Nous sommes une centaine tout au plus, dont plusieurs photographes mais aucune caméra. Entre le bleu du ciel et la longue palissade de fer qui condamne désormais aux regards le portail d'entrée de l'église Sainte-Rita, une gerbe d'hommes et de femmes, du quartier semble-t-il, pour la plupart, entourent le prêtre, un grand noir qui prépare sa messe dans un silence pesant. Les visages de beaucoup sont tendus, dans un mélange de foi, de tristesse et de colère rentrée. Entre nos jambes passent quelques chiens, car nous sommes ici devant une église dédiée à Sainte-Rita, patronne des animaux, et par extension à Saint-François. Au moment où, la messe commencée, le prêtre évoque le petit moine d'Assise et ses prêches aux oiseaux que ces derniers approuvaient - dit la Tradition - d'un battement d'ailes, mon regard se porte vers les corniches de la petite église où des pigeons se sont rassemblés, alignés comme au garde-à-vous. J'aime à penser que la mémoire de Saint-François autant que la chaleur du soleil les a rassemblés ici, pour un hommage auquel ils semblent s'associer.
J'échange quelques mots avec deux femmes qui assistent à cette scène étrange sous un porche, de l'autre côté de la rue. L'une d'elle est polonaise. Dans un souffle, elle me confie qu'elle ne comprend pas ce pays qui détruit ses églises, qu'une telle scène serait en Pologne impossible. Pour elle, un pays qui agit ainsi est un pays qui se suicide.
Je reste convaincu que dans quelques décennies, on lira dans les livres d'histoire que "La destruction de Sainte-Rita, dans le XV° arrondissement de Paris, à été le prélude de l'effondrement de la culture catholique en France..."
Dernier regard et dernier signe de croix. Je range mon appareil photo et je repars. Je repars persuadé d'avoir assisté aux premiers signes d'une extinction.
Ce matin, je me sens polonais.
4 OCTOBRE 2015
PHOTOS OLIVIER MILZA DE CADENET
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