SC-PO CELSA: COURS ET PROBLEMATIQUES.

1. Le phénomène fasciste dans l'entre-deux-guerres.

"Phénomène" incite à l'analyse des polyphonies d'un concept (Sternhell, Aron, Arendt, P.Milza, E.Nolte...).
"Fasciste" renvoie à un modèle italo-allemand (Arendt, P.Milza) et contient le problème de la distinction d'avec les régimes autoritaires classiques dits "autoritaires-charismatiques" (Aron).
"Entre-deux guerres" c'est 19-39 et l'identification de deux périodes, voire trois:
-Préfascisme et aspects révolutionnaires anti-capitalistes (Italie 19-22 et Allemagne 19-25).
-phase d'alliance tactique (des deux côtés) avec les milieux industriels): Italie 1925-1936 et Allemagne à partir de 1930. On passe dans la "Révolution conservatrice" de Nolte (cf ma fiche de lecture sur Nolte et Arendt dans "Grandes lectures").
-phase totalitaire: Allemagne 1936-1939 et posez la question de l'Italie, donc celle du "full fascism".

Voilà ce qu'il faut faire quand on "reçoit" le sujet: délimiter le champs d'analyse. Le plan découle alors assez facilement de cette propédeutique.

I.La première guerre mondiale amplifie un phénomène préfasciste largement d'origine franco-italo-allemande (Nolte, Sternhell) qui s'enracine dans les révisionnismes et les tendances protestataires (Allemagne, Italie) et prend dans un premier temps une colorature révolutionnaire (1919-1925).

A/ Le rôle amplificateur de la première guerre mondiale et l'émergence de postures fascistes.
1.Une "levée en masse" des classes moyennes ( cela vous permet de faire des retours sur les préfascismes à travers la récurrence des mouvements protestataires en Europe avant 1914);
-Les Ligues patriotiques/antisémites en France;
-L'anti-libéralisme hérité de "l'époque de Panama" (1889);
-La recherche de bouc-émissaires extérieurs/intérieurs ("Le juif") sur fonds d'une xénophobie et d'un racialisme que la guerre va renforcer ("Chrétiens-sociaux" de Stöcker et pangermanisme en Allemagne; mouvement chrétien-social autrichien de Karl Lueger...).
2. La tentation de l'ordre et de l'autorité.
-Vers plus d'Etat (1917, interventionnisme économique et social bien vu par Arendt).
-L'autorité renforce une droite musclée, par exemple en France à l'époque du Bloc National.
3. Les révisionnismes comme support nationaliste des fascismes.
-Italie: de d'Annunzio à Mussolini (au passage, on peut évoquer les origines néo-futuristes du fascisme italien: éloge de la violence, du vitalisme, de la modernité -cf expo de Beaubourg).

B/ le "laboratoire" italien.

1. Mussolini entre Sorel, Proudhon et le futurisme.
2. La phase révolutionnaire du fascisme italien de 19 à 22 ("Marche sur Rome" et fonction symbolique des "fasci"...
3. Corporatisme, anti-capitalisme et césarisme révolutionnaire (culture fasciste).

C/ Le mythe national-socialiste allemand.

1. La tentation putshiste (20-25).
2. Les S.A: un nazisme révolutionnaire.
3. L'anti-libéralisme des années 20 (la critique nazie de Weimar).

TRANSITION: la crise économique et la montée du bolchevisme vont faire évoluer les fascismes vers une défense de l'ordre et de la nation contre le communisme, qui plus est suspecté d'être "apatride" et "judéisé". D'où le renforcement d'une conception "organiciste" du pouvoir et de la société et l'évolution vers le totalitarisme.

II. La crise économique et l'évolution des rapports de force dans l'entre-deux-guerres débouchent sur un infléchissement totalitaire, beaucoup plus marqué en Allemagne qu'en Italie, tandis-que d'autre pays européens connaissent des poussées fascisantes dans le cadre du retour à des expériences autoritaires classiques.

