ELOGE DES FRONTIERES.
Elargissements
de l’Europe, effondrement du bloc communiste et, plus proche encore,
soulèvements du monde arabe, tout semble concourir à un dépassement des
frontières traditionnelles, sans compter la « mondialisation »,censée transcender,
économiquement et socialement, toute frontière. Et pourtant ! Voici sous nos
yeux européens à peine décillés de notre émerveillement, des murs identitaires se substituer au «
Mur de Berlin » et des revendications nationalistes refleurir de Varsovie à
Belgrade. Tandis-que « l’Empire américain » part à la recherche d’une nouvelle
« fronteer », l’Empire national-autoritaire russe tente de verrouiller au Sud
et au Sud-est ce qu’il n’a pas pu conserver à l’Ouest. Au Pro-Orient, un mur
sépare Israéliens et Palestiniens et d’étranges tunnels tentent de contourner
la frontière entre Gaza et l’Egypte…Qu’est-ce à dire ? A dire en effet, car la
frontière n’existe jamais en soi ; c’est l’homme qui nomme
« frontières » les limites qu’il s’assigne à lui-même et aux autres,
par cet « arbitraire narratif »
dont parle JEAN-PIERRE FAYE (« La
frontière. Sarajevo en archipel »).
Repli frileux, régression nationaliste, voire « racialiste » : la
frontière peut-être tout cela aussi. Mais il faut je crois tenir compte d’un
facteur ancien que nous avons, dans notre « ubris » globalisatrice, oublié : toute civilisation participe d’abord d’une
« frontière »comme condition de la connaissance de l’Autre, comme condition de
la co-naissance. Pas de grande civilisation sans ce que je nommerai une clôture identifiante, identification de
soi, de l’autre, puis d’un « nous », même au prix du conflit, du polemos, condition de l’émergence d’une
civilisation.
Grecs
et Perses, Bysantins et arabes, catholiques et protestants dans l’Europe du
XVI°-XVII° siècles, expérience austro-hongroise, etc. Pas de civilisations
disais-je, mais en fait pas d’Histoire même, sans frontières.(TOYNBEE). Non pas les frontières
rigides, « naturelles »ou nationales, les frontières comme barrières
infranchissables, mais les frontières de contact, de confrontation,
d’identification : la frontière comme lisière civilisationnelle. Poser la
question des frontières, c’est poser plus largement une question d’actualité :
celle des « métissages ».Les
cultures, en se mélangeant, gagnent-elles du sens ou perdent-elles tout sens ?
Faut-il souhaiter un « Etat mondial
»devenu « village planétaire »,au
risque d’une reductio ad absurdum de toute culture ? Ou bien n’est-il pas
préférable de méditer l’expérience austro-hongroise (1867-1918), celle d’un état multiethnique et multinational où
Juifs, Tchèques, Hongrois et Slaves coexistaient à l’intérieur de
frontières-lisières assumées et d’une autorité centrale culturellement libérale
? ( Le monde danubien cher à CLAUDIO
MAGRIS). C’est à une revisitation de cette frontière comme condition de la
civilisation que nous convions ici, à travers des exemples tirés de l’Histoire
ancienne et contemporaine et d’aires culturelles ou « d’économies-monde » (BRAUDEL) occidentales et orientales.
Plan de la conférence :
I/
FRONTIERE COMME
1. La
frontière comme condition de la co-naissance.
2. La
frontière comme identification.
3. Frontières
et lisières.
4. L’expérience
des limites.
II/ FRONTIERE ET IDENTITE.
A.
La frontière comme condition de la civilisation.
1.Grecs et Perses : Alexandre et le syncrétisme des contacts.
2. Empires et civilisations : la frontière comme
« polemos »( Chine, Arabies, Occident).
3. Le grand « limes » franco-allemand.
B.
La frontière comme seuil et comme contact.
1. Des frontières de contact : le cas austro-hongrois.
2. Frontière intérieure et volontarisme collectif : le cas
Russe/ soviétique/ russe.
2. Frontière intérieure et volontarisme collectif : la
« fronteer » américaine.
C.
Europa.
1. L’Europe des « nations ».
2. De l’Europe des totalitarismes à l’Europe des réglementations.
3. UE : élargissement sans culture commune. Le risque des
replis identitaires.
Conférence de 10 pages plus index des noms cités, bibliographie et filmographie: 40 EUROS.
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