"L'aventure, c'est le réalisme de la féerie" (ANDRE MALRAUX)

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dimanche 23 novembre 2008

PAR LES ROUTES (JOURNAL DE VOYAGE).
















TERRES PROMISES.






Pour Natacha P.

My princess of Sky.






I




Oswiecim




C’est un long chemin ; c’est un enfouissement.

Des forêts d’abord –pins et bouleaux mêlés- et puis soudain la plaine, à perte de vue sous un ciel blanc, bas et froid, et rien désormais à quoi le regard puisse se raccrocher, car la terre ayant rejoint le ciel en une seule texture laiteuse et sombre, les multiples aspérités auxquelles nos yeux s’arriment habituellement pour déchiffrer un paysage, semblent s’être ici dérobées en un brutal ravissement.

Ce n’est plus la Pologne ; ce ne sont plus les longues jetées de Gdynia, ni les paisibles canaux de Gdansk, ni les « plantis » romantiques de Krakow. On est loin maintenant, même des ruelles étroites du vieux Lublin et des blanches façades de Zamosc, loin du beau Rynek de Poznan, de sa synagogue, de ses grands parcs silencieux, loin de tout amer, loin, si loin de tout. Ailleurs. Tu souris, tu allumes une cigarette, tu commences à prendre des photos par la fenêtre de la voiture, tu as mis ton pull blanc et ton vieux jean noir, je vois ta tresse se balancer le long de ton dos au rythme de tes mouvements, la ville, animée, me fait penser à ces grosses bourgades d’Ukraine, plus tout à fait des villages, pas tout à fait des villes, les gens se déplacent avec lenteur, il y a comme une langueur provinciale dans ces rues vaguement terreuses bordées de maisons basses aux fenêtres ouvragées. Nous sommes à Oswiecim.

Devant la petite gare blanche, des femmes de tous âges vendent des châles colorés et des fruits indistincts ; à l’intérieur, une salle d’attente enfumée où des types dorment, fument, rient dans un halo bleuté épais, sucré…A une vieille femme toute enrobée de tissus de laine, nous prenons du thé qu’elle tire d’un samovar de cuivre noirci. Dehors, entre les quais déserts, les rails disparaissent presque sous la neige sale et on aperçoit, assez loin, des wagons de marchandise bruns aux toits de tôle bombée autour desquels des gamins courent sans crier. Tu es seule sur le quai, je vois ton nez et tes yeux émerger de tes écharpes, tu me lances ce sourire un peu tendre et un peu triste qui me bouleverse toujours, tu t’éloignes lentement de moi en te retournant de temps à autre, je sais que tu cherches un angle pour photographier avec soudain cette tension de ton regard, cette crispation et tu es toi-même le sujet de cette photographie que je ne prends pas à la gare d’Oswiecim.


Les tertres mystérieux.


Je repense à la maison où nous avons dormi hier, chez le père de Piotr, l’étage inachevé, une cloison entière ouverte sur l’extérieur, les plans étalés sur des tables à tréteaux, au matin ces gros choucas noirs et une musique étrange et lointaine venue d’on ne sait où. La veille tu étais restée avec Anichka et le père de Piotr avait voulu m’emmener dans la forêt pour voir disait-il, des combes de fusillés, des tertres mystérieux et un couvent de Camaldules dont la Mère Supérieure lui avait souri avec tendresse, avant de nous servir une soupe de betterave et du pain noir. Il avait vu les Juifs avancer dans les combes et les freux s’envoler et des soldats courir entre les hêtres et il se souvenait semble-t-il de tout ce qui vibrait au-dessus de la terre et vers l’horizon, de grandes machines vrombissantes filant entre de hautes tours…

J’avais aimé cet homme au regard si clair, ses paroles étranges, ses silences dans l’auto où il se tenait à mes côtés, le torse très droit et la tête tournée vers des scènes invisibles qu’il me décrivait avec une voix d’enfant émerveillé ; j’avais eu très vite l’impression qu’il était mon père et j’eus assez vite aussi le sentiment qu’il aurait aimé que je fusse son fils.

