"L'aventure, c'est le réalisme de la féerie" (ANDRE MALRAUX)

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lundi 16 mai 2011

L'Homme tombé.



C'est difficile de voir un homme tomber. L'image, pourtant lointaine, légèrement altérée par le léger flouté de la retransmission, n'en apparaît que plus terrible, à la fois surréaliste et hyperréaliste. Le regard, déjà presque absent, balance entre courage et abandon. Dos voûté, affaissement de tout le corps, paroles muettes aux avocats, tendus, et ces yeux épuisés fixant ces caméras qu'on n'évitera plus, alors...Dans le regard de cet homme, on voit soudain passer le temps, rétrospective de toute une vie comme on dit qu'au moment de la mort chacun, paraît-il, revoit en accéléré le film de son existence. Il y a le creusement des traits, l'affaissement des chairs, tout le travail de la Chute. Il y a la solitude de l'Homme quand il affronte la machinerie toujours un peu kafkaïenne de la Justice, une solitude absolue qu'attise encore, paradoxalement, la présence de la foule médiatique. Pas encore coupable, il est déjà l'image du coupable.
Je revois Lee Harvey Oswald sortant de son premier intérrogatoire à Dallas, quelques instancts avant son assassinat par Jack Ruby: menottes aux poignets, entouré de deux "marshalls", les flashs des photographes...Les mêmes images ce soir, veste mal enfilée, le col de la chemise qui rebique, un homme qu'on traîne, une proie...Etrange symétrie des crimes potentiels: si ce "prévenu", traité déjà en criminel, a commis un viol, ou une tentative de viol, voilà que déjà, sans qu'un procès ait eu lieu encore, un autre viol nous est infligé, en direct: un viol légal, un lynchage. Certaines démocraties, par ailleurs admirables, recèlent toutefois en elles des remugles de Talion. Et comme nos temps "modernes" restent, par bien des aspects, proches des temps barbares, voici un homme dans sa petitesse et sa grandeur, dans ce que son Etre conserve- en deçà ou au-delà des faits-de génie et de fragilité, un homme, rien qu'un homme, tout un homme. L'un des nôtres, quoiqu'il arrive. Ecce homo!
Les images de ce soir évoquent pour moi le dernier autoportrait de Rembrandt: droitement, sans concession, le maître d'Amsterdam se complaît à transmettre à la toile la disgrâce de l'âge, les atteintes d'une vie gourmande, jouisseuse, une vie d'excès, excès de plaisir et de beauté, excès d'intelligence et de petits calculs, une vie à l'ombre du mal mais qui se veut, aux derniers jours, dans le défi de la grâce maintenue, une vie sublime et misérable sous le regard de Dieu.

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