"L'aventure, c'est le réalisme de la féerie" (ANDRE MALRAUX)

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lundi 29 janvier 2007

REBONDS.

LA TARTUFFERIE TRANQUILLE.

On me reproche mes attaques contre Royal, d'aucuns parlent de la haine qui m'animerait...Je n'ai rien contre la femme (que je ne connais pas) mais tout contre le parti qu'elle représente et l'idéologie qu'elle incarne.
J'étais au Panthéon en mai 1981, l'une de mes filles sur le dos,comme beaucoup plein d'une espérance indéfinissable et puis...Un quart de siècle, un presque tour du monde et quelques centaines de livres plus tard, nous voici ma génération et moi en deuil de l"illusion lyrique"et décidés cette fois à avoir raison avec Aron plutôt que tort avec Sartre, inversion de cette formule terrible des sixtees, porteuse de notre complicité avec le totalitarisme communiste-"je préfère avoir tort avec Sartre que raison avec Raymond Aron". J'ai aussi mes torts, et en particulier d'avoir confondu (et Mitterrand jouait de cette confusion) mai 68 et mai 1981, le souffle révolutionnaire et "on rase gratis", Frédéric Moreau et les sortants de l'ENA. J'étais un indécrottable romantique à l'ère de la marchandise en pleine ascension et je n'ai compris qu'un peu tard que le parti socialiste était une machinerie de théâtre au service d'un homme qui a fait pendant quatorze ans des Français les figurants du roman de sa vie, la seule chose qui comptait pour Mitterrand. Une humiliation. Humilié d'avoir cru, humilié d'avoir méprisé ceux qui ne "croyaient" pas et considéré les gens de droite comme des erreurs de la nature, des malades, des anormaux, une image que me renvoient aujourd'hui mes anciens amis, car eux n'ont pas changé!
J'ai compris aux alentours de 1983 quelques petites choses:
-mai 81, c'est la substitution d'une classe dirigeante à une autre classe dirigeante; disons qu'on ne vit pas dans les mêmes quartiers et qu'on ne roule pas dans les mêmes autos,etc.
-Que le socialisme français n'existe pas: je connais la social-démocratie à l'Allemande ou à la scandinave, fondée à partir d'une rupture d'après 1945 avec le marxisme, rupture que les socialistes français n'ont jamais effectuée; je connais le libéralisme, à la fois politique et économique et bien sûr le communisme. Mais le PS, révolutionnaire dans les campagnes électorales et néo-libéral au pouvoir est un concept politique strictement français; c'est un produit de prise de pouvoir, assez bien rodé. Sous Mitterrand, on traînait derrière soi comme un fardeau un peu honteux mais sociologiquement nécessaire le PC, caution ouvrière et idéologiquement radicale-révolutionnaire; aujourd'hui que le PC s'avère une survivance un peu archéologique, on met en valeur l'aspect "pluriel", c'est-à-dire qu'on ratisse large en faisant coexister la pose révolutionnaire (genre Fabius: à noter qu'un même type peut incarner à 25 ans de distance deux postures diamétralement opposées puisqu'en 1983 Fabius, c'était une sorte de Thatcher à la française!), le "sérieux technicien" (valeur sûre de PMF à DSK) et l'homme-ou la femme- nouveau(elle), chargé d'emballer les indécis à partir d'une Grâce Nouvelle. Avantage: on montre sa "diversité", on démultiplie le temps d'antenne et au final, les gens votent pour l'investi(e) en se disant qu'il(elle) incarne tout le reste. C'est ça l'agitprop bolchevique survivant chez tout socialiste français.
-Que la légende socialiste fonctionne sur une manipulation de l'Histoire et en général de la culture, tant il est vrai que cette famille politique jouit de relais culturels puissants. Quelques exemples: faire oublier que le colonialisme est d'abord une idée républicaine, ou que la guerre d'Algérie est déclenchée côté français par un gouvernement de gauche (communistes compris) pour qui l" Algérie, c'est la France" (F.Mitterrand), monopoliser la Résistance, ou Jaurès, ou l'anticolonialisme, faire chaque année ou presque le procès de Heidegger (complice du fascisme) mais pas celui de Sartre, complice du communisme; parler de reproduction des élites (ah! la pensée bourdivine relayant le marxisme essoufflé!) et envoyer ses enfants dans les écoles d'élite; parler de "classes hétérogènes" au lieu de classes avec trop d'étrangers- j'ai vécu cela durant mes années de professeur de lycée-refuser finalement de faire vraiment le procès du communisme qui équivaudrait à une véritable introspection critique et s'en tirer par l'éternel et misérable "c'est pas pareil" ou "les intentions étaient bonnes au départ" alors qu'il est éthiquement plus grave de tuer de 20 à 50 millions de personnes à partir de "bonnes intentions de départ" qu'à partir du mal absolu,etc,etc,etc.
-Comme on ne sortira pas tout le monde de l'ombre ou d'une place plus modeste qu'une autre, parce que tout le monde n'est pas Rembrandt ou Bach, ne pas tuer pour autant tous les Bach et les Rembrandt dans une machine socialiste de broyage égalitaire et de médiocratie; revoyez "Billy Eliott" ou "Million dollar baby": un seul ou une seule s'en sort et c'est toute une gerbe d'êtres humains qui en sont transfigurés. Le libéralisme, qui est aussi une éthique individuelle et une éthique politique, c'est l'apprentissage des devoirs de l'homme autant que de ses droits et surtout l'instrumentalisation d'une liberté actante: être ce que je fais de moi, pas ce que l'on fait de moi. Cet existentialisme libéral, issu des lumières, me semble l'avenir, plus que le nivellement pseudo-démocratique d'une gauche française dépassée et vautrée dans la pire des tartufferies: ne pas croire soi-même ce que l'on dit.
-Compter finalement sur un bon score du Front national pour pouvoir une nouvelle fois crier que "le fascisme ne passera pas" en oubliant:
1.Que le fascisme est populaire et révolutionnaire et né à gauche.
2.Que les électeurs du Front national ne sont pas fascistes mais perdus, exclus et que c'est l'honneur de la République de les ramener vers des formations institutionnelles plus "soft" car ils représentent pas loin de 20% du corps électoral.
3. Que s'afficher au Front national ne m'apparaît pas plus scandaleux que d'être communiste ou trotskyste quand on sait le bilan du communisme. Lorsque j'entends Arlette Laguiller ou Olivier Besancenot suggérer qu'il faut "aller chercher l'argent là ou il est", je vois un tchékiste ou un kgbiste, version rouge du gestapiste.

