SEGOLENE ROYAL OU LE TRIOMPHE DU TOTALITARISME SOCIAL.
N’en déplaise aux « socialistes » français, ce n’est pas Le Pen qui menace la démocratie française, ni même les néo-bolchevistes dissimulés sous le masque « altermondialiste », mais bien leur candidate, ou pour mieux dire le clone spectaculaire qu’ils présentent à la candidature présidentielle. Ségolène Royal est un produit, une marchandise extrêmement sophistiquée mais une marchandise représentative de l’ère du vide qui caractérise notre temps.
Pure icône, elle relève de l’ère des masses, c’est-à-dire d’un temps où l’image a supplanté l’idée et à cet égard, même si la « personna » royalienne peut apparaître comme sympathique, le phénomène qu’elle incarne appartient au même ensemble conceptuel que Staline, Mao ou Hitler dans la mesure où ses amis misent essentiellement, pour rallier autour d’elle les suffrages, sur l’émotion ou la « surprise » que cette candidature suggère. Femme-nombreuses sont celles qui voteront pour elle sur cette base biologique-, maman et "maîtresse" »- il y a chez Royale une suggestion subliminale de la séduction amoureuse qui draînera vers elle des suffrages attirés par les « bourgeoises coquines »- et dans le même temps sorte de sainte faussement naïve le disputant à la jacobine glaciale qui ravit les « coupeurs de tête » rescapés d’Epinay…Royale apparaît comme le premier candidat ( au féminin) polymorphe de l’histoire de la V° République.Rien ici de rationnel, mais un pur spectacle au sens où l’entendait GUY DEBORD (« La société du spectacle » 1967). D’où l’absence de programme et une forme élaborée de refus du dialogue sous forme d’une défausse permanente, sauf en ce qui concerne ses apparitions savamment mises en scène et relayées par un staff dont c’est d’ailleurs la seule occupation : cette orchestration des apparitions – au sens presque évangélique- relève pleinement de l’univers totalitaire. Notons qu’en cela elle est bien la voie de son maître, entendez François Mitterrand dont elle revendique l’héritage. Homme de droite élu à gauche, conservateur converti stratégiquement au socialisme, anti-gaulliste vautré dans les « domaines réservés » du Chef de l’Etat, tiers-mondiste du discours très à l’aise dans la « coopération », l’ami de René Bousquet capable de déposer une rose sur le monument funéraire de Jean Moulin a appris aux « socialistes » l’art des masques et des mises en scène politico-culturelles dont Jack Lang- d’ailleurs inconditionnel de notre mère Thérésa poitevine- fut l’ordonnateur zélé et efficace.
Totalitaire encore l’utilisation systématique des tribus, clans, communautés, groupes de pression divers relayant le discours de gauche, une des armes les plus efficaces de cette famille politique. Royale mise sur les femmes, les mal logés, les « indigènes de la République » bien sûr, véritable création ex nihilo de sa famille politique et en général tous les groupes protestataires informels ; elle tourne en cela le dos à l’universalisme républicain et libéral, j’entends ici le mot dans sa grande acception politique. Ne retrouve-t-on pas à ce stade, moins la stratégie socialiste révolutionnaire que le fascisme, par essence corporatiste et clientéliste ? Il est vrai que le fascisme est une émanation de la gauche révolutionnaire, n’en déplaise aux bonne âmes socialistes. Reste que cette soumission au totalitarisme social, ce poujadisme de gauche peuvent inquiéter en un temps qui aurait au contraire besoin d’une reconquête du discours démocratique. Que Ségolène Royal ne se plaigne pas des propos machistes de ses amis ; on a les amis que l’on mérite. En 2002, les socialistes français ont pris le risque de faire capoter le projet de constitution européenne. Souvenons nous des propos de Monsieur Mélanchon, anti-turc, anti-polonais, volontiers vulgaire, véritable Doriot du PS !
Totalitaire de fait et surtout ce populisme royalien, cette lourde démagogie que même la droite n’osa jamais utiliser : « donnez-moi mes idées » - au passage, quel aveu de leur inexistence !- et ces « jurys populaires », lesquels ressortissent ici de l’autre grand totalitarisme, le communiste, féru de procès « publics » et de « despotisme de la liberté ». Quand Marie s’estompe, on est toujours très près de Robespierre avec Royal.
Au demeurant, nous n’avons que ce que nous méritons. Assoiffés de voyeurisme et d’ exhibitionnisme, staracadémisés, lobotomisés par la presse people et plus encore par cette « fastpresse » sur laquelle nous nous ruons tous les matins en entrant dans le métro, convertis au « droitdel’hommisme », avatar contemporain de l’aboulie post-moderne et de la décadence du politique, d’aucuns aiment « Ségo » comme d’autres aiment Zidane ou Madonna. En Bref, Ségolène Royal est parfaitement de son temps : lisse, bien élevée, assez mince et surtout gentille (enfin dans les media), elle correspond à l’ère du vide, aux fausses stars, à l’univers du « droit à » bref, à ce monde en toc où la société civile a pris le pouvoir et en est fière. Coluche fonctionnait au deuxième degré, et puis Coluche pensait et ressortissait d’une époque qui pensait encore. Ségo appartient à l’époque qui « réagit ». Mélange d’agit-prop soviétique et de culture pub,elle m’apparaît moins comme le chantre d’une démocratie retrouvée que comme son fossoyeur.
