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jeudi 11 mars 2010

AUTOUR DE JOAN W.SCOTT: "THEORIE CRITIQUE DE L'HISTOIRE"

JOAN W.SCOTT ; « THEORIE CRITIQUE DE L’HISTOIRE"

Programme mobile de l’IEP de Lyon




JS =Joan W. Scott.
OMDC= additif ou remarque critique d’Olivier Milza de Cadenet.




PARTIE I : L’HISTOIRE COMME CRITIQUE

JOAN W.SCOTT (JS) regrette l’abandon du post-structuralisme, mouvement de pensée qui tentait une synthèse entre structuralisme et école de Francfort à partir d’une relecture de Marx plus anthropologique et structurale. On sent chez elle l’influence marxiste dans l’usage d’une taxinomie de type « bourgeois libéraux » ou « monde post-colonial » (p37) et dans des citations très « ouvertes » de Marx : « Nous ne voulons pas anticiper le monde dogmatiquement » ou « Nous développons pour le monde des principes nouveaux que nous tirons des principes mêmes du monde ». Reste que Marx procède à partir du « matérialisme dialectique » (lutte des classes ) et de « principes » préétablis que rejettent les structuralistes. JS, malgré tout, applique dans la partie III les grilles de lectures structuralistes dans son étude des femmes et en se référant à MICHEL FOUCAULT à partir de la page 38.
M.FOUCAULT repris par JS :
-La critique historique comme enquête à travers les événements (p38).
-L’Histoire comme une série discontinue, non de faits, mais d’interprétations (p 41).
-L’Histoire, non comme la conséquence inévitable du passage du Temps, mais comme une série d’options qui se sont imposées grâce à l’élimination des autres.
Si la linguistique structurale (Saussure, Jakobson, Chomsky) introduit l’étude sémiologique du discours comme représentation symbolique, alors étudier l’Histoire, c’est étudier les discours sur l’Histoire. Le discours EST Histoire.

« En fin de compte, ce qui se passe dans la tête de quelqu’un, ou d’une autre série d’individus, ou dans les discours qu’ils tiennent, cela fait effectivement partie de l’Histoire : dire quelque chose est un événement ». (M.FOUCAULT in « Nietzsche, la généalogie, l’histoire »).

Dans cette Histoire, le Sujet remplace l’être-en-soi de l’école de Francfort pour qui il existait une essence de l’humain.
JS rappelle l’application de cette posture à l’étude et à l’Histoire des homosexuels : l’homosexuel existe de tout temps mais c’est au XIX° siècle qu’on le désigne comme « inverti ». Il devient une catégorie, en particulier juridique, ce qui détermine son identité collective et, le cas échéant, son action militante. Idem pour les femmes et les ouvriers qui s’historicisent en devenant un « problème » (pp 46-50 et JS développera cette méthode dans la partie III qui fonctionne comme application, en particulier à propose de l’Histoire des femmes).
OMDC : risque dans cette posture de pousser le « différence » du Sujet trop loin et d’accepter les débordements du « droit à la différence » de type excision ou port du voile au nom de la réification d’une altérité absolue. C’est Foucault défendant la révolution islamique en Iran en 1979 ou les intellectuels de gauche actuels justifiant la burqa au nom de ce même « droit à la différence ». En revanche, la vision foucaldienne est pertinente pour étudier l’autre dans son altérité sans lui appliquer une vision occidentaliste préétablie. Il faut en tout cas repérer des « concepts essentialisés dans des circonstances historiques particulières » (JS p50). J’ai personnellement appliqué une grille de type structuraliste dans mon livre « Immigration et politique en France »

Additif sur FOUCAULT.

