"L'aventure, c'est le réalisme de la féerie" (ANDRE MALRAUX)

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lundi 17 septembre 2012

GROUPUSCULES ET COLLABORATIONS.


GROUPUSCULES ET COLLABORATIONS.

Aux intellectuels qui, comme Stefan Zweig, s’inquiétaient de la montée des groupuscules nazis dans l’Allemagne des années 1920, à ceux qui, comme Bernard Kouchner, attiraient l’attention dans les années 1970 sur la poignée de « Khmers rouges » se tenant en embuscade au Cambodge, à ceux encore qui pointaient du doigt la poignée de mollahs regroupés derrière Khomeiny dans son exil français de cette même décennie 1970, on répondait par l’argument éculé de la « minorité » qu’il ne fallait pas confondre, etc, etc…On connaît les suites. J’ajoute que depuis 1917, on sait comment des nids d’activistes, cimentés par une idéologie en béton et une propagande en acier, ramifiés internationalement, sont capables d’imposer une « révolution » à un pays tout entier, voire davantage !

La manifestation de dimanche est historique ; non par sa nature – on en connut de semblables à Paris au moment de l’affaire des caricatures du Prophète Mahomet- mais par sa proximité des « lieux de pouvoir » de la République. Planifiée, organisée, elle sera dispersée. Trop tard. Son objectif n’était pas l’action, mais l’image. La base même de toute « agit-prop » révolutionnaire. Elle m’amène aux commentaires suivants :

1.Toute manifestation non interdite…est autorisée, du moins aux yeux de ses organisateurs. Qu’un groupuscule de jeunes arabes des banlieues, instrumentalisé par une poignée de salafistes, aient pu se réunir en de tels lieux pose le problème global de l’attitude de l’Etat à l’égard d’une manifestation religieuse au cœur d’une république laïque. Insultés, moqués, caricaturés, les Juifs de France, les catholiques ou les protestants de France pourront répliqués par la voie de leurs représentants légaux, par la presse ou encore par des interventions individuelles subjectives…Et qu’on ne m’oppose pas le grand rassemblement de Versailles pour la défense de l’Ecole Libre sous Mitterrand : il s’agissait justement d’une manifestation politique concernant la question scolaire. Elle ne remettait pas en cause le Loi de 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat et ne revenait aucunement sur la séparation, plus fondamentale, entre sphère publique et sphère privée, pour tout ce qui concerne la place du religieux dans la vie des gens.

2.Car c’est bien de cela qu’il s’agit. « Haskala », ou mouvement des « Lumières juives » dans l’Europe du XVIII° siècle, découplage protestant, depuis le XVI° siècle, entre citoyenneté et religiosité, « Vatican II » pour les catholiques –et sans parler d’un bouddhisme strictement circonscrit à la sphère privée pour les Asiatiques de France-, toutes les communautés religieuses ont effectué leur « aggiornamento » sociétal. Toutes sauf une. L’Islam, qu’il soit « de France » -alors d’ailleurs qu’il ne devrait être que « en France »- ou d’ailleurs, n’a pas varié d’un iota. Religion de masse,elle repose sur un texte considéré comme intemporel et définitif ; incluant un droit religieux communautaire, elle dénie à l’individu toute autonomie. L’Etat est musulman ou n’est pas. Le mot « laïc » n’existe pas en arabe, sauf au prix de périphrases alambiquées. Comme l’a montré Bernard Lewis en son temps, l’Islam a zappé l’humanisme du XVI° siècle et le mouvement des Lumières. La liberté d’expression n’existe pas. Religion ontologiquement intolérante, elle fait perdurer une séparation spatiale entre musulmans et non-musulmans, tentant – hélas avec succès sous nos latitudes « différentialistes »- de masquer sa stigmatisation originelle du « Dar-al-harb » (le monde non musulman) par la dénonciation par retournement, de nos supposées stigmatisations.

