Certains films-les plus grands-font sentir leur puissance et leur grâce dès le premier plan. Tel est le cas de "My Childness", premier volet de la trilogie, inédite en France, du cinéaste britannique BILL DOUGLAS. Cités ouvrières alignées sous le ciel bas des confins d’Édimbourg, plans fixes d'une force que je ne connaissais que chez Tarkovsky, huit-clos dignes d'une tragédie grecque à mi chemin de "Billy Elliot" et de "Kess", le premier film de Ken Loach, on pourrait s'inquiéter d'un dispositif souvent convoqué au service de démonstrations larmoyantes. Mais Douglas subvertit le film de genre en usant de deux modes de narration qui propulsent ses films au rang de "classiques":
-la dimension poétique de toute souffrance au temps des enfances et des adolescences initiatiques;
-la dimension historique et littéraire, plus que politique, dans le recours aux allusions dickensiennes récurrentes ("Oliver Twist", "David Copperfield" et plus encore "Les grandes espérances" du grand Charles). Ces glissements subtils installent l'histoire de Jamie dans la continuité de l'Histoire sociale britannique.
A cette échelle, la subtile allusion au destin d'un autre enfant "bâtard" devenu une légende - T.E.LAWRENCE-, le Lawrence de "La Matrice" plus que celui des " Sept Piliers de la Sagesse"-enracine, dans le dernier volet de la trilogie -"My Way Home", tourné dans une Egypte crépusculaire, l'oeuvre de Douglas dans l'histoire contemporaine du Royaume-Uni et celle de ses représentations.
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