Il m'arrive encore de rêver de cortèges, de drapeaux et de chants héroïques...dans ces cas-là, je pense à toi Mandelstam, à toi Babel, à toi Akhmatova, aux oubliés de la Kolyma et à tous ceux qui, un peu partout dans le monde, préfèrent l'errance sur les mers ou sur les routes plutôt que de rester en Corée du Nord ou à Cuba. Je pense à mes amis de la Havane, fiers, mais humiliés, à mes amis de Russie ou de Pologne, orphelins à jamais d'une idée qui les a brisé et je me dit qu'un jour, je préférerai peut-être avoir tort avec Raymond Aron que raison avec Sartre.

11 commentaires:

Martin Colomer a dit…

(Etudiant en cours du soir avec vous)
Je comprends pleinement les critiques qu'on peut lancer à l'égard du socialisme français, parcequ'il est évident que ses idées sont révolues et ancrées dans une sorte de nostalgie pseudo-révolutionnaire (manifs etc...)qui déchaine les foules.
Mais, je crois que si les anciennes générations sont berçées par les désillusions idéologiques, les nouvelles générations observent un monde complexe et - je me prends pour témoin - ne savent plus quoi penser, quoi faire ...
A mon age, c'est difficile de se faire son avis, à chaque fois que l'on pense connaître, comprendre et choisir quelque chose, 2 jours, 2 phrases, 2 lignes ou 2heures de cours après on se retrouve orphelin de pensée, car chaque réponse apporte de nouvelles erreurs, de nouveaux questionnements....
Je pourrais m'étendre des heures sur les idées auxquelles j'ai cru, et qui m'ont décues très peu de temps après, mais alors, s'il se trouve que nous avons toujours tord, comment et surtout pourquoi prendre le risque de croire en quelque chose, probablement erroné ?

Olivier Milza de Cadenet a dit…

Surfer sur la complexité, mais pour cela revenir à la complexité, donc revenir aux exigences premières. Nos maîtres ne nous faisaient pas de cadeau mais ils nous ont donné des clefs pour gérer ce monde qui était tout aussi complexe à notre époque. Mais pour ce faire, il ne faut pas brader les filières d'excellence, amener le bac aux troupes au lieu d'amener les troupes au bac, croire béatement que le monde va advenir à l'écran. N'oubliez pas que l'écran...fait écran, donc allez voir dehors, voyager et revenez à l'Etre en vous éloignant du paraître. Et rappelez-vous que la politique est du domaine de l'action, pas des croyances, artistiques ou religieuses qui, au demeurant, offrent de très beaux replis en cas de déprime existentielle. En conclusion, expérimentez à votre tour les idées et trompez-vous, mais apprenez la flexibilité intellectuelle, c'est-à-dire la capacité à abandonner une idée quand elle s'avère inopérante. Il faut savoir tuer nos idôles, condition première du "métier de vivre" (Cesar Pavese).
Amitiés.
Milza de Cadenet.