Piotr nous avait averti dès notre arrivée –« mon père, il est un peu fou »- et le premier soir, quand le vieil homme est descendu et a fait éruption dans la pièce du bas, il y a eu d’abord un grand silence et Piotr nous a présenté. Le vieux s’est assis, nous avons bu une vodka et puis soudain, sans crier gare, le vieux s’est levé, s’est avancé vers moi et a dit avec un grand sourire : « toi, tu fais de l’Histoire ». Plus tard, quand nous roulions dans la plaine vers l’Est, il avait parlé de toutes les énigmes de la région et évoqué en un même ensemble le mystère des grands tertres, ces collines artificielles élevées depuis toujours pour commémorer une bataille ou un grand personnage –celui de Kosciuszko, tout près de Cracovie, le remplissait de crainte et d’admiration- et celui des grands massacres. « Ah ! les Juifs –disait-il- et il regardait alors fixement dans le lointain laissant sa phrase comme suspendue au dessus du vide…Parfois, dans les vallées profondes et froides, il me montrait des sources invisibles et écrasait de l’argile entre ses longs doigts en fredonnant d’étranges mélodies d’une voix rauque et douce…Dans sa mémoire, les colonnes de soldats et celles des vaincus, de tous les vaincus de toutes les sortes de batailles, se confondaient en un seul et même requiem, ou plutôt un long oratorio. « Ah ! les Juifs, oui, les Juifs et les soldats, tous les soldats, là-bas », et il fixait la brume jaune des combes . Puis il se taisait, longtemps, et nous marchions jusqu’à la nuit. Il semblait que ce pays eût absorbé, au fil du Temps, tous les soldats et tous les réprouvés de l’Europe. Le Camp ? Il se souvenait s’en être approché, enfant, sans se rappeler, ou sans vouloir se rappeler, dans quelles circonstances ; mais cette évocation l’impressionnait plus qu’elle ne l’effrayait. J’eus le sentiment que ce grand dispositif carcéral « fonctionnait » à ses yeux comme un mystère humain identique à celui des grands tertres . Il semblait en fin de compte que le camp ne fut pour lui qu’un mystère humain de plus, davantage que le produit d’une monstruosité idéologique. Comme nous ne pouvions parler qu’anglais, il répétait « the Camp », « the Jews » comme il disait « the Hills » pour parler des tertres autour de Cracovie avec, toujours, ce regard clair chevillé dans l’horizon et cet air mélancolique dont il se moquait l’instant d’après. Ingénieur approximatif, il avait travaillé en France après la guerre, construisant de vagues routes et quelques barrages ; au retour, il avait traversé l’Allemagne « dans le sens inverse de l’Armée Rouge, pas croyable ! » et dans le train qui le ramenait à Varsovie à petite vitesse (« Alors là, pas du tout comme les Russes !! »)il avait rencontré un gars formidable, un véritable ami, qui s’était avéré être un agent soviétique travaillant pour les Américains, ce qui lui avait valu d’être arrêté dès sa descente de train et conduit directement dans une cellule où il avait passé trois ans (« Pas croyable ! ») à l’issue desquelles sa première femme l’avait quitté. Alors il était descendu au Sud et commencé de traîner autour des combes et des tertres…

Le dernier jour, il s’était levé tôt pour nous indiquer la route, je le revois dans un grand pardessus mastic défraîchi me guidant pour la manœuvre, son sourire triste, un dernier signe de la main, je lui avais promis de lui envoyer des livres, nous étions tous les deux un peu au bord des larmes, Natacha ne voyait rien de tout cela, j’avais l’impression de quitter quelqu’un qui avait accompagné chaque moment de ma vie, sa silhouette a mis du temps à disparaître dans le rétroviseur et quand je suis retourné à Cracovie, longtemps après, c'est à lui que j'ai pensé en regardant au loin le tertre de Kosciuszko.


Au bout du monde.


Le plus terrible peut-être, c’est ce court trajet en minibus depuis le premier camp jusqu’à Birkenau. Ces petits véhicules pimpants conviennent habituellement pour des excursions joyeuses et bon enfant – on y chante fréquemment, on y rit, on y chahute- au bord des rivières ou sur les montagnes, mais ici c’est le silence, seulement le silence et c’est une plaine vide qui impose naturellement ce silence. Pour comble, le véhicule nous attend sur ce parking immense où, d’une certaine manière, nous sommes des milliers à nous affairer sans paroles, un peu comme sur les parkings des hypermarchés ; mais ne s’agit-il pas au fonds du même univers uniforme, massifié et le formatage de la marchandise n’est-il pas en somme comme le « positif » du négatif concentrationnaire… ? Me reviennent tout à coup les images du film américain « Green Solyent » où les vivants se nourrissent de la chair retraitée des morts. Cycle infernal de ce siècle dévorant et exterminateur où la mangeaille planétaire côtoie en « temps réel » les manipulations savantes des corps dans l’humanisme sériel des PMA et des DAG (1). Gazer des enfants, produire des enfants, aligner des suppliciés, aligner des acheteurs, sélectionner pour le travail, pour la vie, pour la mort, trier les hommes, trier les ordures ménagères, Eros, Thanatos, Thanatos, Eros…Au loin les baraques, parfaites de rationalité. Comme les immeubles collectifs, les cités, nos tours du silence.