A/ L'Italie de 1926 à 1939.
1. Les lois fascistissimes et l'encadrement de la société.
2. Le poids des questions économiques et l'idée d'achèvement fasciste de l'Unité.
3. L'évolution des RI et le tournant de la période 36-38 (Axe, Pacte anti-Komintern...) au cours de laquelle l'Italie semble s'aligner sur l'Allemagne (Pas romain, centralisation du pouvoir, lois anti-juives...). Mais pas de "full fascism" pour autant pour les raisons vues en cours.

B/ Le nazisme passe de l'anti-libéralisme à la défense de l'Ordre Nouveau et au totalitarisme.
1. De 1925 à 1933, le nazisme passe à la défense des intérêts traditionnels.
2. De 34 à 39, la "Totalmobilmachung" débouche sur un encadrement totalitaire de l'économie et de la société.
3. L'encadrement de la culture: un modèle nazi.

C/ Les tendances fascistes en Europe.
1. L'Angleterre de la B.U.F d'Oswald Mosley et la France des Ligues (1934...). Mais résistance de la république ou de la monarchie parlementaire. Ce ne sont que des tendances fascistes ( demande d'ordre et d'Etat...). Voir ici le témoignages des "Vestiges du jour" de JAMES IVORY en 1994.
2. En Europe du Sud: Espagne et Portugal. mais davantage des expériences de "pronunciamento" fondées sur une défense des ordres traditionnels (Franco, Salazar).
3. Europe de l'Est: Hongrie, Roumanie, Pologne.
(Pour ces deux dernières sous-parties, voir Pierre MILZA, "Versailles à Berlin" et le chapitre sur "Fascismes et idéologies réactionnaires en Europe").

CONCLUSION:

-Un phénomène complexe capable de mutations.
-La recherche de la quadrature du cercle: la révolution conservatrice.
-Un full fascisme réalisé uniquement côté allemand.


2. L'évolution de la place de la France dans le monde de 1880 à 1920.

-Une puissance relative;
-Un empire colonial plus politique qu'utilitaire;
-Une victoire de 1918 aux pieds d'argile.

I. Une grande puissance.
A/ Economique.
B/Une référence culturelle et un modèle politique qui s'exportent (de 1905 à 1920). Cf Europe centrale et Balkans après la guerre.
C/ Un empire politique et une politique étrangère de revanche que la guerre et Versailles amplifient.

II. Un colosse aux pieds d'argile?
A/ Les rivalités franco-allemandes de 1880 à 1920: la victoire débouche curieusement sur une volonté de revanche intacte qui provoque des tensions avec la GB et les USA.
B/ Les rivalités inter-impérialistes de 1905-1914 préfigurent les oppositions à la France en particulier de la part de la nouvelle Russie révolutionnaire, ce qui met fin provisoirement au "binôme" franco-russe.
C/ Un pays vainqueur qui impose sa loi avec difficulté et connaît même un début de contestation en Afrique du Nord et au Proche-Orient, sans compter les divisions franco-américaines, ce qui renforce un impérialisme financier et la recherche d'un redéploiement en Europe (Alliances de revers...).

Conclusion:
-Un prestige écorné par la guerre;
-Une République qui va connaître des remises en causes importantes.
-Une puissance relative face à la montée des USA et de la Russie.




Analyser, conceptualiser, modéliser: votre démarche doit être dialectique, politologique et surtout polyphonique. L'Histoire, depuis 30 ans ou plus, est devenue structuraliste, d'autant que la géopolitique lui a apporté un outil méthodologique trans-disciplinaire.
La disserte est aussi un exercice rhétorique par lequel il faut passer pour réussir. Si vous vous en attristez, haut les coeurs mes canards et "en avant calme et droit"!!

On peut aussi, pour continuer sur mes comparaisons musicales (les gammes) et l'exemple de la danse (la barre tous les jours), méditer cette belle formule de Claude Nougaro, à propos de la danse justement:

"La danse est une cage pour apprendre l'oiseau".


Bon courage!
Le capitaine.