Dieu est parmi les hommes.
Plus ou moins embarqués
engoncés
des sièges de toile verte si stupidement neufs qu’on dirait du skaï
et la voix électronique égrène de très vieux noms, Tolbiac, Patay, Lachambaudie…
une petite fille studieuse, droite, un peu lumineuse- une leçon de piano ?-au milieu de
ces femmes sans âge aux cheveux teints, seules et leurs vagues amis,
quelques jeunesses transportées d’une industrie de vivre à une autre industrie de vivre,
des Noirs, debout, sentinelles de leurs négritudes pâlissantes
et partout du verre, du métal,
l’ordre précis du transport, au loin des cheminées qui fument
un ciel très bleu et puis…Lui.
Lui ; d’abord la forteresse de ses sacs puis sa voix,
un accent du Sud, des mots précis mais
la parole gicle comme une folie construite, un mécanisme déchiré
les traces d’une raison acquise mais qui vacille :
-« La police, l’Université, les petits Arabes menteurs »
un peu au bord de la haine mais
le chant de sa voix toujours comme une houle triste repart
à partir du visage de ce qui fut un homme beau mais déchu ou pire,
tout au bord du déchoir, ces naufrages à l’horizon proche des vagues frémissantes d’une vie
et les passagers, muets, sourient ou se détournent quand
si soudainement – fut-ce en passant la Seine ?- son visage se fige
l’ironie du sourire retombe et ses yeux noirs me fixent et il dit :
-« Dieu est parmi les hommes ».
-Dieu est parmi les hommes-
et tu ne bouges plus pauvre messie de paille grise
-Dieu est parmi les hommes- auras-tu mesuré soudain
l’insoutenable scandale rouge de ton finir, là,
dans ce bus ou chacun s’est lové dans ses certitudes acquises
c’est étrange de vouloir pour la première fois
se lever et puis prendre un homme dans ses bras,
car Dieu est dans ton regard ou j’aperçois
le défi et la haine submergés par la peur
car c’est ta mort aussi que nos regards ont vu mais
nous ne nous reverrons plus et tu ne sauras pas que
c’est par Dieu, lointain, mais qui est parmi toi
que j’aime tous les hommes et Lui à travers toi
et que par toi je vis et que par Nous je dure.
2 commentaires:
l'une des photos de Don McCullin que je préfère... mon photographe de prédilection en fait.
excellent choix pour votre poême.
un autre... (poête à vous en croire)
Allô Olivier,
On se connaît, j'étais une amie de ton père: 1973 ou 1974, en tout cas une année avant la naissance d'Adélaide. Dîner et soirée sur l'île de la Cité, assis à la pointe. Te souviens-tu? Je ne savais pas encore que c'était le chant du cygne, mais c'était bien. Devenant grand-père il a trouvé une "excuse" pour me larguer. Alors que je l'ai aimé à un crever.
Tu m'étonnes avec tes poèmes, je les aime beaucoup. Inédits, inattendus,surtout de toi. Si j'étais ta famille je dirais que je suis absolument fière de toi. Continue mon gars! Je me souviendrai toujours de notre soirée... et je t'aime bien.
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