Trajet étrange d’un camp à l’autre, une sorte de no man’s land pétrifié où la paysage lui-même, nu, semble à lui-même son propre check-point. Tu as pris ma main je crois, et je me suis rapproché de ton visage. Il fait froid dans le froid. Nous mesurons inconsciemment que nous nous approchons d’un terme et d’un terrible surgissement. Je t’aime et nous sommes arrivés à Auschwitz-Birkenau.

On ne voit d’abord, à perte de vue, qu’une plaine immense et comme on s’est habitué, au fil des semaines, à ce paysage tout de lignes droites et de ciels, une ligne sombre d’où les villages semblent ne surgir qu’à contre cœur, on ne ressent d’abord rien de précis, sinon une crainte diffuse, lancinante, la crainte encore vague mais de plus en plus présente à mesure que se rapproche, là-bas, ces grands traits noirs qui coupent l’horizon- et dont on ne réalisera qu’au dernier moment qu’il s’agit de très hautes lignes de fil de fer barbelé- de ce qui va être vu pour la première fois, éprouvé pour la première fois, bien qu’il semble tout d’abord bien difficile d’éprouver véritablement quelque-chose, de faire sortir l’émotion d’une gangue épaisse (un palimpseste) de lectures, d’images, de symboles. La plaine a aspiré toutes les émotions, imprimé ses lignes et son absence d’ombre –un seul et même blanc aveuglant, aux angles lointains plus sombres, presque gris, interrompu seulement par les barres noires des baraques- au point d’occulter toute autre vision du monde et de faire émerger en nous, à mesure que nous avançons, un autre sens des contrastes, une échelle des valeurs inconnue. C’est aussi une très belle séquence de film, notre film ici à Birkenau dont nous sommes les figurants, dont nous n’avons été, ne sommes et ne serons – et ne serions avoir été- jamais les acteurs. Nous sommes descendus du minibus comme n’importe quel groupe le fait pour rejoindre un site remarquable, avec nos appareils photographiques et des anoraks effroyablement touristiques. Mais nous nous séparons très vite, gênés, et nous sommes seuls tout à coup, tu t’es avancée sans m’attendre vers l’entrée, tu hésites, tu t’es arrêtée, les bras le long du corps, tu sembles plus que jamais cette petite fille inquiète et aussi ce gamin décontenancé, cette jeune fille aussi et cette jeune femme encore, Eve d’une certaine façon et mon Antigone grise et je vais tout d’abord ne pas te rejoindre je dois, moi aussi, rester seul ici, devant l’entrée du camp d’Auschwitz-Birkenau.

Nous étions deux pourtant en arrivant dans ce pays des confins, et nous le serions à nouveau bien que nous ne l’ayons pas été avant ce long voyage et à mesure que nous nous enfoncions dans ces lacs, ces montagnes, ces collines, tous ces paysages semblaient Nous être donnés, même les décors aux teintes passées d’époques oubliées que je n’avais pas connu et dont j’éprouvais pourtant la nostalgie au point, follement, de te les transmettre ; nous étions deux, riant aux éclats en découvrant à Nuremberg, dans notre chambre, notre première chambre d’hôtel, les deux serviettes nouées en forme de cygnes au milieu d’un lit très intimidant, plus tard, pas loin de Dresde, deux à prendre la même photo d’une Trabant grise sous une éolienne vaguement inquiétante, et deux encore et toujours, un peu plus tard dans notre film, à arpenter, transis de froid et de faim, les avenues désertes de Marienbad jusqu’à la Grande Colonnade, et dans la galerie si gracieusement incurvée, pleine à en pleurer de mille fantômes, je t’avais pris dans mes bras et donné comme tu disais un « vrai baiser de cinéma », le lendemain nous avons tous les deux encore, après une nuit amoureuse –le lit, moins intimidant, nous avait permis ces caresses floues que nous avions inventé et te souviens-tu de cette autre rigolade quand, en ouvrant rideau et fenêtre, nous avions découvert le paysage de notre bonheur, un terrain de foot entièrement vide et blanc ?-parcouru ces allées désertes et tous ces palais fermés posés devant nous sous le bleu du ciel, il avait neigé durant la nuit et sur le sol on ne pouvait pas distinguer la frontière entre les allées et les parterres, de temps en temps, quand tu me rejoignais après avoir lentement pris une de tes photographies méticuleuses, je te parlais de Joseph Roth et de Stefan Zweig, de Gustav Klimt et de Karl Kraus, je te parlais de princesses phtisiques dénouant au matin, comme toi, la cascade épuisée de leur grande chevelure, alors tu fronçais les sourcils pour tenter de garder en mémoire ma mémoire et nous étions alors deux enfants mis au monde.

Nous étions deux. Un soir à Prague, dans notre grande chambre à Karlin, je t’ai pris dans mes bras et tu m’as dit –« c’est ton cœur que j’entends, ou le mien? » et je t’ai dit- « c’est le notre ».