-Chez lui, l’Histoire procède d’un calcul de forces et fonctionne comme mémoire marquée par le
conflit, le Polemos, c’est-à-dire par des rapports de domination et de pouvoir. L’Histoire comme discours qui produit de la guerre, du conflit.
Illustration dans son « Histoire de la folie à l’âge classique » (1961).
C’est une histoire de la représentation des « fous » (pas de la folie) au cours des temps modernes, en sachant qu’on atteindra pas l’état « sauvage » (au sens de la « Pensée sauvage de Levy-Strauss), irréductible à toute analyse, de la folie, et ce n’est pas non plus une histoire de la psychiatrie (ni catégorie « fou » ni catégorie « médecin : « Il ne s’agit pas d’une histoire de la connaissance, mais des mouvements rudimentaires d’une expérience (cf JS dans la partie II, « L’évidence de l’expérience)…Faire l’histoire de la folie voudra donc dire faire une étude structurale de l’ensemble historique – notions, institutions, mesures juridiques et policières, concepts scientifiques- qui tient captive une folie dont l’état sauvage ne peut jamais être restitué en lui-même ».( M.Foucault).
Il n’y a pas une seule réaction possible à la folie et le regard que l’on porte sur elle dépend de la culture dans laquelle elle s’inscrit :
-Moyen-âge : la folie remplace peu à peu la lèpre dans l’univers apocalyptique occidental (cf œuvres picturales de J.Bosch et de P.Brueghel). La folie a un visage inquiétant et fascinant parce qu’elle paraît incarner un savoir ésotérique (Apocalypse, bestialité, nuit, millénarisme…).
-Renaissance : Folie comme image de la faiblesse et des illusions des hommes (« Eloge de la Folie » d’ERASME de Rotterdam). Une « folie » qui permet de mieux nous comprendre.
-XVIII° : C’est l’enfermement des fous comme « déviants » (création de l’Hôpital Général à Paris –l’Hôtel Dieu actuel- en 1656). On y interne aussi les débauchés, les vénériens, les délinquants, les marginaux. La folie est réduite à la déraison et se mêle avec tout ce qui marque un écart par rapport à la norme sociale. L’internement à l’âge classique n’a donc pas une visée médicale, mais un objectif à la fois moral et économique.
-XVIII-XIX° : en 1793, l’aliéniste PINEL décide d’ôter leurs chaînes aux aliénés de l’hôpital de Bicêtre, malgré les mises en garde du pouvoir politique. Mais l’asile apparaît, lieu d’une uniformisation sociale et morale à travers l’émergence du concept de « maladie mentale » et de la psychiatrie institutionnelle.

JS aborde ensuite le thème de la PASSION POUR LA CRITIQUE ; Passion au sens de désir (application en partie III sur les Noirs et les Femmes) a p de la p52 :
-OMDC : rappeler ici l’enseignement d’ARISTOTE, repris par JACQUES DERRIDA (commenté par JS plus tard, cf infra.) : tous les hommes veulent savoir et il y a un plaisir de la « sensation inutile du …savoir pour savoir » (l’art pour l’art en quelque sorte). Lien entre ce plaisir le la sexualité (la connaissance sexuelle chez Freud, préambule à toute connaissance chez l’enfant. Cf la formule de l’Ancien Testament : « Il la connue » et le lien entre Amour et Connaissance dans le Cantique des Cantiques ou le Zohar talmudique. On peut citer ANTONIN ARTAUD –« fou » célèbre, auteur du « Théâtre et son double » et grand admirateur des sociétés amazoniennes (cf Lévy-Strauss) : « A quelle partie de son corps faisiez vous le plus souvent allusion ? A Dieu ».(in « L’ombilic des limbes » chez Gallimard-Poésie). Enfin, connaître, c’est co-naître, cad naître avec, venir au monde et appréhender le monde.
Cette passion (au sens christique) est jouissance (Foucault) car elle nous fait perdre nos points de repères familiers (p57) et nous amène à faire sauter les verrous que nous opposons à toute « incursion opportune ». Le désir nous fait avancer vers des champs inconnus de la connaissance.
La Passion de la Révolution, par exemple, n’est pas autre chose que la DECONSTRUCTION (au sens de DERRIDA) des sens réglementaires.
P59 et suivantes : une ETHIQUE DE LA CRITIQUE : les points communs au marxisme et au post-structuralisme (Marx, Adorno, Foucault) sont d’éveiller la conscience de « ceux qui étaient opprimés par le capitalisme bourgeois » (p60). Mais Foucault avance, comme Jacques Derrida, qu’il faut soumettre toute norme nouvelle à une nouvelle critique (citation de Derrida p 60), car « la possibilité d’un avenir n’est assurée que grâce à l’insatisfaction persistante de la critique » (p61).

