haine d’un groupe privé de tout pouvoir et la jalousie à l’égard de sa richesse inutile
-Aux XVIII et XIX° siècles, l’Etat ne peut s’appuyer sur une bourgeoisie qui privilégie l’initiative individuelle et la concurrence ; il se met alors à protéger les Juifs dans un cadre mercantiliste prolongé. Aussi, en Allemagne comme en France, les Juifs d’Etat émancipés renâclent-ils à accueillir leurs coreligionnaires orientaux car ils ne veulent pas partager leurs privilèges !! Pour H.A., les « Juifs…ne raisonnent pas en termes d’égalité des droits mais de privilèges et de libertés particulières ».
A la fin du XIX° siècle, l’essor de l’impérialisme suscite l’attrait des classes dirigeantes pour les entreprises d’Etat, provoquant le déclin de la situation des Juifs. Les citoyens s’intéressent aux entreprises d’un Etat qui les protège et souscrivent aux emprunts. Pour Arendt, le statut positif des Juifs était lié à la stabilité des états-nations et à l’équilibre des puissances. Avec la « guerre à mort » de l’époque impérialiste, ce statut s’effondre. L’effondrement de l’Europe annonce l’affaiblissement des Juifs qui en furent aussi les unificateurs.
NOTA ( MILZA DE CADENET) : Arendt reconnaît ici l’universalisme juif, en particulier culturel, depuis la Haskala (mouvement des Lumières) juive du XVIII° jusqu’ au rôle moteur des intellectuels et artistes juifs dans la culture « fin de siècle » en Europe centrale et orientale en particulier. Or, justement, le prestige des Juifs de Vienne, de Budapest et de Prague provenait de la fonction fédératrice et intégratrice du modèle multiethnique austro-hongrois, ce qui me fait dire avec KARL SCHORSKE qu’il est plus facile d’être juif à Vienne en 1894 que dans la France de l’affaire Dreyfus, pourtant modèle-type de l’état-nation jacobino-républician, ce qui infléchit quelque peu ce me semble l’argumentation d’H.A.
H.A. précise d’ailleurs : « L’un des aspects les plus émouvants de l’histoire juive demeure le fait que les Juifs prirent une part active à l’histoire européenne précisément parce qu’ils étaient un élément intereuropéen et non national, dans un monde où seules les nations existaient ou étaient sur le point de naître » ?
A cet égard, DIDEROT est un des seuls philosophes du XVIII° siècle à reconnaître un lien utile entre les Juifs et les Européens de différentes nationalités. Il rédigea sans doute l’article « Juif » de l’Encyclopédie qui déclare : « Ainsi répandus de nos jours, (les Juifs) sont devenus des instruments par le moyen desquels les nations les plus éloignées peuvent converser et correspondre ensemble. Il en est d’eux comme des chevilles et des clous qu’on emploie dans un grand édifice, et qui sont nécessaires pour en joindre toutes les parties ».
WILHELM VON HUMBOLDT pensait de son côté que les Juifs émancipés par la Révolution française allaient perdre leur universalité en devenant des Français. (NOTA-MILZA DE CADENET : à rapprocher de la « nationalisation » du sionisme dans l’expérience israélienne, « terre promise » certes, mais état-nation confronté au nationalisme et à l’impérialisme).
Les Juifs s’arrangent avec tous les pouvoirs, avec une légère préférence pour les monarchies, de peur des réactions populaires propres aux républiques. S’identifiant à l’Etat, les Juifs rentrent en conflit avec les classes qui entrent elles-mêmes en conflit avec l’Etat.
A la veille de 1914, les ROTHSCHILD forment un « lobby » européen et « La position unique des Rothschild dans le monde juif remplaçait d’une certaine façon les anciens liens traditionnels, religieux et spirituels, dont la disparition progressive, sous l’influence de la culture occidentale, menaçait pour la première fois l’existence même du peuple juif ».