Maintenant, le paysage devant nous, autour de nous, n’est plus notre paysage ; ce n’est plus notre décor. On dirait un décor de théâtre abandonné aux ronces et aux rouilles, le décor d’un autre film, terrible, et alentour, une mise en scène de la nature, une mise en scène de la vie présente dans des sortes de "villages Potemkine " (2). Nous n’avons pas eu conscience, à mesure que nous avancions vers l’Est, de cette intoxication des lieux par les signes de Ce Temps. Mais nous sûmes, chacun de notre côté, que nous avions atteint le bout de la route. Que nous étions au bout du monde.

Les véhicules sont garés approximativement sur un terre-plein à la lisière des champs. Dehors, on ne sent plus le froid, on n’entend aucun oiseau, tout est immobile et il fait beau, c’est terrible ce qu’il fait beau. Tout à l’heure, alors que nous roulions lentement, Le Camp a surgi de nulle part ; j’ai reconnu la poterne d’entrée avec sa tour au toit effilé, percée d’une arche haute qu’empruntaient les convois et flanquée de deux ailes longues, basses et sombres, prolongées de deux lignes de très hauts fils de fer barbelés qui se perdent dans l’infini. La tour et les ailes en briques noires, ou noircies, en tout cas matérielles, froides, palpables. Ce n’est plus une image, c’est presque une icône. Devant, transis, émus, incrédules, quelques groupes dispersés ; sortis de nulle part, les guides donnent à voix basse les premières explications, en anglais, allemand, polonais…Le jeune Juif américain rencontré au premier camp et qui avait attendu que la « salle des cheveux » se vide pour photographier la tresse blonde perdue au milieu des scalps gris, le jeune Juif de Brooklyn sanglé dans sa parka bleue, coiffé d’une kippa blanche à liseré doré, reste en retrait et le restera tout au long de la visite. Nous échangeons un regard de reconnaissance et peut-être aussi d’encouragement. Nous franchissons la poterne, voici la longue voie ferrée qui se perd à l’horizon, voici le vide, voici l’absence, voici les friches du néant.

J’avais déjà beaucoup voyagé, visité d’autres confins mais d’une autre sorte, ceux d’Asie, sonores et violents et ceux des déserts de toutes les Arabies et je m’étais perdu au plus profond des plus lointaines et des plus labyrinthiques des grandes villes pour y risquer mon corps et mes âmes, j’avais regardé comme un enfant émerveillé toutes les mers avec leurs caravelles et des cargos aussi, princiers et perdus de Cochin à Singapour et de Malacca à Colombo et connu bien sûr l’exquis étouffement de l’attente des femmes, ces sentinelles de partout qui sont aussi des terres promises, j’avais eu peur et j’avais ri au nez et à la barbe des étoiles un peu partout autour des équateurs et pourtant, en nous voyant ici roulés immobiles dans la draperie épaisse des terres noires, il me semble en effet être enfin parvenu au bout du monde. Depuis le matin je te regardais, tu ne croisais plus tes jambes, tes mains étaient posées, presque jointes, paumes entrouvertes, les doigts à peine repliés, sur le haut de tes cuisses. Tes yeux sont restés grands ouverts. Tu sais, tu sens confusément que tu vas laisser ici les chevaliers de Walter Scott et la comtesse de Ségur, l’ordre serein des premières enfances, peut-être Dieu ; tu ne sais pas que c’est ici –aussi- que tu peux le mieux les retrouver car on entend leur rumeur au dessus de la plaine, d’autres, avant toi , les ayant apporté avec eux comme ultimes compagnonnages, et je sais pour ma part que c’est ici que je vais commencer de perdre ce qui me reste de chimères et les retrouver toutes, au cœur des ténèbres, sous le ciel immaculé d’Auschwitz-Birkenau. C’est une journée splendide, bien que le soleil ne semble éclairer que ce ciel.


Les colonnes de Palmyre.


