"L'aventure, c'est le réalisme de la féerie" (ANDRE MALRAUX)

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vendredi 28 février 2014

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GRANDE GUERRE

14-18, creuset de l'industrie française


Fabrication d'hélices d'avion, à Paris, dans le 15 - sup - e - /sup - arrondissement.
JACQUES BOYER/ROGER-VIOLLET
Les commandes de l'armée sont à l'origine des profits, de l'innovation et desinvestissements qui feront la force des grandes entreprises pendant un siècle

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MODERNISATION
Août 1914 L'invasion, par l'Allemagne, de treize départements prive la production française de 74 % de sa houille, 81 % de sa fonte et 63 % de son acier.
1919 Création des Lignes aériennes Latécoère.
1919 Production d'automobiles en grande série, lancée par André Citroën.
1921 Fusion de la Sociétéélectrométallurgique française avec la Compagnie deproduits chimiques d'Alais et de la Camargue pour créer la Compagnie de produits chimiques d'Alès, Froges et Camargue, rebaptisée Pechiney en 1950.
1926 Quelque 59 % des salariés français travaillent dans des entreprises de plus de dix salariés, contre 42 % en 1906.
1928 Sur une base 100 en 1913, la production manufacturière française atteint 139.
Durant la Grande Guerre, la production industriellerecule en France en raison des combats qui touchent les départements du Nord et de l'Est, et de l'effort de guerre qui fait passer au second plan les activités civiles. Pour une base 100 en 1913, l'indice de la production industrielle tombe à 57 en 1919, celui du bâtiment à 16, de la métallurgie à 29, des industries extractives à 44, des industries mécaniques à 58, du textile à 60… (François Caron et Jean Bouvier, " La guerre et ses conséquences économiques ", dansHistoire économique et sociale de la France, sous ladirection de Fernand Braudel et Ernest Labrousse, tome IV, Presses universitaires de France, 1993).
Mais les commandes d'armes et de matériels militairesbénéficient à de nombreuses entreprises et à leurs sous-traitants, qui deviendront les moteurs de la forte croissance que connaîtra la France durant les années 1920.
Les bénéfices exceptionnels réalisés font l'objet d'un surcroît d'impôt qui s'élève à 2,4 milliards de francs au second semestre 1914 et en 1915, 4,2 milliards en 1916, 5,3 milliards en 1917 et 5,4 milliards en 1918. Ces profits s'expliquent par l'ampleur des contrats passés avec l'Etat, mais aussi par les prix élevés pratiqués par ces entreprises, que l'armée accepte pour les pousser à produire vite et dégager des marges permettant de financer leurs investissements.
Les profits semblent avoir augmenté moins vite que le chiffre d'affaires, et n'ont pas induit de hausse des dividendes distribués aux actionnaires. Mais les bénéfices de Saint-Gobain, dont la production augmente de 70 %, passent de 3,4 millions de francs en 1914 à 22,7 millions en 1916 ; ceux de la Compagnie des forges et aciéries de la marine et d'Homécourt (locomotives et pièces d'artillerie lourde) passent de 6,8 millions en 1914-1915 à quelque 16 millions par an jusqu'en 1918. Durant le conflit, la capacité de production des aciéries du Creusot (Saône-et-Loire) double, de même que la production hydroélectrique.
Parmi les entreprises bénéficiant des commandes militaires, celles qui construisent des automobiles et des avions, et qui venaient tout juste de naître, vont connaître un développement spectaculaire durant la guerre. La paix revenue, elles prendront encore une autre dimension après une difficile reconversion, deviendront des industries phares de la seconde moitié du XXe siècle, et font, aujourd'hui, toujours partie des fleurons de l'industrie française.
C'est ainsi que Berliet (créé en 1901), qui fabrique des camions pour l'armée, construit une usine à Vénissieux (Rhône), investit dans de nouvelles machines et introduit le travail à la chaîne. En 1916, Berliet produit chaque jour 40 CBA, un camion de 5 tonnes qui alimente le front durant la bataille de Verdun. Berliet produit des obus et des chars d'assaut sous licence Renault, dont l'armée lui a commandé 1 000 exemplaires. En 1917, le chiffre d'affaires de l'entreprise, devenue la Société anonyme des automobiles Marius Berliet, a été multiplié par quatre par rapport à 1914.
Georges Latil, qui avait mis au point une voiture dotée de quatre roues motrices, construit lui aussi, dès 1914, des camions pour l'armée et des tracteurs pour l'artillerie lourde. Louis Renault, qui avait construit sa première automobile en 1898 et des camions en 1906, fabrique, pendant la guerre, 9 200 camions, des tracteurs, des obus, des moteurs d'avion et des avions de reconnaissance, etc. En 1917, il construit le premier char d'assaut français, le FT 17, qui jouera un rôle important lors des offensives finales de 1918.