D’où l’idée de « ploutocratie « juive internationale dénoncée par les mouvements antisémites et, dans le contexte de la question raciale, un peuple qui semble correspondre à l’idée même de « race » : traits de famille et liens de sang. Or, au même moment, les Juifs eux-mêmes resserrent leurs liens familiaux face à la future désintégration spirituelle et religieuse, collant de fait à l’image que les antisémites se font d’eux !! (NOTA MILZA DE CADENET : là encore, une situation récurrente ; confrontés aujourd’hui à une « promotion » par ségrégation positive des Musulmans français, nombre de Juifs français opèrent une rejudaïsation correspondant pour certains à une racisme anti-arabe ; cette radicalisation de la judéité « visibilise » plus fortement l’identité juive, provoquant en retour un rejeu de critiques à l’égard de leur communautarisme…).
Et Arendt de préciser cet engrenage de l’antisémitisme moderne : « Parce qu’ils se tenaient à distance de la société, repliés sur le cercle familial clos, ils furent constamment soupçonnés de travailler à la destruction de toutes les structures sociales ! ».
2. Les débuts de l’antisémitisme.
-Dans les pays d’Europe centrale, les Juifs forment une classe moyenne non capitaliste appartenant encore à la société féodale, d’où la volonté de les liquider.
-En Prusse, émancipation des Juifs par des réformateurs qui entendent liquider toute forme de privilège (1812). D’où réaction aristocratique contre l’Etat niveleur et essor de l’antisémitisme aristocratique, bientôt suivi de son corollaire libéral motivé quant à lui par son attachement à l’égalité des droits.
3. Les premiers partis antisémites.
-France/ Autriche/ Allemagne : scandales financiers qui ruinent les petits épargnants ; la petite bourgeoisie s’en prend au système « manchestérien » de libre-échange et aspire à l’émergence d’un « état-providence » qui leurs garantissent emplois et métiers ; à partir de là se développe un antisémitisme dirigé contre les Juifs assimilés au libéralisme débridé :
« Le mouvement de gauche, dans la petite bourgeoisie, et toute la propagande dirigée contre le capitalisme bancaire devinrent-ils plus ou moins antisémites, événement qui revêtit moins d’importance dans l’Allemagne industrielle qu’en France ou, dans une moindre mesure, en Autriche ».
-Les partis antisémites sont « au dessus » des partis, visent au contrôle de l’Etat et sont à dimension transnationale (européenne) pour lutter contre le transnationalisme juif. C’est la différence avec le socialisme qui, derrière une façade internationaliste, s’accommode en fait d’un combat à l’intérieur des états.
-Cas autrichien : Homme de gauche, SCHÖNERER développe à partir de 1880 une rhétorique antisémite qui s’élargit aux libéraux et au monde ouvrier et qui s’en prend surtout aux Rothschild, lesquels possèdent l’essentiel du réseau de chemin der fer dont Schönerer demande la nationalisation. Plus tard, il passe à une idéologie pangermaniste qui influencera Hitler et le nazisme
(cf KARL SHORSKE, « Vienne fin de siècle ; politique et culture » ; nota Milza de Cadenet). Reste qu’il s’en prend tout autant aux catholiques qu’aux juifs, à la différence de KARL LUEGER et de non parti chrétien-social, alliés aux forces les plus conservatrices. Toutefois, à la différence de Schönerer, Lueger et ses chrétiens-sociaux ne considèrent pas l’antisémitisme comme la base de leur idéologie et le passage de Lueger à la mairie de Vienne correspond à l’âge d’or des Juifs de l’empire austro-hongrois ! Par la suite, le pangermanisme austro-allemand assure la domination de la nation allemande dans une optique impérialiste, faisant de l’antisémitisme la base de son idéologie.
(NOTA MILZA DE CADENET : sur Vienne en tant que capitale de la modernité « fin de siècle » et ses débats politico-culturels, voire SCHORSKE ,op.cit et son « De Vienne et d’ailleurs. Figures culturelles de la modernité » dont j’ai rendu-compte sur le blog dans la rubrique « MITTELEUROPA »).
-Cas français : pour Arendt, l’antisémitisme issu de l’affaire Dreyfus, essentiellement politique, est inapte à ouvrir une perspective impérialiste, même dans la France de Vichy. En effet, les partis antisémites français n’ont aucune visée supranationale.