Nous avons quitté le groupe sur le quai d’arrivée des convois, un peu avant la place d’appel. Nous marchons très lentement vers ce qui reste des chambres à gaz, détruites, des blocs cyclopéens effondrés sur eux-mêmes, enfouis sous les herbes folles comme des ruines antiques. De fait, ce lieu me ramène étrangement aux grands sites grecs et romains des pourtours de la Méditerranée, à Palmyre, à Delphes, à Leptis. Il n’est pas jusqu’à la distribution géométrique des différentes parties du dispositif concentrationnaire, autour d’un « cardo » (l’alignement des baraques parallèle à la voie ferroviaire d’accès), et d’un « decumanus » ( le couple chambres à gaz/ crématoires/Revier), qui ne rappelât la disposition réglementaire du camp et de la ville romains. Un même silence « classique » les entoure, une même ferveur grave nous habite quand nous les parcourons, au ralenti, avec cette vague conscience de nous trouver, ici aussi, aux Origines, à la Naissance, à la Création, fut-elle tragique, funeste, antique en somme ! Toutefois, ces ruines là, plus récentes, des ruines de béton gris, de ce même béton dont sont faites nos constructions modernes, dégagent, par cette communauté, une impression de malaise ; le malaise qu’inspire toute proximité avec un matériau d’usage courant appliqué à une finalité monstrueuse. Ce liant familier tisse avec nous un lien insupportable. Que dire alors des crématoires, noirs de suie épaisse mais dont les bouches d’ombre, atrocement, évoquent aussi les vieux fours des boulangers tels qu’il en existe encore dans nos villages ? Sur plusieurs clichés de l’époque des camps, on aperçoit, posées contre leurs portes d’acier, ces longues tiges de bois ou de métal à l’extrémité « en cuiller », identiques à ceux dont usent les mitrons pour sortir les miches, et dont les malheureux des « sonderkommandos », desservants involontaires de l’enfer, usaient pour extraire les restes avant l’immersion dans les étangs, dont nous devinons seulement quelques reflets, au loin. Ah ! ces terribles temples effondrés issus de quelque culte païen égaré dans notre siècle, ah ! ces propylées effondrées, du « Revier », ah ! ces anti-Parthénons bâtis pourtant par des hommes comme nous, faits de chair et de sang comme nous et comme nous héritiers lointains d’Athènes et d’Olympie ! Et que dire de ces sombres « baraques » aux toits pentus comme des chalets de montagne ? Comédie cynique (à l’image des orchestres accompagnant les suppliciés) ou recréation inconsciente d’une esthétique familière, rassurante ? Dans quelle mesure le bourreau est-il impressionné par son propre gibet ? Temples hindous, palais mozarabes, maisonnettes bavaroises : à Berlin, au Tiergarten, les animaux sont enfermés dans un décor d’opérette. Alors, contre toute attente, l’idée s’impose peu à peu à moi, insupportable, que les hommes capables de cet enfer sont les mêmes que les hommes capables des colonnes de Palmyre !

Je te rejoins. J’ai pris ton bras. Je te parle. J’essaye de te dire tout ce que l’on sait de ce lieu, tout ce qu’il y a à en dire, tout ce qui a pu être transmis. Malgré ton bonnet péruvien à oreillettes, celui que je t’ai offert cet autre hiver à Venise et qui te fais tant rire quand tu te vois dans les glaces, malgré ton blouson, ton jean troué, tes mitaines de laine rose et ta démarche de garçon, ta jeunesse qui ne nous a jamais séparés aujourd’hui nous rassemble et je te regardes, droite, tes bras ballants, ton regard perdu, noyé, séparé de ce que tu vois dans le même temps que contrainte de t’en réunir, et tu prends mon bras comme nous aimons que tu le fasses et nous avançons, toi dans le temps de ta jeunesse, moi dans les cercles confus de mes vies, nous avançons dans ce temps et cet espace des décombres qui est le même temps et le même espace que celui de notre amour, dans notre histoire inscrite aussi dans l’Histoire, nous avançons, lentement, comme un cortège, noués, incertains, maladroits, hésitants. Vivants et pétrifiés.

Sans nous être concertés, nous ne parlons plus qu’à voix basse et ce chuchotement est parfois couvert par des cris d’enfants que nous croyons lointains et qui proviennent en fait de ces bâtiments bas et gris, là-bas, au-delà des barbelés, des lotissements dont nous n’imaginions même pas l’existence, persuadés que nous étions que le camp avait été installé au milieu de nulle part.

Je te parle, mais on est ici bien au-delà de toute parole, de toute expérience. Non qu’il s’agisse en ce lieu de la mort de toute pensée, bien au contraire : des hommes ont pensé cet holocauste, côté bourreaux et côté victimes et ils sont indissociables comme le sont en amont l’eschatologie national-socialiste et le millénarisme apocalyptique de la « Shoah ». Mais on est bien ici au-delà de toute apocalypse, car on est parvenu à la fin du monde et aux origines de ce monde (comme s’il était possible de réunir en un même temps et un même lieu le « big bang » et le « big crunch » que les astrophysiciens assignent à la fondation et à l’effondrement final de notre univers), à la fin de l’Homme et à l’origine de l’Homme, comme on peut l’être à Uxmal ou à Chichen Itza, dans les grands temples Mayas voués aux étoiles et au sacrifices humains, comme on peut l’être dans la Vallée des Rois égyptienne ou au milieu des grands hypogées princiers de Palmyre, ces royaumes de la transcendance et du travail forcé. Aucun lieu au monde n’est aussi atrocement mais banalement emblématique de l’ambivalence de l’Homme qu’Auschwitz-Birkenau, apothéose de la rationalité et du chaos.