3.La réaction de l’actuel gouvernement, mais aussi de celui des Etats-Unis est grave : elle établit, une fois de plus, une stricte symétrie, entre 30 années de terrorisme sanguinaire, d’égorgements en direct, d’assassinats ciblés ,etc., et un navet provocateur ! Ces réactions, en forme de reconnaissance, sont justement la victoire des islamistes radicaux qui n’en attendent pas d’autres pour le moment. La manifestation de dimanche montre encore –s’il fallait une preuve supplémentaire- l’aspect mondialisé du fascislamisme, puisqu’autant un événement médiatique né aux USA connaît sa réplique méthodique un peu partout dans le monde et jusqu’aux portes de l’Elysée. Quant à la réaction du Recteur de la Mosquée de Paris, elle demeure identique à toutes ses réactions précédentes : défausse et ambigüité. Avec, cette fois-ci, des propos plus inquiétants sur ces « jeunes radicaux avec lesquels il va falloir compter » (sic !). Pour ce qui est, enfin, de la « grande majorité des musulmans qui… », bla-bla-bla, nous attendons toujours leur manifestation massive de la condamnation des « poignées de radicaux ».

4.Nous n’avons pas pris garde que l’islamisme mondialisé est un enfant de la fin de la Guerre Froide. Nourri d’une ecclésiologie musulmane ancienne, mais aussi des rancœurs issues de l’échec des grands nationalismes arabes. Du communisme, il a repris l’eschatologie révolutionnaire, les techniques de propagande et d’épuration, l’impératif de massification, sans parler de la haine de l’Occident, « infidèle » hier au « paradis socialiste », aujourd’hui à celui d’Allah. Un axe « rouge-vert » se constitue, en particulier en Europe, depuis 20 ans, rassemblant les nostalgiques du communisme et les activistes islamistes qui ont su, génialement, exploiter les passions, hier « tiers-mondistes », aujourd’hui « altermondialistes » de gauches socialistes jamais vraiment remises de l’échec des révolutions. On a vu d’ailleurs il y a quelque temps, à La Bastille, quels drapeaux célébraient la victoire de François Hollande ! Lobotomisés par leurs hochets technologiques, mais aussi par la « Crise » économique dont nous nous servons comme paravent pour masquer, à nos propres yeux, aveuglés par le « paradis des pixels » , la véritable crise, celle de la conscience occidentale, minée par des culpabilités obsessionnelles, une haine de soi transcendée en amour absolu d’un « autre » considéré comme « forcément sublime », l’Occident d’aujourd’hui, comme celui des années 1930, se vautre dans un pacifisme militant ou, ce qui revient au même, une religion de l’écologie. Nous risquons toutefois de mourir plusieurs fois d’un conflit violent que d’autres ne craignent pas, avant de mourir du réchauffement climatique.

Nous sommes en guerre. Depuis assez longtemps. Nos soldats le savent, ils combattent et ils meurent. Courageuse mais si petite avant-garde ! Las, nous préférons nous retirer des fronts où d’autres avant-gardes avancent, sans plier, tant la « doctrine Maginot » a bien vite repris du service en France. Pire, nous collaborons avec nos ennemis, tant ils nous fascinent, tant leur « armée de réserve » s’avère nécessaire à la gauche, privée de son « avant-garde prolétarienne » disparue dans les affres du monde post-industriel . Or, par malheur, nous sommes dirigés par un homme tout droit sorti des petites philosophies flatulentes de la III° République. Il nous faudrait un de Gaulle, un Churchill et nous n’avons qu’un Hollande. Il nous faudrait un résistant, nous n’avons qu’un collaborateur.

1 commentaire:

Patrick a dit…

En lisant votre article je me pensais sur le site du groupuscule d'extrême droite Riposte Laïque: même façon méprisante d'essentialiser une religion et ses pratiquants, même usage sélectif du concept de laïcité.
J'ai ensuite compris pourquoi vous aviez eu la légion d'honneur, bravo à vous et un peu de patience : à la prochaine alternance vous aurez sans doute un poste de ministre !