La III° République naissante souffre d’un déficit étatique du fait de la chute d’une monarchie qui incarnait l’Etat. Contrairement à l’Autriche, attaquer les Juifs ne signifie pas attaquer l’Etat
4. L’antisémitisme de gauche.
-Issu des hommes des Lumières pour qui les Juifs incarnaient les survivances médiévales et les agents financiers de l’aristocratie. De fait, ce sont des écrivains conservateurs comme JOSEPH DE MAISTRE (cf les « Nuits de Saint-Petersbourg ») qui prennent la défense des Juifs !!!
-Par la suite, les esprits les plus radicaux ou libéraux dénoncent « l’obscurantisme juif », comme CHARLES FOURIER dans le « Nouveau monde industriel et sociétaire ». Antisémitisme et anticléricalisme coexistent d’ailleurs chez ces mêmes radicaux. Arendt note que « l’antisémitisme de gauche trouve un aliment dans la politique financière des Rothschild qui financèrent largement les Bourbons, conservèrent des liens étroits avec Louis-Philippe et furent plus florissants que jamais sous Napoléon III ». Or, le socialisme français est alors de mentalité pré-capitaliste, fondé sur l’idéal de la « fédération de petits propriétaires libres » (PROUDHON), donc hostile au « grand capital », donc à la banque juive. La presse de gauche, organe de la petite bourgeoisie révolutionnaire, applaudit, dans les années 1840, à la publication du livre de TOUSSENEL, « Les Juifs, rois de l’époque ». CESARE LOMBROSO, auteur de « L’antisémitisme » en 1899, précise : « Les ouvriers croient faire œuvre révolutionnaire en préludant à l’expropriation générale des capitalistes par celle des capitalistes juifs, à leurs yeux les plus représentatifs, et dont les noms sont les plus répandus dans les masses ».
-Arendt évoque ensuite une tradition antisémite dans la littérature des années trente, du GIRAUDOUX de « Pleins pouvoirs » en 1939 au Céline de « L’école des cadavres » et de « Bagatelles pour un massacre » en 1938, bien accueillis d’ailleurs par la NRF. (Nota Milza de Cadenet : même antisémitisme latent chez GEORGES DUHAMEL, dans le « Chronique des Pasquier » à la même époque et où l’ami juif de la famille possède, éparpillés dans l’ouvrage, les traits caractéristiques du juif dans la rhétorique antisémite : cheveux gras, fourberie diffuse, teint brouillé, sans compter l’usage par l’auteur du terme récurrent d « enfant d’Israël », terme doux opérant en fait une distanciation verbale révélatrice d’une ambivalence à l’égard de la communauté juive).
-Restant à ses yeux la « nation par excellence », la France développe pour Arendt un antisémitisme « vieille France » qui tourne en rond, privé en aval d’un « parti impérialiste ».
5. l’âge d’or de la sécurité.
-Durant les 20 ans qui précèdent 1914 : déclin du politique et essor de l’économique. A partir de 1914, les massent perdent confiance dans la croissance économique fragilisée par la guerre.
-Affaiblissement de l’Etat et théâtralisation du Parlement. En Autriche, le théâtre est même plus important que le Parlement. « Le monde politique était devenu à ce point théâtral que le théâtre apparaissait comme la réalité même » (H.A.).
-Conséquence : affaiblissement de la banque juive et promotion des Juifs dans la sphère intellectuelle, en particulier en Allemagne et en Autriche. Les Juifs veulent s’assimiler, donc rompre avec la tradition. Ce faisant, ce sont eux qui représentent le mieux cette société « théâtrale » tout en suscitant la haine chez tous ceux que la société rejetait.
III/ LES JUIFS ET LA SOCIETE.
Plus l’égalité augmente plus, par un mécanisme de rapprochement des classes, les différences deviennent criantes : c’est le paradoxe de l’égalité. Cela vaut pour les Juifs qui suscitent dès lors l’attirance et le ressentiment, impliquant par là l’apparition du « type » juif.