Le chiffre d'affaires de l'entreprise passe de 88 millions de francs en 1914 à 378 millions en 1918. Pour faire face à ces commandes, Renault développe le travail à la chaîne et le " taylorisme " qu'il a découvert chez Ford avant guerre. Toutes ces entreprises bénéficient du travail féminin et du retour du front des ouvriers qualifiés, qui échapperont ainsi au massacre et permettront à l'industrie française de poursuivre son essor après la fin du conflit.
Dans l'aéronautique, plusieurs constructeurs, qui avaient permis à des pionniers comme Louis Blériot, Henri Farman, Roland Garros etc., de partir à la conquête du ciel au début du siècle, vont passer au stade industriel.
C'est d'abord le cas des frères Caudron, dont le Caudron G2 est commandé par l'armée en 1914, et dont plus de 1 400 exemplaires seront construits en France et des centaines dans les pays alliés.
C'est aussi celui de l'entreprise créée par Edouard Nieuport (record du monde de vitesse en 1911, il se tue en vol en 1913), reprise par son frère Charles, qui met au point en 1916 un chasseur capable de rivaliser avec le Fokker allemand. C'est aussi le cas de la société fondée en 1910 par Raymond Saulnier et par les frères Morane (les premiers à dépasser les 100 km/heure cette même année), ou encore de Pierre-Georges Latécoère, qui ouvre des usines à Toulouse durant la guerre pour y fabriquer des obus et des cellules d'avions, avant de se spécialiser dans la construction d'hydravions.
Louis Breguet, qui avait fondé son entreprise en 1909 et battu le record de vitesse sur 10 km en 1911, effectue un premier vol à bord de son Breguet XIV, en novembre 1916. Son avion est aussitôt retenu par l'armée pour la reconnaissance (version A2) et le bombardement (A3). L'armée lui commande 150 A2 et 100 A3, les Américains 500. Au total, 5 500 Breguet XIV seront construits durant la guerre. Construit en aluminium, c'est alors le plus rapide des biplaces et le plus efficace des bombardiers moyens.
Parallèlement, la filiale française de la société espagnole Hispano-Suiza, d'abord spécialisée dans la production d'automobile de luxe, se met à produire des moteurs d'avion : plus de 25 000 seront fabriqués durant les hostilités.
Ces sociétés profitent des innovations de jeunes ingénieurs, tel Marcel Dassault qui met au point une hélice performante et conçoit un avion dont l'armée lui commande 1 000 exemplaires (seuls 100 seront construits avant 1918). Louis Coroller, Henry Potez, etc., améliorent l'aérodynamisme, conçoivent des moteurs plus puissants, mettent au point des mitrailleuses tirant à travers l'hélice…
Après 1918, les entreprises aéronautiques souffriront de la fin des commandes militaires, mais certaines trouveront une nouvelle vie avec l'essor de l'Aéropostale durant l'entre-deux-guerres, puis, surtout après la seconde guerre mondiale, avec celui du transport de passagers (Breguet sera à l'origine de la création de la compagnie Air France). Les succès des Mirage, Concorde et Airbus n'auraient pas été possibles sans elles. Au-delà des destructions et des souffrances qu'elle a provoquées, la guerre de 14-18 aura contribué au développement industriel de la France, dont les effets se font toujours sentir.
Pierre Bezbakh

Pierre Bezbakh est maître de conférences à l'université Paris-Dauphine.

© Le Monde




Pour les Préparationnaires IEP de PARIS, dans le cadre du thème "Expérience combattante et guerre totale", ce très bon article sur le rôle accélérateur de la I°Guerre mondiale en matière économique et technologique.

Olivier MILZA de CADENET





7 commentaires:

Anonyme a dit…

Cap, j(ai du mal à vous lire tellement je vous aime. J'ose enfin voue le dire je suis fière de moi. Bon c'est une première étape vous m'excusrez si je m'appelle aujourdhui Solène on peut pas tout faire en meme temps. Ouf c'est dit.

Solène a dit…

Au moins merci d'avoir laisser publier mon commentaire. Je n'y croyais pas. Ça me suffit., c'est dire..........

Solène a dit…

Maintenant que je suis partie il faut que je soie courageuse. Si je vous regarde je serais tout de suite repérée "Solène". C'est sans issue. Je ne dois plus vous poser une question mais si je le fais pas on peut aussi me deviner. Oh l'horreur ou je me suis mise. Pitié Capitaine pitié mes amis pardon aussi surement pour l'orthographe. L'ortho va pas avec l'amour. Le pire c'est que, oui je suis jolie, faite au moule comme une conne On me drague de partout. Donc pas une conne. Une vraie conne. Allez en pleine guerre de 14 ! Même plus d'humour.