Anonyme a dit…

Texte d'une sincerité bouleversante... en fait je voulais juste préciser que le candidat de la LCR s'appelait Olivier Besancenot (et non Alain) =D
(mais je comprends parfaitement que votre inconscient aie été gené de porter le meme prénom)

Olivier Milza de Cadenet a dit…

Bravo pour mon inconscient,comme quoi la familiarisation avec le divan ne "soigne" pas totalement!!! Nonobstant, je pense aussi à une coalescence verbale entre alain Besançon et olivier Besancenot et je n'ai jamais caché qu'une conversion idéologique longuement "pensée" n'exclue pas des nostalgies inconscientes...
O.M.D.C.

Anonyme a dit…

Il est à la fois compréhensible et triste d'observer ces personnes qui se trouvent orphelines dès lors qu'une personne ou un texte présente des faits ou des conceptions idéologiques d'une façon qui bouleverse les conceptions philosophico-politiques de chacun. En effet, chacun, tel un paroissien avide de connaître la vérité suprême délivrée par le grand sachem, a tendance (et moi le premier) à chercher à connaître LA vérité concernant la représentation de l'histoire et du monde. Ainsi, la soif de vérité politique a remplacé la soif de vérité religieuse. Ainsi, aussi dur que cela soit, il est extrèmement important de partir du principe que "L'Homme et la Femme politique n'ont, par définition, aucune conviction (aussi difficile que ce soit à accepter), et qu'ils n'ont de cesse de dire à la population ce qu'ils pensent que cette dernière souhaite entendre". Il est, dès lors, extrèmement important de parvenir, DES LE DEPART, à se dire que l'on ne saurait parvenir à se faire un jugement un tant soit peu intellectuellement honnête tant que l'on refuse, par idéologie, de considérer qu'il faille s'informer et débattre avec la partie "adverse", aussi ignoble qu'elle puisse nous paraître. Le salut, si salut il y a, n'adviendra pas des urnes ; mais bien au contraire de l'engagement social et politique (au sens étymologique du terme) et non pas en attendant que Bonnet Blanc ou Blanc Bonnet soit élu, tel Zorro.

Olivier Milza de Cadenet a dit…

En effet cher Quentin, et l'attitude d'attente de grâce des électeurs m'évoque le "En attendant Godot" de Beckett. Je pense aussi que si d'aucuns me trouvent bouleversant, c'est que j'ai accepté très tôt d'être bouleversé, entendez par là d'être dérangé dans mes petites certitudes et d'accepter d'en changer ou, plus difficile encore, de ne plus en avoir, mais aussi de comprendre les bouleversements des "autres" qui ne sont pas l'enfer, comme Sartre le pensait, mais l'envers de nous-mêmes. Accepter de regarder en face ma part d'ombre et l'assumer. Saint Paul nous rappelle que seul(e) celui ou celle qui a connu la Chute peut trouver la rédemption et que le saint a rencontré la tentation et s'y est vautré qui ensuite sait le prix de la grâce. S'il existe une "vérité", elle ne peut se situer qu'au delà du bien et du mal. Et puis, "la vie c'est changer de café" (Aragon) et bien plus encore, "peut on franchir toute une vie à partir d'une idée ?" (Robert Walser).
Bien à vous.
Le capitaine incertain.

Anonyme a dit…

Absolument d'accord . Que dire d'autre ? Le communisme est le porte-etendard de "l'égalité dans la misère " , et le socialisme français fait preuve d'un archaisme rare !
Oui nous devons favoriser l'exellence et l'élitisme ! Comme le disait Emile Boutmi, initiateur l'Ecole Libre des Sciences Politique ( aujourd'hui Sciences Po Paris) : " il faut remettre une tête à la société".

Le socialisme propose tout le contraire ...bien que ses dirigeants y envoient leurs enfants .... ( le binôme : Ecole Alsacienne / Sciences Po Paris séduit beaucoup d'éléphantset leurs progénitures ....DSK, Jospin,Royal....) Soit.

Un retour au socialisme en 2007 , à l'heure où la France doit effectué des vrais choix de sociétés , serait un terrible retour en arrière, bercé par la mélancolie de l'illusion lyrique de 81.