1.Entre le paria et le parvenu.
-Le Juif émancipé, obtenant les droits civiques (comme en Prusse entre 1809 et 1811) est reconnu, mais il dit être « exceptionnel » et les Juifs dans leur ensemble demeurent des parias. En découle un repli communautaire encouragé par les notables qui vont finir par former une caste à laquelle on va assimiler tous les Juifs et dont les intellectuels vont se démarquer, d’où les écrits anti-juifs du jeune Marx. Pas d’autre alternative que « juif en général » (c’est-à-dire paria) ou juif assimilé : « Les Juifs ressentaient simultanément le regret du paria de n’être pas devenu un parvenu et la mauvaise conscience du parvenu qui a trahi son peuple et troqué l’égalité des droits contre des privilèges personnel » (H.A.). Une société décadente se mit par ailleurs à apprécier la « différence » juive assimilée à un vice (dérive exotique).
2. Le puissant magicien (Benjamin Disraeli, I° Ministre conservateur anglais en 1868).
-Magicien car ayant su utiliser sa différence (y compris physique) pour dominer les autres ou, par une forme de dandysme, transformer le « crime » d’être juif en « vice » séduisant. Mais il fallait pour cela qu’il n’ait pas trop été « judéisé » dans son éducation. De plus, au temps de Disraeli, il n’ya en Angleterre que des Juifs riches (la plupart d’origine portugaise) intégrés. Pas de masses juives pauvres avant la fin du XIX° siècle. Par conséquent, D. est hostile à l’égalitarisme et naturellement conservateur ( à l’image de BURKE). A cet égard, il est fier du rôle des Rothschild dans la chute de Napoléon.
-D. intègre l’aristocratie à partir de l’idée de sa supériorité « de sang », lui qui estime appartenir à la race élue. Pour lui, la race est la « clef de l’Histoire » !
La laïcisation des Juifs implique la sécularisation du thème messianique et de celui de l’Election qui passent de l’essence du judaïsme à celle de la judéité. Par conséquent, D. reprend les thèmes de l’antisémitisme moderne, en particulier celui des Juifs en tant que « société secrète », tant il est vrai que pour lui comme pour d’autres le jeu politique opposait différentes sociétés secrètes en tant que


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Benjamin Disraeli BENJAMIN DISRAELI (1804-1881).


puissances occultes. H.A. montre l’incroyable naïveté de D. qui l’amène à un lien entre toutes ces forces « secrètes » et les Juifs :
-« Les premiers jésuites étaient juifs : la mystérieuse diplomatie russe qui inquiète tant l’Europe occidentale est organisée et principalement dirigée par des Juifs ; cette puissante révolution qui se prépare actuellement en Allemagne, et qui sera une seconde Réforme, plus vaste que la première (…),se développe entièrement sous les auspices des Juifs » et « on trouve des hommes de race juive à la tête de chacun (des groupes socialistes et communistes). Le peuple de Dieu collabore avec des athées ; les plus habiles amasseurs de biens s’allient aux communistes, la race unique, l’élue, donne la main à la lie de la société, aux castes les plus basses d’Europe ! Et tout cela parce qu’ils veulent détruire cette ingrate chrétienté qui leur doit jusqu’à son nom et dont ils ne peuvent plus supporter la tyrannie » (BENJAMIN DISRAELI, « Lord George Bentinck », cité par H.ARENDT, « Sur l’antisémitisme », Points-Seuil pp 139-140). Et Arendt de commenter : « Dans l’imagination de Disraeli, le monde était devenu juif » et, plus prémonitoire hélas, on trouve « déjà dans cette fantasmagorie bizarre l’ingénieuse trouvaille publicitaire de Hitler : l’alliance secrète du capitalisme juif et du socialiste juif ».