Unknown a dit…

Evidemment, Solène, c'est moi, Pierre Guinot. Inutile d'aller fouiller dans cookies et autres. Et je suis désolé, vous tous, d'interrompre vos préoccupations, mais vous voyez, mon vieux copain Milza que j'aime bien me prend pour un homo alors qu'expérience faite, je n'ai pas choisi ça et il ne veut pas se le rentrer dans la tête. Je l'aime celui-là, je ne lui souhaite que du bien. C'est assez comparable avec ce qu'il dit du communisme. Nous nous comprenons je pense. Il date un peu mais pas tant et il a raison. A vous je souhaite bonheur et joie. A Olive je souhaite de conserver ce message sur ce blog : il et nous tous aurons vraiment choisi de ne pas faire de l'histoire, mais de l'aimer : de chercher, pour Saint-Louis ou Marie-Antoinette ou un paysan quéchua, ce qu'il y avait dans leur tête, SANS JAMAIS ETRE SÛRS, y compris des archives : qui fut l'archiviste ? Les textes dont nous disposons sur les empereurs romains monstrueux (Caligula, Néron, Commode etc.) ont tous (enfin, c'est assez peu) été écrits par des militants du Sénat et du souvenir de la République. Etre historien est être s'interdire d'être psy. Etre historien condamne à toujours supposer, à ne jamais croire. Vous connaissez votre "capitaine", ça s'emballe vite. C'est bien. Pour l'avoir connu jeune, je l'apprécie comme vous l'appréciez. Pour l'avoir connu jeune, s'il m'énerve c'est qu'il m'est précieux, au moins comme souvenir. Olivier, solennellement, à toi. Si tu ne laisses pas ce message à ton public, tu es peut-être le fils de ton père mais tu n 'as plus lieu d'être historien. Bien sûr j'attends une réponse, bien sûr je te souhaite le bien au nom de souvenirs impérissables. Je compte, sinon sur toi, sur le spécialiste : " Eh bien oui, j'ai été capable pendant
40 ans de penser que c'était un... saure, maintenant il est prouvé par mon confrère que c'était en fait un... saure. Entre dinosaures, mieux vaut prouver aux jeunes que nous ne sommes pas rigides, non ? Quant au mariage pour tous, c'est un peu comme si on en restait à la question fiscale : nous avons surtout, tous, besoin d'être reconnus. Et la petite Histoire (notez petite et notez la majuscule) veut que nous pratiquons en vrais historiens, exclut le préconçu, l'idée toute faite et l'impulsion : noble discipline. Ce n'est donc pas de moeurs sexuelles que je parle ici, c'est de rigueur et je veux m'assurer et vous assurer que votre bon et brillant professeur en a : j'en ai le droit, nous avons fait une petite partie de nos études ensemble. Et il m'énerve. Mais ça vous l'avez compris. Olivier Milza de Cadenet, si tu livres mon message au public, tu auras droit à l'estime de Pierre Guinot, oh, pas grand-chose, peut-être. Je t'engage à réfléchir sincèrement parce que tu comptes pour moi. Sinon ? Eh bien, mais rien, on s'en fout. Rien de pire pour la cause d'une minorité que d'y inclure qui, par chance, appartient à la majorité. C'est donc l'homosexualité que je défends ici.

Unknown a dit…

Pardon : pas "pratiquons", "pratiquions".

Unknown a dit…

Ah, et puis "exclus" (au pluriel donc), pas "exclut". Je suis prof de français, en plus.

Unknown a dit…

Eh bien voilà... c'est comme dans un spa ! Félicitations à toi Olivier et à moi Pierre que ce témoignage ait été fourni par l'un par honnêteté intellectuelle, et laissé par l'autre à un public étudiant, par honnêteté intellectuelle. C'est ainsi espérons-le, je le crois mais il faut quand même l'espérer aussi, que la Crimée n'est pas l'Alsace-Lorraine. Je ne développerai pas un sujet d'actualité qui n'appartient donc pas à l'Histoire. J'ai eu peur de mal me tenir sur ce blog. Mais comme on y passe d'un corrigé à des photos de voyage, après tout non. Olivier m'y laisse y tenir ma place, je lui en dis grand merci, moi, écologiste tellement fondamental que l'invention française de la gauche et de la droite parce qu'on a coupé la tête à un homme éclairé et à un principe, me laisse de marbre face à ma mère en poussière. Merci Milza, mais cesse de te tromper sur un sujet que l'Histoire ne retiendra pas, ce n'est pas un sujet pour l'Histoire. Le sujet en question te félicite chaudement d'avoir gardés publics les mots précédents et renouvellera les félicitations si celui-ci, per aspera, reste à compter parmi les astres, même astéroïdes. A +, tout l'équipage.