Mais tu ne connais encore ni le Mexique, ni l’Egypte, ni Palmyre ; tout au plus sens-tu confusément qu’ici a eu lieu une grande transgression dans le même temps qu’une grande mémoire a donné ici la plus tragique et la plus puissante de ses représentations. J’essaye de te dire que l’inégalité des « adversaires » n’exclue pas l’idée d’une ultime confrontation ; j’essaye de te dire que le bourreau, secrètement, admire sa victime qui elle, de son côté, n’existe parfois que dans le regard de son bourreau, je te raconte « Portier de nuit » , le film de Liliana Cavali, où Charlotte Rampling et Dirk Bogarde jouent une bien étrange partie, j’évoque ce poids en moi à force de porter, comme tous les hommes, ma part de lumière et ma part d’ombre, ma part maudite. Tu m’écoutes, tête baissée, tu tires sur tes mèches de manière un peu nerveuse comme tu le fais toujours quand tu glisses dans l’incertitude, des groupes de jeunes passent près de nous et la lumière du jour a un peu décliné mais nous nous rendons à peine compte de ce qui est périphérique à notre échange. Ce lieu terrible nous est d’une certaine façon étrangement familier. Tu sais que je porte en moi ce crime et sa rédemption, comme je sais que tu portes en toi le désir et son dépassement ; tu connais la clef de mes passions et je connais celle de tes collections. Tu m’écoutes pour savoir ce que tu dois connaître mais tu baisses les yeux pour entendre ce que tu dois comprendre.

Au moment où, parvenus au bout de l’interminable quai de triage, nous nous arrêtons un moment pour regarder, incrédules, le linge qui sèche devant les petites maisons blanches, de l’autre côté de la clôture de barbelés – des brassières de bébé, des tabliers d’écoliers, des bleus de travail- à cet instant précis où le regard bute contre les peupliers – la première ligne verticale qui nous soit donnée de voir depuis notre arrivée- nous savons pourquoi le voyage devait nous mener ici, à Auschwitz-Birkenau.


Une jeune fille de notre temps.


Elle sait pourquoi la dernière leçon devait être donnée ici, à Oswiecim, très près de la Russie, c’est-à-dire de l’Orient, un Orient qu’elle ne connaissait pas, ou si loin des grands livres de l’oncle Paul dans la Babel feutrée de la Passagère, et bien qu’elle ait souvent senti monter en elle, comme une sève obscure, toute la violence et toute la pureté de toutes les croisades, cet univers d’hommes tissé de haches, de chevaux et de sang, de désarroi et d’agenouillements et repris tant bien que mal, dans le silence et la réserve, le cours de la vie d’une jeune fille de notre temps.

Elle sait qu’ici, il lui donne une leçon de Temps et d’Etre. Elle est debout devant lui, les bras le long du corps ; pour la première fois de sa vie, elle laisse ses cheveux tomber sur son visage ; pour la première fois de sa vie, elle sent son corps très proche d’un autre corps et écoute cette voix au timbre grave, passionné, lui parler du Bien et du Mal. Il ne lui fait plus peur.

Il parle de tous les grands holocaustes, il parle de ces peuples que seul le martyr identifie, il parle de la complicité des bourreaux et des victimes, il lui avoue porter en lui, comme tout homme, la tentation du crime et de la trahison, la pureté du crime, et le pardon et la grâce, et toute oppression et toute résistance, tous les viols et toutes les Chapelles Sixtines, Natacha, si ton dieu est parmi les hommes, c’est qu’il les connaît, qu’ils ne sont qu’une part de lui-même puisqu’il est en chaque homme, Dieu et l’enfer sont ici réunis car ils font partie tous deux de notre chair et de la chair du monde. Je crois que Yhave trouve ici non sa fin, mais son apothéose, quand les SS se saoulent d’un sang qu’ils envient, je crois aux métamorphoses de l’enfer et à la tentation des empires et des grands holocaustes, je crois qu’un même dessein, né d’une grande folie humaine, d’une « Ubris » éternelle, animait Alexandre, Gengis Khan, Hitler, Staline, Mao et les autres, serial killer, serial lover, la folie de l’Etre total, la folie de l’impossible éternité, la souffrance des finitudes, la grande angoisse du vide devant nos pas et qui fait, aux uns créer des dieux, aux autres les abattre, mais briser les idoles c’est idolâtrer leur chute, nous n’irons pas plus loin que cette longue plaine Natacha, mais si nous avancions encore, vers l’Orient, bien au-delà de l’Ukraine de ton prénom, loin au-delà de l’Oural, nous atteindrions la Kolyma, dans les toundras de laquelle, comme des fossiles, reposent les corps de cent mille poètes, regardes les derniers jours de Mandelstam dans Moscou de nouveau livrée aux écorcheurs, Iossip qui croyait aux anges et Nadedja mendie pour lui le pain du dernier repas, regardes cette Cène, regardes le siècle qui « avance », nos assassins qui n’ont même plus le courage des couteaux, on organise autour de nous la mort comme un bureau de change, il suffit de justifier le Mal pour pouvoir en jouir, regardes l’industrie tranquille de la mort et le gentil humanisme des équarisseurs.