Anonyme a dit…

Jean-Baptiste Olagnero dit : "Oui nous devons favoriser l'élitisme", "il faut remettre une tête à la société"... Te rends-tu compte de ce que tu écris? C'est la négation même de la démocratie que de considérer qu'il faille une tête pensante pour diriger les masses incultes! Nul n'est mieux placé que la population elle-même pour savoir ce qui doit être fait pour améliorer sa situation. Je ne vois pas non plus en quoi un "retour au socialisme à l'heure où la France doit effectuée de vrai choix de société" serait une "erreur"! Penses-tu donc que la vision manichéenne qui semble être la tienne vaut mieux que la "mélancolique nostalgie de 81"? Peut-être ferais-tu bien de lire un peu moins la presse majoritaire, te faire violence et lire également des médias alternatifs (Politis, le Monde Diplomatique, le Réseau Voltaire, Acrimed, Horizons et Débats, les Mots sont Importants, planète non-violence, mondialisation.ca, ...).
La recherche de l'égalité entre les Hommes (et non pas la volonté de conserver une élite) est le but de toute société démocratique pour parvenir à une répartition plus égalitaire des richesses, peut-être ferais-tu bien de méditer là-dessus.

Anonyme a dit…

Quentin a dit: "la recherche de l'égalité entre les hommes est le but de toute société démocratique".Ton idée me semble contre-nature. Rechercher l'égalité reviendrait à vouloir un nivellement de la société,à briser l'élan des plus doués pour les ramener au niveau des médiocres. Je ne suis pas en train de proner une idéologie de "protection des forts contre les faibles".Il faut absolument aider tous ceux qui se trouvent dans une situation difficile mais l'agalité est un leurre, outre le fait qu'elle est impossible à atteindre. Au contraire, comme Jean - Baptiste le dit, les maitre-mots devraient etre excellence et méritocratie.Quant au fait que tu ne comprends pas pourquoi le retour au socialisme serait une erreur, cele me semble évident.Notre pays a cruellement besoin de modernisation et le parti socialiste me parait incapable de l'engager.Le programme de la candidate PS est non seulement d'une vacuité terrifiante mais présente des éléments d'archaisme qui montre la totale incapacité de son parti à se renouveller.A titre d'exemple, je citerais son idée d'augmenter l'impot "des plus riches"...typiquement socialiste, ils nous la ressortent a chaque élection dans un refus (naif?)de comprendre que à partir d'un certain seuil d'imposition les capitaux fuient le pays,provoquant du chomage.

Anonyme a dit…

La véhémence de votre critique envers le modèle,l'idéologie communiste, M. Milza de Cadenet, est bien compréhensible en raison de votre parcours personnel. Ayant vous même soutenu et admiré ce parti dans votre jeunesse, la prise de conscience de la dure réalité du système soviètique a du être particulièrement pénible et doit encore animer une partie de votre réthorique vindicative et amère envers l'ensemble de la gauche française. Un individu qui se rend compte de l'erreur qu'il a commise en prenant partie pour une cause qui se révèle finalement mauvaise, le pousse par la suite à la plus grande virulence envers cette cause. J'en veux pour exemple historique le cas d'Emile Combes, républicain farouche considéré comme un des pires "bouffeurs de curé", cet homme bien connu pour avoir été l'instigateur de le loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1905, avait lui- même suivi le séminaire avant de se détourner de la carrière ecclésiastique. Aussi, vous même vous présentez vous comme un "pourfendeur de la tartufferie" aux critiques exacerbées sans doute en raison de la rancoeur envers vos anciennes "idôles" à présent immolées. Cependant, peut-être faudrait-il éviter l'amalgame entre le système soviétique totalitaire et le parti socialiste français actuel. Même si ce dernier peine parfois, il est vrai, à trouver ces marques et se retrouve en contradiction par rapport à ses relents réformateurs (et non révolutionnaires) et à l'acceptation du monde libéral dans lequel notre société est durablement ancrée. Il y a, certes, de sa part, une critique de ce système mais proportionnée. Et quand bien même F. Hollande déclare ne pas "aimer les riches" faut-il y voir une résurgence d'une velléité de dékoulakisation? D'autre part, la dénonciation de l'icône factice Ségolène portée par un parti qui ne croit pas lui-même en ses valeurs est sans doute réductrice. Que dire alors du pantin Sarkozy qui ratisse tout autant sinon plus que notre chère bécassine? Un Sarkozy mouillant tout aussi bien dans les eaux de l'extrême droite que dans celles des communistes. Ou encore, Déclarant tantôt qu'il passera au "karcher" nos charmantes "racailles", tantôt affichant sa volonté de renouer avec elle l'échéance électorale approchant; tantôt (en 2001) déclarant qu'il serait préférable de supprimer le droit de travail puis affichant son amour pour "la France d'en bas qui travaille" et qui subit la contrainte salariale...
Le PS est imparfait j'en conviens, mais il me semble en passe d'évoluer et rares sont les représentants socialistes revendiquant leur filiation directe avec le PCUS. Pour ma part, à deux mois du scrutin j'ai bien du mal à me décider, mais il me semble nécessaire de garder mesure en tous propos.