C’est ici tout le problème de l’écriture de l’Histoire qui doit continuer à critiquer des postures mais ne doit pas en rester à cette critique, parfois discutable et relative (p61). Il faut aussi analyser en déconstruisant les conditions dans lesquelles sont nées nos valeurs et en quoi elles influencent notre critique. En gros dit JS, il faut critiquer nos propres catégorisations. J’ajoute à JS qu’il faudrait aussi appliquer cette méthode au…marxisme justement, ce que nombre de post-structuralistes, et JS elle-même, hésitent à faire (« Bourgeois et prolétaires » p61 est une taxinomie qui relève justement d’une catégorisation partisane subjective !).
« L’objet de l’écriture critique de l’Histoire n’est autre que le présent », car c’est au crible de notre présent et de son analyse que nous regardons l’Histoire passée. Cette analyse est à rapprocher de la citation de l’historien italien BENEDETTO CROCE : « Toute histoire est histoire contemporaine ». JS passe alors à l’analyse de la notion d’événement en partant des travaux de JACQUES DERRIDA, le « penseur de l’événement » (Jérôme-Alexandre NIELSBERG) par excellence, et de son concept de DECONSTRUCTION.

DERRIDA (additif OMDC).

Son concept de DECONSTRUCTION –déconstruire nos catégories en les passant au crible de la critique-est lié à ses travaux sur l’Ecriture et l’idée que tout est texte, que « toute expérience est structuré comme un réseau de traces renvoyant à autre chose qu’elles mêmes » (JD). Ainsi, tout Présent renvoie à un autre Présent : c’est le « Présent-trace » (cette conception est appliquée par JS à l’étude des groupes « marginaux » dans la partie III (« Echo-fantasme »). Il faut donc déconstruire pour repérer ces « présent-traces »dans le discours. On retrouve ici l’idée foucaldienne d’une Histoire comme Histoire des discours (cf supra). La Déconstruction est une Histoire ou une généalogie des idées (cf « L’archéologie du Savoir » de Foucault en écho de la « Généalogie de la morale » de Nietzsche). Elle « fait droit à des interprétations de lecture, d’écriture, de transformations du texte général, qui sont autant d’événements. Ils font arriver des choses nouvelles (OMDC : dans le corpus biblique, l’Evangile, c’est la « bonne nouvelle »), surprenantes pour celui-là même qui en fait l’expérience. Il n’y a pas de maîtrise de la déconstruction, simplement rencontre « d’autre chose », de quelqu’un d’autre qui vous dicte chaque fois la loi singulière d’une lecture, qui vous intime l’ordre de vous rendre responsable, de répondre de votre lecture » (J.DERRIDA).
Cette analyse me fait penser à la phrase de JEAN GENET : « Les Noirs écrivent leur texte sur la page blanche de l’Amérique ».
Le « geste déconstructif » fait avancer l’Histoire en tant « qu’aventure singulière dont le geste dépend à chaque fois de la situation, du contexte, politique notamment, du Sujet, de son enracinement dans un lieu et une histoire »(DERRIDA).
L’événement est un avénement, l’événement « comme ce qui arrive, imprévisiblement. Non seulement « ce » qui arrive mais ce « qui » arrive, l’arrivant, la question »(DERRIDA), entendez la « chose » qui arrive et le questionnement que pose cette « chose ».

Rappelons que DERRIDA passera au crible de la Déconstruction le marxisme, dans « Spectres de Marx » comme le fera à sa manière LOUIS ALTHUSSER dans « Pour Marx » et « Lire le Capital » (entendez le « Capital » de Marx).

C’est dire toute la valeur de l’Expérience, mais aussi ses limites, que JS aborde dans la Partie II, « L’évidence de l’Expérience ».


JOAN W. SCOTT ; « THEORIE CRITIQUE DE L’HISTOIRE ».

Partie II : « L’évidence de l’expérience »

1/ Visibilité.