-La croyance en la toute puissance des sociétés secrètes annonce les nouvelles couches sociales nées hors des cadres de la société et qui ne purent jamais vraiment en comprendre le jeu. Elles ne virent pas la distinction entre société et politique. D’où un seul et même intérêt de classe qui pensait pouvoir trouver son exutoire dans une organisation parfaitement structurée, animée par une volonté politique que l’on trouvera en France au moment de l’affaire Dreyfus et en Allemagne dans les dix années qui précèdent l’arrivée au pouvoir d’Hitler : « Finalement, ce ne fut pas sa faute (à Disraeli) si la tendance qui avait été à l’origine de sa destinée grandiose fut plus tard la cause du désastre qui frappa son peuple » (H.A.).
3. Entre le vice et le crime.
- La France et Paris : un grand XIX° siècle fondé sur les idées de la Révolution française. Puis, la lutte contre le « dégénérescence du citoyen bourgeois », l’affaire Dreyfus et la I° Guerre mondiale gagnée « grâce au recours jacobin à Clémenceau » mais déclin de la France ensuite, minée par la désintégration et l’essor d’autres pays au plan économique. Parallèle avec la République de Weimar et la I° République autrichienne, des modèles « fin de siècle ».
-« L’esprit de la révolution française a survécu de plus d’un siècle à la défaite de Napoléon (…) il a vaincu, puis s’est éteint sans que personne s’en aperçut le 11 novembre 1918. La révolution française ? Elle se déroule sans aucun doute entre 1789 et 1918 » (YVES SIMON ; « La grande crise de la république française. Observations sur la vie politique des Français de 1918 à 1938 » , 1941, p 20).
-L’antisémitisme français de l’affaire Dreyfus a été vaincu car il a été contenu dans les cadres de la vie politique intérieure et n’a pas été relayé et amplifié par un grand courant impérialiste.
-Un grand témoin pour Arendt : MARCEL PROUST : il intègre la vie sociale dans une vision intérieure renvoyée au spectateur comme un miroir. Contemporain du triomphe des valeurs bourgeoises sur celles du citoyen, Proust est lui-même un bourgeois et qui plus est porteur de deux « vices » qui s’intriquent dans leur reflet social : la judéité et l’homosexualité. Dans un monde juif déjudaïsé au plan religieux et politique, seules les caractéristiques psychologiques privées fondent la judéité et avec elle, le sentiment de fierté d’être différent.
-Complémentarité de reconnaissance : le Juif reconnaît l’aristocrate qui distingue le Juif. Par ailleurs, l’aristocrate s’entoure d’invertis et de Juifs, personnages hors du commun pour se désolidariser de l’égalitarisme républicain et de l’esprit bourgeois, d’où ce paradoxe : « L’antisémitisme qui accompagne l’affaire Dreyfus leur (les Juifs) ouvrit les portes de la société et…la fin de l’affaire, ou plutôt la découverte de l’innocence de Dreyfus, mit fin à leur succès social » (H.A.).
- Idem en Allemagne et en Autriche où la fin du succès social des Juifs débouche sur l’antisémitisme nazi ancré sur une conviction autant politique que sociale qui fait passer du philosémitisme à son contraire, c’est-à-dire un antisémitisme regroupant tous les « déclassés ».
-Tous les déclassés de la société capitaliste se trouvèrent prêts à s’unir, à créer leurs propres organisations regroupant la populace. Leur propagande et l’attrait qu’ils exerçaient reposaient sur cette idée : une société qui s’était montrée prête structurellement à accepter le crime sous la forme du vice serait bientôt prête à se laver de son vice en accueillant ouvertement des criminels et en commettant publiquement des crimes » (H.A.).
IV/ L’AFFAIRE DREYFUS.
1.La III° République et les Juifs français.
-Le jugement de culpabilité de Dreyfus provoque la condamnation de la France en Russie, en Allemagne (où le chargé d’affaires allemand à Paris, H. Bernhard von Bülow déclare que le « jugement de rennes est un mélange de brutalité et de lâcheté, indice certain de barbarie »-1899) et aux Etats-Unis où on entame même une campagne de boycott de l’exposition universelle de 1900 !