A suivre…
EXERCICES DE RELATIVTE.
On peut par ailleurs prendre du recul et s'adonner à des exercices de relativité en partant de quelques repères d'infini:
-4,6 milliards d'années: naissance de la terre.
-3,5 milliards d'années: plus vieux fossiles de bactéries.
-540 millions d'années: premiers groupes d'animaux et révolution cambrienne.
-3,5 millions d'années: Lucy batifole dans la Rift valley au cours d'une East Side Story qui voit l'assèchement de l'Afrique australe, la bipédisation des mammifères et la croissance de la taille du cerveau (sacré fortitude!!!).
-2 millions d'années: émigration des hommes d'Afrique vers l'Asie et l'Indonésie, véritable brain drain de l'homo erectus et de l'homo habilis.
-800 000 ans: tous ces braves gens arrivent en Europe (brrrrr!!!!).
-100 000 ans: homo sapiens (notre ancêtre arrive d'Afrique via le Moyen-Orient (on est tous des indigènes de la république).
-50 000 ans: apparition du langage et du temps dans l'univers des hommes qui désormais enterrent leurs morts.
-34 000 ans: explosion artistique et technologique de l'Aurignacien.
....et Moïse n'a toujours pas reçu les tables de la loi, alors Sego et Sarko, hein...
Bon, vous pouvez préférer la version philosophique de l'idée, ne serait-ce que pour avoir l'air intelligent ( a réciter deux fois par jour en traitement ambulatoire jusqu'au premier tour des présidentielles, c'est moins coûteux que l'héroïne).
"Quand je considère la petite durée de ma vie, absorbée dans l'éternité précédent et suivant, le petit espace que je remplis et même que je vois, abîmé dans l'infini immensité des espaces que j'ignore et qui m'ignorent, je m'effraye et m'étonne de me voir ici plutôt que là; car il n'y a point de raison pourquoi ici plutôt que là, pourquoi à présent plutôt que lors. Qui m'y a mis? Par ordre et conduite de qui ce lieu et ce temps a-t-il été destiné à moi?...Combien de royaumes nous ignorent!".
PASCAL.
6 commentaires:
Ce texte est écrit avec une finesse et une remarquable capacité de persuasion. Mais excusez-moi de vous dire, qu'après l'avoir lu on a peur...Peur d'être française et avoir 18 ans aujourd'hui. En effet, d'une famille traditionnellement socialiste et ayant moi-même ma carte du PS je suis une inconditionnelle du partie plus pour ses idées défendue depuis la SFIO que pour son état actuel. Cependant, après avoir lu votre écrit tout mon soutien à ce dernier est remis en question...n'ayant pas les capacités et le recul d'un telle vision,je n'avais jamais vu les choses sous cet angle et je me sens plus assomée que révoltée contre ce dernier. En effet, que faire ?? Pour qui voter ?? Sarko le néo-conservateur américain a passeport français, le révisionniste raciste qu'est Le Pen ... ?? Si comme vous le dite Ségolène Royal " menace la démocratie française " par " son totalitarisme social " avons n'ous plus qu'une chose à faire : profiter des 4 mois de démocratie qui nous reste.... vu le choix .. ?
Carpe diem plus que jamais, je veux dire en cela qu'il faut faire votre expérience de l'histoire et aller où vous pousse le vent de vos passions politiques. Reste que le rôle des intellectuels est aussi de se montrer les sentinelles de l'être et les pourfendeurs de tartufferie, sans compter que nous voudrions aussi vous éviter les désillusions et les désenchantements. Issu au plan familial de la gauche (communiste), je sais de quoi je parle et cette famille politique est d'autant plus dangereuse (et attirante) qu'elle fonctionne par l'affectif et le passionnel, les chants et les beaux oriflmammes, sans compter les manifs, ces cortèges qui nous laissent orphelins quand on remonte sur le trottoir. Alors allez vers votre passion mais pratiquez quelques exercices de décontamination eschatologique au cas où...
Vous avez dit, par le passé, que le concept de démocratie participative prôné par Ségolène Royal vous faisait penser au Totalitarisme Nazi. Par ailleurs, il vous arrive régulièrement de louer, à juste titre, la finesse de l'analyse politico-historique d'Hannah Arendt. Cependant, cette dernière, consciente des failles du système de gouvernement représentatif, proposait dans son livre "Essai sur la révolution" ce qu'elle appelle le système des "conseils". Ce système n'était pas fondé sur le vote tel que nous le connaissons, mais sur des conseils de quartier dans lesquels toute personne désireuse de participer au débat serait invitée à le faire. Ces conseils formeraient une sorte de fédération susceptible de prendre des décisions au niveau local comme au niveau national.
Comment, dès lors, parvenez-vous à concilier une critique personnelle de la conception de Démocratie Participative alors même que l’un des plus grands esprits du Xxème siècle que vous citez régulièrement considérait que ce concept était plus efficace et démocratique que celui auquel on assiste et auquel nous sommes sommé de participer ?
A ce sujet, vous pouvez voir « Hannah Arendt’s Argument for Council Democracy », in « Polity », automne 1987.
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