Concept de « visibilité » dans l’expérience de soi et de l’Autre. PP 69-70, avec le témoignage de DELANY, on part du regard d’un homo sur lui-même à partir d’une scène de sauna où lui saute au visage, face à tous ces hommes alignés, l’évidence de sa condition d’homo, son « Etre-homo ». C’est dans ce « se voir être » que se constitue un sentiment de communauté (les Gays, les Noirs et les femmes sur lesquelles JS revient longuement dans l’application de la partie III). C’est l’existence d’un groupe à partir d’une « masse de corps ».
-« Voir est à l’origine du savoir », mais c’est aussi l’origine des images préconçues et des clichés : problématique du regard sur les immigrés, les Juifs, les Arabes, c’est la question de la visibilité d’un groupe :
-Les immigrés Juifs d’Europe centrale en France et leur forte visibilité religieuse (pour la plupart des ashkénazes hassidiques) dans les années trente, relance l’antisémitisme français (cf cours d’Histoire des années trente et mon intervention sur « Immigration et politique en France »). Cette question des images de l’identité a été analysée en particulier par JEROME NEUTRES, dans son « Genet sur les routes du Sud » à propos des relations de Jean Genet avec les Noirs du Black Power et les Palestiniens. Chez ces derniers, il y a conscience de l’image qu’ils suscitent en Europe à l’époque de l’OLP d’Arafat dans les années 1960-1970.

2/ Témoignage et expérience.

JS étudie ensuite le témoignage écrit comme preuve et comme narration (p 72).
-Le récit d’Auschwitz est la preuve d’Auschwitz et Auschwitz (les camps, les décombres…) authentifie le témoignage.
-« Qu’est-ce qui peut être plus vrai qu’un témoignage personnel » ? questionne JS. (p73).J’ajouterai…qu’est-ce qui peut être plus sujet à caution, plus subjectif, plus subverti par les représentations. D’où la citation de LIONEL GOSSMANN p72 : « Les preuves ne sont jamais que de preuves et ne peuvent être reconnues comme telles que par rapport à une narration potentielle ; ce qui permet de dire que la narration détermine la preuve tout autant que la preuve détermine la narration ». Additif OMDC :La pseudo-révolution roumaine de 1989 au moment de la chute de Ceaucescu fut mise en scène télévisuellement par les opposants au Conducator qui investirent l’immeuble de la télé à Bucarest et fabriquèrent des « preuves » comme le faux génocide de Timisoara. Leur narration authentifiait la « preuve » qui à son tour appuyait la narration. Idem avec l’utilisation du cinéma dans la Révolution russe (cf cours).
L’historien parle au nom du réel, témoigne du réel. Mais son « expertise » camoufle son « intention », sa pratique réelle, la philosophie de sa pratique, c’est-à-dire sa « praxis ». D’où la citation de MICHEL DE CERTEAU p73
Car je ne vois que ce « qu’on m’a appris à voir » (p75) selon la formule de MINNIE BRUCE MATT citée par JS. Vous pouvez citer ici « L’Inde Fantôme », documentaire de Louis Malle ou le cinéaste, au cours d’un long voyage en Inde dans les années 1960, explique qu’il regardait les choses de manière « doublement étrangère » : en tant qu’occidental et en tant que cinéaste. Il lui fallait apprendre à voir différemment.
Pour dépasser cela, « il faut nous intéresser aux processus historiques qui, à travers le discours, positionnent les sujets et produisent leur expérience ». Il faut donc « Historiciser la différence » pour mettre à jour l’archéologie, la structuration de la différence, et non seulement elle mais aussi les mécanismes répressifs qu’elle a produit (folie chez Foucault, homosexualité, femmes…). C’est aussi le moyen de sortit des catégories, des schèmes préétablis à travers lesquels nous voyons les autres et qui infléchissent notre expérience, donc l’Histoire que nous écrivons (p86). Additif OMDC : le débat actuel sur l’identité française devrait tenir compte des clichés et schémas de représentation de chaque communauté « en miroir ». Ne pas oublier que nous sommes des locuteurs situés socialement et intellectuellement ; notre savoir n’est pas extérieur à nous, n’est pas uniquement déterminé par des catégories universelles, mais dépend de notre situation (p88). Et JS de rappeler les liens entre « appartenance de classe » (terme très connoté marxistement mais juste dans l’idée si on ne l’assène pas systématiquement et si on la « déconstruit « en partie) et expérience. On rejoint ici les thèses de PIERRE BOURDIEU( « Les Héritiers »).
« Or, chaque catégorie considérée comme fixe contribue à consolider le processus idéologique de la construction du Sujet, rendant le processus moins apparent plutôt que le contraire, en le naturalisant au lieu de l’analyser ». (JS).
-D’où « l’indigénisation » du Noir par exemple ;
-la « féminisation » de la femme.
D’où le fait qu’il importe, pour le Noir par exemple, d’historiciser l’expérience de la négritude (SENGHOR).
A partir de là, l’Histoire c’est l’Histoire de ces processus d’interprétation (cf cit de FOUCAULT p124). Au fonds, toute Histoire est une métahistoire (OMDC).
Mais l’expérience, subjective elle aussi, doit aussi être interprétée. Il faut interpréter l’interprétation (p125), tout particulièrement en histoire sociale.
Interpréter l’interprétation, c’est le sujet de la partie III, « Echo-fantasme ».