La pérennité de l’affaire D. dans la vie politique française s’explique par deux facteurs : la haine des Juifs et la méfiance à l’égard de la République, du Parlement et de l’appareil d’Etat. Cet antirépublicanisme entraîne la chute du régime en 1940 et l’ascension de Pétain qui symbolise aussi la revanche des antidreyfusards, un Pétain qui, de 1895 à 1899, faisait parti de l’état-major du gouverneur militaire de Paris, repaire d’antidreyfusards. Pour Arendt, on a là un avant-goût du nazisme. A ses yeux, l’affaire D. n’est pas une simple affaire judiciaire mais une affaire politique dont le héros est Clémenceau et qui commence avec l’affaire de Panama.
-Entre 1880 et 1888, la Cie de Panama a obtenu, grâce au soutient parlementaire, près de 1,5 milliards de francs se souscriptions. Mais pour cela, il avait fallu corrompre la presse et la moitié du Parlement. La chute de la Cie entraîne en 1889 la ruine de un demi million de souscripteurs.
A la Chambre, Jacques REINACH et Cornelius HERZ distribuent les pots de vin, le premier à l’aile droite des partis bourgeois, le second aux radicaux. Le second s’enrichit en faisant chanter le premier qui finit par se suicider. Mais avant, il avait donné à la « Libre parole » de Drumont la liste des parlementaires soudoyés (les « chéquards ») à condition d’avoir l’impunité. D’où la force de Drumont et de la presse antisémite au début de la III° République.
-Conséquences : affaiblissement de l’autorité de l’Etat et de la société juive. Hannah Arendt montre plus largement combien cette république, née de la mort de 2000 communards et d’une défaite militaire, reposait sur des bases fragiles et cherchait sans cesse un sauveur autoritaire (MAC MAHON jusqu’en 1879, BOULANGER un peu plus tard…). De leur côté, les Juifs se divisent en clans rivaux et aident la société à s’enrichir aux dépens de l’Etat.
2. L’armée et le clergé contre la république.
-Influence des Jésuites et renforcement de l’antisémitisme (H.A rappelle le règlement de 1593 qui exclue de l’ordre les chrétiens d’ascendance juive (5° génération). Cela explique l’hostilité des Jésuites à l’entrée des Juifs dans l’armée. Or les hommes comme Dreyfus entendent pénétrer l’institution militaire et intégrer une aristocratie dont ils partagent souvent l’antisémitisme, notamment à l’égard des « pollacks » de Galicie récemment naturalisés et la « juiverie trafiquante » (ANDRE FOUCAULT ; « Un nouvel aspect de l’affaire Dreyfus », 1938). Pour Arendt, l’antisémitisme des Jésuites devient une pensée politique avant Hitler.
-Les socialistes et Dreyfus : JAURES s’en prend à la banque juive et reçoit les félicitations de …DRUMONT ! En Allemagne, de social-démocrate WILHELM LIEBKNECHT croit toujours à la culpabilité de Dreyfus en 1897 car il ne peut imaginer qu’un grand bourgeois soit victime d’une erreur judiciaire !!
-A noter que les jésuites entendaient prendre part à la gestion politique du pays, d’où leur conflit avec les Juifs.
NOTA MILZA DE CADENET : on aura noter le parallélisme tragique entre le mauvais accueil réservé par les Juifs français aux Juifs d’Europe orientale en ce début de la III° République, et le rejeu de cette attitude dans les années trente, au moment où arrivent en France de nombreux Juifs de même provenance, chassés par l’antisémitisme est-européen renforcé par le nazisme. Leur « visibilité » religieuse (longs caftans, phylactères, rouleaux de prières, culture yiddish) provoquent la réaction critique de leurs coreligionnaires français, intégrés de longue date et craignant une remontée de l’hostilité à l’égard d’un judaïsme trop voyant. On sait que l’ extrême-droite, mais aussi un parti communiste cherchant à s’enraciner par un patriotisme populaire, nourriront à des degrés divers, cette xénophobie et cet antisémitisme. Sur ce sujet, voir OLIVIER MILZA ; « Immigration et politique en France », Complexe, 1985).
3.Le peuple et la populace.