C’est ici que tout cela est né, cette industrie de la mort, cette mathématique du crime, cette consommation des corps, encore que les nazis, tout imprégnés de chimères médiévales fussent encore attachés aux bûchers et aux fosses profondes et qu’il leur fallut, dans la nuit orientale, contempler les rougeoiements du Sacrifice comme on assiste, incrédule, sur les ghats de Bénarès, aux crémations immémoriales depuis l'autre rive du Gange, et les Juifs, dépossédés et nus avançaient en silence vers leur éternité en forme d’anéantissement, participant de la grande symétrie des eschatologies tragiques, un peu comme tu as avancé vers moi bien que j’ai voulu te détruire et nous voici comme réconciliés dans la conscience d’une folie commune, comme interrompus dans ce qui fut notre jeu du désir et de la mort ,par la vision de l’holocauste de ces millions d’hommes dont même les ombres, ici, manquent, mais frémissent autour de nous et enroulent leurs voix dans les interstices du silence. Tous sont nos frères. Tous, hélas!


Elle prend ses mains et il la regarde, derrière eux, les décombres de la chambre à gaz, un escalier effondré s’achève sur un long pan de mur en ruine, plus loin, un plan incliné descend doucement vers un autre pan de mur effondré, sans doute la « salle de douche », l’imagination, ici, supplée, en plus terrible, à toutes les reconstitutions, plus loin, le jeune Juif venu des Amériques, immobile, photographie des pierres, une flèche de soleil fait briller pendant une fraction de seconde le liseré doré de sa kippa, un groupes de japonaises très jeunes se mettent à ricaner parce que tout pèse soudain d’un poids insupportable, toute cette matière, tous ces limons qu’on devine, et ces métaux rouillés qui furent jadis intacts, rutilants d’efficacité, au loin, la tour d’appel comme un amer absurde, l’icône qu’il est devenu dans ce monde iconique qu’a produit, aussi, l’industrie concentrationnaire, nous sommes au bout de notre visite et au bout de la pensée, et nous sommes aussi au cœur de tout ce qui reste de pensée en Occident, en ce lieu se sont cristallisés et fondus, avant leur crémation, toutes les imageries, tous les dieux, toutes les merveilles, le romantisme allemand tout encapuchonné de brumes et de tourelles, les chants d’amour du Zohar et du Cantique des Cantiques, les synagogues de Prague et les caravelles fourbues dans l’estuaire du Guadalquivir, et les rêves de bronze et de givre des chevaliers teutoniques, ici est l’Aleph du monde où s’achèvent et se justifient toutes les crucifixions, et les voici aussi nus que le furent ceux qui ne sont plus autour d’eux que des ombres, et elle lui demande de la prendre dans ses bras, de lui caresser lentement la tête et le visage en lui disant que ses chevaliers furent des preux, et il la prend dans ses bras, et il voudrait lui raconter une grande histoire d’elfes, de chevaliers et de philtres, car des enfants ici, avant, ont rêvé une dernière fois d'elfes, de chevaliers et de philtres, car Auschwitz appartient au même monde que celui des elfes, des chevaliers et des philtres, sa joue est froide comme la joue d’une poupée de porcelaine, froide comme le sont souvent les joues des petites filles, son corps, contre le sien, garde aujourd’hui la droiture des vierges et il aime, aujourd’hui, cette droiture, parce que c’est tout ce qui reste des grâces anciennes des temps révolus, enlacés au bord de la chambre à gaz, ils sont reliés, enfin, dans la mémoire du monde et je suis ton Tristan et tu es mon Yseult.

Il tient la promesse faite à Esther, se tient quelques instants debout devant la stèle française, autour de lui des lycéens polonais chahutent. Natacha a disparu. Il se retourne. Au loin, toujours cet horizon lourd et la tour d’appel, à gauche les baraques d’où il comprend enfin que lui parvient cette musique lancinante qui les suivaient depuis le début, une musique tzigane. Un musée. Le cérémonial de la commémoration, c’est-à-dire la véritable mort, le véritable oubli.