Cette partie sera mise en ligne demain. Bonne chance aux matelots du MSS IEP/CELSA de l'ISTH. Les voeux du capitaine vous accompagnent!!!


JOAN W.SCOTT ; « THEORIE CRITIQUE DE L’HISTOIRE »
III° Partie : « Echo-fantasme ».
J’ai rajouté ici des exemples que vous pouvez utiliser pour illustrer les concepts développés dans cette partie.

-p 129 : « Les identités n’existent pas préalablement à leur invocation politique ».
Femmes, Noirs, Homos : des catégories qui varient, non pas seulement en fonctions des circonstances historiques, mais en fonction de leurs projections fantasmatiques. Les femmes changent en fonction des avancées juridiques, mais celles-ci modifient à leur tour le terme et la notion de « femme ». Pour aujourd’hui, par exemple, voir comment l’intégration progressive des Homos dans la société (mariage, Pacs, enfants…)change la vision de l’homo dans la société et peut-être sa propre image.D’où l’impératif de FOUCAULT : il faut « historiciser les catégories » (cf partie I).

-p 134 et suiv. : l’identification altéritaire par le fantasme.
Le fantasme ici relève :
1 : d’une modalité du désir : le Sujet est « désirant » ;
2 : d’une double structure qui reproduit et masque le conflit
Ainsi, l’enfant désire le père et est puni pour ce désir dans l’optique freudienne. Par extension, le non-juif désire ce que possède le Juif mais ce masque ce désir par sa haine du Juif (cf SARTRE dans la « Question juive » : c’est l’antisémite qui crée le Juif).
Les catégories « ouvriers » et « bourgeois » au sens éthique relèvent de la même représentation dans l’imagerie marxiste. Dans notre actualité, voir le ressentiment à l’égard des banquiers depuis la crise financière : ils « jouissent » plus (ils gagnent plus) donc il faut les « castrer » (les taxer, les encadrer, les surveiller).
JS avance ensuite que ces fantasmes maintiennent et masquent les divisions dans une société. Citation de SLAVOS ZIZEK (p 138) : l’idéologie est un ensemble de fantasmes sublimés dans le politique où la jouissance et le désir restent centraux.
D’où le lien entre politique et désir : voir pour nous le « Désir d’Avenir » de Ségolène Royal, mais aussi la façon dont Royal hésite entre image de « femme femme » et image de compétence « phallique ». Sur ce sujet, voir MARIETTE SINEAU, « La force du nombre ». En général, les postures révolutionnaires procèdent du fantasme plus ou moins refoulé et du désir : VICTOR SERGE évoque dans ses Mémoires la jouissance des Gardes-rouge pénétrant dans le Palais d’Hiver de Petrograd , lieu d’une jouissance aristocratique dont ils étaient privés mais qu’ils enviaient secrètement, en octobre 1917. Evoquons mai 68 et son « Jouissez sans entraves ! ». Mais cette libération reste illusoire car s’effectuant au nom d’une « plénitude et d’une cohérence imaginaires » (ZIZEK par SCOTT p 138). Voir la récupération des « soixantehuitards » ultérieurement.
3 : Mais le fantasme est aussi un récit, une écriture de soi (p 139), une reconstitution (ZIZEK p 140) qui diachronise ce qui était synchronique et distingue aliénation/transgression alors que ces deux éléments sont inséparables. Voir la quête du désir/transgression (révolution) qui aboutit à l’assouvissement/normalisation (intégration dans l’état révolutionnaire, puis dans l’Etat tout court).
Reste que le fantasme (récit) réconcilie le désir et la Loi et permet « aux individus de se doter d’une histoire » (p 140).
D’où, p 141, l’Histoire comme récit à partir d’une organisation subjective du chaos.
P 142 : C’est en historicisant que les femmes/Noirs/Homosexuels cimentent leur identité à travers le Temps. Le mot « femmes » ou « arabes » devient intelligible quand l’historien ou le militant donne du sens en s’inspirant du passé. C’est d’autant plus nécessaire que « le mot « femmes », bien que distinctif, se rapporte à tant de sujets simultanément identiques et différents qu’il représente une série de sons fragmentés » (JS p 147).