-fait selon Arendt des Juifs le bouc-émissaire de tous ses maux, renforçant l’idée de conspiration juive internationale, à l’image de ce que l’on soupçonne des Rose-Croix ou des Francs-maçons. La république a créé une classe de déclassés et a finit par adopter leur rhétorique. Véritable chasse aux dreyfusards dans différentes villes de France et soutient de la « haute société » à JULES GUERIN, fondateur de la « Ligue antisémite ». « La populace devient l’agent direct de ce nationalisme « concret » prôné par Barrès, Maurras et Daudet » , « des hommes qui méprisaient le peuple et se dégageaient à peine du culte épuisant et décadent de l’esthétisme, virent dans cette populace l’image vivante d’une « force » virile et primitive. Ce sont eux et leurs théories qui, pour la première fois, assimilèrent la populace au peuple, et transformèrent les chefs de celle-ci en héros nationaux. Leur philosophie du pessimisme et leur délectation devant un monde condamné furent les premiers signes de l’effondrement imminent de l’intelligentsia européenne ». (H.A.).
-De leur côté, les socialistes ont eu tendance à considérer Dreyfus comme un « ennemi de classe » et c’est le mérite de Zola de se dresser contre la populace avec son « J’accuse ». Mais le plus saisissant est que « toute la vie politique française, durant la crise dreyfusienne, se déroula hors du parlement » (H.A.). En 1899, DEROULEDE songeait à un coup d’Etat.
4. Les Juifs et les Dreyfusards.
-BERNARD LAZARE dénonce les Juifs émancipés, chauvins et peu solidaires. Surtout, un juridisme qui les détourne de toute analyse politique de l’affaire et leur bouche les yeux, les amenant à transférer sur les « Ostjuden » (Juifs de l’Est) – cf supra- l’opprobre qui pesait sur eux avant l’émancipation. D’où, pas ou peu de Juifs dans le combat politique pour Dreyfus. En demandant sa grâce et en refusant un autre procès, Dreyfus et sa famille refusent eux-mêmes le combat politique.
-La grâce de Dreyfus, c’est l’expo universelle de 1900 qui l’obtient, par la peur du boycott. En découle une sorte de fraternisation qui permet à des socialistes de rentrer au gouvernement. Mais l’absence de révision du procès signifie la défaite des Dreyfusards (Clémenceau, Zola…).Avec la séparation de l’Eglise et de l’Etat (1905), c’est la fin de l’influence politique des catholiques en France. Aux Juifs, il ne reste que le sionisme pour combattre l’antisémitisme.
FIN


ANNEXES.
-Chronologie des débuts de la III° République.

1871 : En février, les Français élisent une écrasante majorité de députés monarchistes.
1873 : Chute de THIERS.
1874 : Paul Leroy-Beaulieu publie « De la colonisation chez les peuples modernes ».
1875 : Vote des lois organiques mettant en place une République à exécutif fort.
1879 (octobre) :création du Parti des Ouvriers Socialistes de France.
1880 : création de la revue catholique « La Croix ».
1881 : Exposition universelle. Elections législatives donnant aux républicains « opportunistes » 451 sièges à l’Assemblée contre 90 aux « conservateurs ».
Juin-juillet : droit de réunion et liberté de la Presse.
Gambetta crée le Ministère de l’Agriculture.
12 mai : traité du Bardo (Tunisie).
1882 : Krach de l’Union Générale.
Election des maires par les conseils municipaux.
Fondation de la Ligue des Patriotes de Paul Déroulède et de la Ligue de l’Enseignement de Jean Macé. Fondation du Parti ouvrier français de JULES GUESDE.
1883 : « La Croix », devenu quotidien, atteindra les 130 000 exemplaires en 1889. Auguste CHIRAC publie le brûlot antisémite, « Les rois de la République ».
1884 : Loi Waldeck-Rousseau sur la liberté syndicale ( 21 mars).
1885 (1/06) : Funérailles de Victor Hugo.
Mars : Chute du cabinet FERRY sur la question du Tonkin.
1886 (30/10) : Grande loi organique sur la laïcisation des personnels des écoles publiques.
En janvier, le général BOULANGER devient Ministre de la Guerre.