Je te vois, aussi lointaine que le jeune Juif des Amériques, aussi perdue, aussi incrédule, aussi jeune ; tu avances le long de la voie, lentement, les poings dans les poches de ton blouson, mais il me semble que tu te tiens plus droite, que ton pas soit plus ferme, que toute ta silhouette soit en quelque sorte un peu plus souple, un peu plus mobile, un peu plus légère. Ton vieux jean et tes chaussures de sport, ta natte ramenée sous ton col, tu t’arrêtes, tu te retournes, tu me fais signe de la main, ta main sur mon visage à Exeter, ta main dans ma main à Djakarta, ta main à mon bras à Pondichéry, ta main sur mon épaule quand nous roulions vers Sky, ta main des communions solennelles, ta main d’enfant qui aura tourné les pages des contes, ta main que je prendrai un peu plus tard, un peu plus tard dans notre histoire, pour reprendre la route. Il fait presque nuit. Demain commence le troisième millénaire et nous nous aimons. A Oswiecim.




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(1) PMA ( Procréation médicalement assistée) ; DAG (Diagnostique ante natal de grossesse).

(2) « Village Potemkine » : nom que l’on donnait ironiquement aux villages que l’impératrice Catherine II de Russie visitait et que son ministre Potemkine embellissait afin qu’elle fût satisfaite du bien-être de son peuple. Par extension, tout travestissement politique.






2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je me rends par hasard sur votre blog, en quête d'une éventuelle information pour notre prochain cours samedi, et je découvre cet article. Comme je vous l'ai glissé en sortant samedi d'il y a 15 jours, je suis allé à Auschwitz avec d'autres jeunes dans le cadre du Train de la Mémoire organisé par le Père Dujardin.
J'avoue que découvrir cet article, par hasard, quand on ne s'y attend pas, provoque un choc profond. D'abord les photos, qui apparaissent, et que j'ai reconnu au premier regard, car les images que nous voyons à Auschwitz-Birkenau restent et resteront à jamais gravé en moi et en chacun de ceux qui s'y sont rendus.
Je n'ai pas encore de grande expérience de la vie, je ne suis pas historien, aussi je ne vais pas m'éterniser car pour moi au monde je ne voudrais spolier un article comme celui-ci qui me semble majeur, mais permettez moi de vous dire merci, simplement merci, d'avoir dit les mots si difficiles à trouver, d'avoir traduit l'intraduisible, d'avoir réussi à faire ce dont je suis incapable encore aujourd'hui, à savoir en parler comme vous le faîtes, aussi librement et surtout autant "en profondeur", je ne me sens pas encore la force de le faire, mais avoir l'occasion de lire un article qui dit tout cela, toutes ces choses qu'on voudrait dire aux autres pour qu'ils comprennent, pourquoi on se sent tellement décalés à notre retour, pourquoi on a l'impression de n'appartenir plus au même monde, de n'avoir plus tout à fait les mêmes priorités, ou les mêmes centres d'intérêt, leur expliquer pourquoi tout à coup on se met à se poser des questions existentielles, ces réponses à toutes ces question sont contenues dans votre article. Aussi je réitère mon remerciement, pour tous ces mots si bien choisis, et cet article si bien composé.

Je vous souhaite une bonne soirée et à samedi.

Jean-Baptiste Marchioni


PS: j'ai hésité avant d'écrire ce post-scriptum mais après tout je n'ai rien à y perdre. J'ai lu dans votre description que vous écrivez des poèmes. Il s'agit donc d'un autre point commun je ressens moi-même un besoin (quasi vital) d'écrire, en vers, pour me décharger de tout ce qui me pèse, et depuis peu, je publie quelques poèmes de temps en temps, sur un blog, mon blog, dont je vous laisse ici l'adresse, à tout hasard (si vous avez du temps à perdre et que vous souhaitez lire les écrits laborieux d'un adolescent de 16 ans!!): http://ame-de-poete78.skyrock.com

Olivier Milza de Cadenet a dit…

Cher Jean-Baptiste;
J'userai ici de ton prénom et d'un tutoiement fraternel -le "maître" se met ici entre parenthèses, nous sommes, ici , à égalité. Ce texte est d'abord littéraire avec quelques incidentes "philosophiques" et moins historien. Pour tout te dire, il s'agit d'une section d'un livre que j'écris et que, dans la rubrique "Journal de voyage", je "teste"auprès de ceux qui me font l'amitié et l'honneur de me lire. C'est aussi tu l'auras compris une histoire d'amour, le télescopage d'un couple avec un lieu central de notre espace-temps. Le blog permet aussi, et tu en es la preuve vivante, de toucher (dans tous les sens du terme) les Autres qui, loin d'être l'enfer (Sartre) sont surtout l'Autre de nous-mêmes, cet autre indispensable dont l'écho nous relie. Merci de ton message, très émouvant. Quant à tes 16 ans, ils n'ont ici rien à voir. Je te lirai et dès à présent, t'incite à écrire, à écrire, à écrire...
En amitié.
Ton (par ailleurs) professeur.
OMDC.