OLYMPE DE GOUGES : ici, attendez-vous peut-être à des questions nécessitant des éclairages français ou européens contemporains.
DE GOUGES s’oppose à la segmentation jacobine politique/sexuel et raison/passion qui est en fait une « lecture » du pouvoir (ici masculin). Elle ne veut pas évacuer le sexuel (le désir) du champs politique.
-p 152 : elle revendique l’identité d’un enfant issu d’un rapport sexuel et l’usage du « charme » pour enflammer les jeunes soldats. On songe à SEGOLENE ROYAL, qui s’inscrit dans cette lignée en refusant de séparer maternité, profession et séduction. A noter que la mobilisation de la fonction de séduction apparaît comme provocante en sapant le féminisme militant qui récuse l’importance de la différence sexuelle.
L’échec de GOUGES face aux Jacobins qui la condamnent pour avoir contrevenu « aux vertus qui conviennent à son sexe » renvoie au « qui va garder les enfants » de FABIUS/MELANCHON dans la campagne présidentielle de 2007.
ROYAL a transgressé les fantasmes sexués :
1 : en désirant une fonction éminemment phallique ;
2 : en voulant assumer parallèlement une imago de mère ET de séductrice, mais aussi en juxtaposant Désir et pureté (SCOTT p 170 aborde cette question). En renouant avec une certaine « sororité » (Scott p 172).

JEANNE DEROIN (1849) est le 2) exemple de SCOTT. On reproche à cette militante de ne pas s’être habillée en femme dans un meeting mais de s’âtre appropriée le col dur et la cravate, signe d’appartenance au pouvoir politique masculin. Dans cette transgression, DEROIN éprouve anxiété et jouissance, une jouissance de régner sur un univers d’hommes que ROYAL dit avoir éprouvée.
-Sur l’image féminine, voir les différences entre ROYAL et par exemple MAM en France.
-M.THATCHER : la « Dame de fer » d’autant plus détestée, au-delà de sa politique, qu’elle ne reproduit pas le modèle masculin de la « femme tendre ». A.MERKEL se situerait peut-être entre ROYAL et THATCHER : douceur du parler mais tailleur-pantalon ! On songe ici à la patiente de la psychologue Joan RIVIERE (1926) citée par JS pour qui il s’agit de « déguiser sa possession du phallus et le plaisir qu’il lui procure en affichant les attributs de la féminité »

Dans tous les cas (Gouges, Deroin, Pelletier, la patiente de Rivière), on a affaire à des destins différents et à une séquence discontinue (synchronie). Ce qui va donner de la continuité –ce qui « historicise » au sens de MICHEL FOUCAULT- c’est le fait de s’inscrire dans le scenario d’une transgression globale.

P 161 : sur la maternité comme désir ou comme prison sociale. Rappelons qu’en France, 2 conceptions évoquent ces deux « destins » : celle de SIMONE DE BEAUVOIR dans le « Deuxième Sexe » publié en 1949, pour qui la maternité est une prison sociale dans laquelle les hommes enferment les femmes (« On ne naît pas femme ; on le devient ») et celle d’HELENE DEUTSCH (« La psychologie des femmes ») pour qui, au contraire, elle correspond d’abord à une pulsion sexuel. D’ailleurs JS rappelle qu’en 1908, PELLETIER met en garde les féministes qui exigent des droits liés à leurs conditions de mère, une posture qui risque de les fossiliser dans le statut maternel normatif.

4 commentaires:

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