EDOUARD DRUMONT publie La France juive.
Emeutes aux mines de Decazeville.
1887 : le 2 décembre, le Président de la République JULES GREVY démissionne après le « scandale des décorations ». La Ligue des Patriotes revendique 200 000 adhérents, surtout à Paris, Lyon et Marseille.
1889 : Scandale de Panama. Achèvement de la Tour Eiffel le 31 mars. En septembre-octobre, les boulangistes n’obtiennent que 42 sièges aux élections législatives. Gros succès théâtral du « Shylock » d’Edmond Haraucourt.
1888 : PIERRE AZARIA fonde la Compagnie générale d’Electricité.
1891 : la troupe tire sur les grévistes à Fourmies.
1892 : tarif MELINE.
1893 (20/03) :création du Ministère des colonies.
1893 (9/12) :attentat de Vaillant au Palais Bourbon.
Création de l’Union Nationale, ligue catholique et nationaliste.
1894 : assassinat de SADI-CARNOT par l’anarchiste italien CASERIO et attentat d’Emile Henry à la gare Saint-Lazare. DREYFUS est condamné au bagne à vie (22 décembre). EDOUARD DRUMOND et le marquis de MORES fondent la Jeunesse antisémite et nationaliste.
1895 : Création de la C.G.T.
1896 : Nicolas II à Paris. Long cabinet MELINE jusqu’en 1898.
1897 : Félix FAURE et Nicolas II signent l’alliance franco-russe. Fondation de la Ligue antisémitique française par JULES GUERIN.BARRES publie Les Déracinés, salués par Maurras.
1898 : Incident franco-britannique à FACHODA, au Soudan. ZOLA publie son J’accuse dans le journal L’Aurore. JULES GUERIN crée en avril « L’anti-Juif » et en mai, les droites radicales obtiennent une grande victoire aux législatives qui permet la constitution à la Chambre des députés d’un groupe se réclamant de l’antisémitisme. Août : suicide du lieutenant-colonel HENRY. Octobre : début du processus de révision du procès DREYFUS. Décembre : reconstitution de la Ligue des Patriotes et naissance de la Ligue de la Patrie Française, en réponse au Manifeste des Intellectuels favorable à Dreyfus. On y trouve des personnalités des Lettres et des Arts comme les peintres DEGAS et RENOIR, des écrivains ou poètes (J.M de HEREDIA, JULES VERNE, PAUL BOURGET, MAURICE BARRES), un musicien, VINCENT D’INDY. La ligue est bien implantée dans une trentaine de départements. Elle aura 500 000 adhérents en 1900 et s’appuie sur une presse capable de toucher environ 2 millions de lecteurs.
-MAURICE PUJO et HENRI VAUGEOIS fondent un Comité d’Action française.
1899 : Création de l’usine RENAULT. En juin, fondation de l’ACTION FRANCAISE, mouvement et revue. En août, échec de la tentative de coup d’état de Paul Déroulède, l’armée refusant, lors des obsèques de Félix Faure, de se rallier aux factieux. Sursaut républicain du cabinet Waldeck-Rousseau et du préfet Lépine.
1900 : Exposition universelle.
1901 : Naissance du parti radical.
1903 : Drumond préside la Fédération nationale antijuive.
1904 : Jaurès fonde L’Humanité.
1905 ( 9 décembre) :Loi de Séparation de l’Eglise et de l’Etat.
Création de la S.F.I.O.
Renvoi de DELCASSE, ministre des Affaires Etrangères depuis 1898.
Création officielle de la Ligue d’Action française.
1906 : Charte d’Amiens(C.G.T.). Réhabilitation de DREYFUS.
1908 : La Revue d’Action française devient l’ACTION FRANCAISE, journal quotidien.
1910 : Condamnation du SILLON de MARC SANGNIER par le pape Pie X.
1911 : Crise d’AGADIR.
1912 : Démission du gouvernement CAILLAUX.
1913 : janvier : élection de POINCARE à la présidence de la République.
Juillet : loi portant le service militaire à 3 ans.





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