ps: vous rappelez, à juste titre, que le libéralisme nous exhorte à être "ce que je fais de moi, pas ce que l'on fait de moi". Ce concept idéologique hérité des Lumières n'est pas sans rappeler la célèbre déclaration de JP Sartre (tirée de L'Existencialisme est un Humanisme):"Je peux toujours faire de moi ce que l'on a fait de moi". Aussi, loin de la dénonciation du Compagnon de route, peut-être auriez-vous ,sans le vouloir, ni raison ni tort avec JP Sartre, mais partegeriez-vous simplement la même philosophie de vie...

Olivier Milza de Cadenet a dit…

Cher(e) étudiant(e).
Je ne suis pas amer mais lucide et décidé à ne plus laisser passer une rhétorique qui conduit à l'abaissement: abaissement culturel (et puis pardonnez-moi, mais s'en prendre aux élites via le faux penseur Bourdieu, quand on fait partie des élites est une farce et par ailleurs relève d'une idéologie bolcheviste), abaissement international, abaissement moral. Quant à la racaille, elle existe: il s'agit de la délinquance ordinaire mais aujourd'hui déguisée en "extériorisation du mal-être" et qui se cache derrière les barrières associatives quant on lui demande des comptes. Petit-fils d'émigré italien, je n'ai pas honte de voter UMP dans la mesure ou mes grands-parents sont venus en France et ont aimé la France dans son acception républicaine. La gauche s'est toujours cru propriétaire de la générosité et de la question sociale. Quelle farce: colonialiste, attachée à l'empire, antisémite (lisez Hanna Arendt) et possiblement raciste, elle découvre les joies de la défense de l"autre" quand l'autre sert ses intérêts électoraux (de la guerre d'Algérie aux années actuelles.).Oui, il y a collusion entre cette gauche française qui n'a jamais voulu opérer sa mutation social-démocrate et une pensée crypto-communiste: cela va du refus in fine de parler de totalitarisme génocidaire du communisme au refus du libéralisme et à la main toujours tendue aux Besancenot et Buffet lors des élections.Il est d'ailleurs amusant de voir des socialistes représentant l'idéologie la plus globalisante et totalitaire, s'en prendre au libéralisme qui, nonobstant ses défauts, relève d'abord des libertés. On peut aménager le libéralisme, pas le socialisme, parlez-en à vos copains d'Europe de l'Est qui, je les connais bien, rigoleraient de vous entendre, eux dont les parents vieillissent dans la désespérance et qui n'aspirent qu'à vivre dans un monde qui donne sa chance au talent, pas au parasitisme bureaucratique.Non je n'ai rien en commun avec sartre, mais tout avec François Furet, dont l'itinéraire est le même que le mien. Un dernier mot: Sartre a écris les Mouches pendant la guerre et la pièce a été donnée à la comédie française en 1943 devant un parterre d'officiers allemands. Pendant ce temps là, Simone de Beauvoir (cf Correspondance) se demandait, toujours en 1943, comment faire rentrer ses skis dans le train, elle allait à Morzine avec un copain. En 1943, ce sont les Juifs que l'on mettait dans les trains et visiblement, Sartre et Beauvoir s'en souciaient peu. En 1945, ils ont accepté de faire partie des comités d'épuration...C'est cela la tartufferie et la falsification de l'Histoire.
Ah, au fait, un dernier mot du vieux: jamais la bourse ne s'est mieux portée que sous Mitterrand et jamais les inégalités ne se sont autant creusées, jamais aussi on ne vit plus d'affaires, dont des écoutes administratives permanentes afin de discréditer l'adversaire. Bref, la guillotine soft...Et oui, on ne change pas un jacobin et c'est d'ailleurs François Furet qui montre avec brio dans "Le passé d'une illusion" que Robespierre et 1793 inventent les racines du totalitarisme moderne...Alors, à droite toute, avant d'autres Auschwitz et d'autres Kolyma.