"L'aventure, c'est le réalisme de la féerie" (ANDRE MALRAUX)

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mercredi 21 octobre 2009

"MADEMOISELLE CHAMBON": LE METIER DE VIVRE.


C’est en quelque sorte l’amour nu, « l’amour fou » de Breton et le cœur absolu, mais aussi un amour « au monde » sanglé dans les contraintes sociales et parmi elles, la première et la plus redoutable : l’appartenance à l’univers des « gens de peu » chers à Pierre Sansot. Dès le premier plan-séquence –presque un tableau-un décor paisible mais aussi « inquiet », presque « tremblé » est dressé : un couple tranquille confronté à une difficulté grammaticale et chez ces « gens là », on est pas familier de ces « choses là » ; Elle en plaisante, Lui semble plus tendu, plus remis en question : il n’est que maçon, il n’a pas fait d’études mais Il est aussi le Père et il faut répondre à l’enfant. Stéphane Brizé pose ici la question du langage, de la culture, cette barrière que Vincent Lindon devra dépasser pour rejoindre Sandrine Kiberlain. Il passera finalement par une autre route : celle de la musique dans une scène sublime ou Elle (l’autre) franchit avec une petite souffrance les barrières mystérieuses d’un passé demeuré inconnu et prend le violon comme on prend le visage d’un amant. Tout est dit, tout est joué. Stéphane Brizé n’a pas choisi au hasard la profession de son « héroïne » : institutrice. Elle détient, malgré son silence intime, l’arme du langage dans l’ordre de sa profession. Pourtant, quand Lindon apparaît un jour dans sa classe et raconte, à la lisière des mots et d’un suggéré de tout le corps, la passion tranquille de son métier, Elle est bouleversée : quelque chose se passe devant elle, imprévisible, inattendu et non seulement pour elle mais pour les enfants : la rencontre d’un corps et d’autres corps, une transmission à la lisière des mots. Elle tombe amoureuse dans ce vide soudain rempli d’une immense présence. Plus tard, Il lui demande des CD pour réécouter cette pièce de violon qui le bouleversa, le mit à nu mais le dérangea sans le déranger : il se fout des interprétations « de référence » ; il a été touché au corps. Elle demeure pour sa part incrédule, lui propose une version classique mais un peu plus tard, Il lui répond qu’il a aimé « sa » version. Il l’a aimé dans ce moment encore une fois magnifique et « tremblé » oui elle s’est transmise à travers la musique. Tout est dit, les « jeux » sont faits. Suit l’histoire de deux impossibilités, de deux impuissances passionnées et nous voilà face au grand choix, non pas partir ou rester, mais Etre dans deux modalités contradictoires de l’Etre. Après un autre plan-séquence « flottant » et tendu –la scène de la voiture ou la camera, placée de manière à « être » l’amant, transcrit littéralement son attente, l’espérance, le désir et la honte (à nouveau tout est joué)- ils feront l’amour en clair-obscur, dans tous les clairs-obscurs… « Ne dis pas ça si tu ne le fais pas » : il faudrait ne jamais dire et que tout se fasse. C’est compter sans la part de l’homme, trébuchante et sublime. « Mademoiselle Chambon » -le « poids » de cette expression, c’est toute la belle pesanteur des choses et des mots, à dépasser, indépassable- « Mademoiselle Chambon" n’est pas un film sur l’amour : c’est un film sur notre éternelle condition d’Etre et ce difficile "Métier de vivre" dont parle Cesar Pavese.


A propos de "Mademoiselle Chambon" de Stéphane BRIZE, 2009. (D'après le roman d'Eric HOLDER).

2 commentaires:

Alysse a dit…

pardon mais son nom c'est Stephan BRIZE

Olivier Milza de Cadenet a dit…

Merci! Un nom prédestiné pour ce film!! Je corrige...