"L'aventure, c'est le réalisme de la féerie" (ANDRE MALRAUX)

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mercredi 24 mars 2010

MEDIA ET POLITIQUE: IMAGES DU POUVOIR ET POUVOIR DES IMAGES.







PROGRAMME MOBILE IEP 2010 : LES MEDIA.
Conférence donnée à l’IUT Descartes de l’Université de Paris V en février 2010.


MEDIA ET POLITIQUE : IMAGES DU POUVOIR ET POUVOIR DES IMAGES



Pour prendre le pouvoir aujourd’hui, nul besoin d’investir des casernes ou d’assiéger les « omphalos » politiques traditionnels : prenez le contrôle de l’information. A l’intérieur du monde « communicationnel », investissez celui des IMAGES : le pouvoir appartient, de manière toujours plus accélérée au XX° siècle – c’est l’assomption du « temps réel » et celle de la « vitesse de libération » chère à PAUL VIRILIO-, à celui ou à ceux qui mobilisent l’ordre symbolique. Lénine prend le Palais d’Hiver en octobre 1917 et fait filmer une « prise du Palais d’Hiver » par son équipe cinématographique (MEDVEDKINE, EISENSTEIN…). La mobilisation du mythe (CASSIRER) supplante ou renforce la mobilisation des hommes. Hitler, Mussolini, Roosevelt, de Gaulle (dans des cadres idéologiques bien sûr différents),etc. ne s’y trompent pas. Vous vivez dans un monde ou l’IMAGE, devenue IMAGO, règne en maîtresse et nous sommes passés en un demi siècle de la « Société du Spectacle » (GUY DEBORD) au spectacle de la société, à « L’Ere du vide » de GILLES LIPOVETSKY. Je parlerai donc essentiellement des relations entre IMAGE (cinématographique, photographique, télévisuelle…) et Politique, c’est-à-dire plus largement des liens entre Histoire et Images.

I. IMAGE ET MARCHANDISE.

A/ L’apport de WALTER BENJAMIN.

Dans « L’œuvre d’art à l’époque de sa reproduction technique » (1936), WALTER BENJAMIN explique comment, reproduite à l’âge industriel, l’image devient une marchandise comme une autre soumise aux aléas du marché. Pour B., c’est la photographie qui s’est emparée de l’œuvre d’art et l’a fait entrer dans le circuit des échanges. En ajoutant que l’essor de la photo accompagne celui du socialisme, il met en parallèle politique et image de la politique au sein d’une « politique des images » (OMDC). Il postule indirectement un autre parallélisme entre progrès technique et progrès politique. Toutefois, s’interrogeant sur le cinéma, il suggère indirectement, en en analysant les ressorts iconiques, que ce dernier peut ressortir de manipulations diverses, en particulier au sein des totalitarismes dont il fut contemporain. En effet, le « medium » -la caméra- transforme le message comme la machine à écrire –aujourd’hui le « traitement de texte » au nom si industriel !-substitue « l’innervation des doigts qui ordonnent à l’écriture courante ». B. parle, à propos du cinéma, du « traitement que l’appareil de prise de vue impose à l’imagination ». Le film apparaît à ses yeux comme la première forme d’art dont le « caractère est pour la première fois entièrement déterminé par sa reproductibilité ».
Qui débouche sur une esthétisation/ théâtralisation de la réalité. Par extension, une esthétisation de la politique.
-« Les déformations de la caméra sont autant de procédés grâce auxquels la perception collective s’approprie les modes de perception du psychopathe et du rêveur ».
On voit ce qu’un parti unique ou un dictateur, en tout cas une idéologie eschatologique peut faire d’une telle révolution des images ! Mais les démocraties ne résisteront pas à un tel usage de la manipulation des images : la propagande devient le ressort essentiel de la politique au cours du XX° siècle

B/ Image et propagande.

HITLER/STALINE/MAO,etc. : fonction centrale de l’auto-mise en scène de leurs expériences politiques.
-Réalisme socialiste : MEDVEDKINE, EISENSTEIN,DOVJENKO,POUDOVKINE,VERTOV… Nombreux sont les réalisateurs soviétiques qui, d’ailleurs, vont révolutionner le cinéma russe comme D.W.GRIFFITH, avec « Intolérance » et « Naissance d’une nation » (1915-1917) « lancent » le cinéma américain et construisent la « légende » américaine. Ici, tout devient épopée ; la construction d’un barrage, la conquête des terres vierges en Sibérie, mais aussi la conquête de l’Ouest américain ou la guerre de Sécession. L’image de la révolution peut même précéder la révolution et l’image d’une épopée aider à modifier le cours de l’Histoire : pour mobiliser sur des thèmes patriotiques le peuple russe à l’aube d’une confrontation avec l’Allemagne, Staline « commande » à EISENSTEIN le film « Alexandre Nevski » (1938) ; « Le patriotisme est mon thème » déclare le réalisateur qui prédit aux nazis la même défaite que celle que subirent les chevaliers Teutoniques face au prince Nevski en 1242. Le musicien Prokofiev réalise la musique de ce ciné-opéra dont la tonalité rompt avec l’impératif de l’internationalisme prolétarien face au fascisme. Eisenstein, toujours épaulé de Prokofiev, réalise ensuite « Ivan le Terrible » (1942-1945), mobilisation plus nécessaire encore des thèmes patriotiques dans le contexte de la bataille de Stalingrad (octobre 1942-février 1943). C’est l’époque où une femme plantureuse, maternelle –la « Mère-Russie »- remplace momentanément kolkhoziens virils et athlètes aux muscles d’acier sur les affiches murales.
-Cinéma nazi : Hitler, en face, a saisi grâce à Goebbels (chef de la propagande) tout l’intérêt de cette mobilisation des symboles. On mobilise ici le documentaire avec LENI RIEFENSTAHL, égérie du Führer mais aussi génie de l’image, qui réalise « Triomphe de la volonté » en 1936, célébration de l’univers hitlérien à l’occasion du Congrès du parti nazi à Nuremberg, et « Les dieux du stade » (1936-1938), sorte d’opéra sportif à l’occasion des Jeux de Berlin et pour lequel le régime lui octroie des moyens illimités. On sait, plus largement, l’usage que feront les nazis de l’iconisation, de la théâtralisation extrême des images dans les grands rassemblements politiques du III° Reich. Au plan fictionnel, il incombe à VEIT HARLAN de faire pendant aux réalisateurs soviétiques dans cette guerre médiatique totale. Après le terrible « Juif Süss » réalisé avant-guerre, Harlan –et le parallélisme est ici saisissant entre les deux totalitarismes- se voit commander par Hitler, en 1943, dans le contexte de la défaite de la VI° Armée de von Paulus devant Stalingrad, un film capable, selon le Führer –et c’est dire, nonobstant sa mégalomanie à ce moment de l’Histoire du nazisme, l’importance qu’il donne à un film à ses yeux capables, sinon de gagner la guerre, du moins d’en infléchir le cours en mobilisant les masses- de retourner la situation. Avec des milliers de soldats-figurants prélevés sur le front de l’Est ( !), Veit Harlan réalisera « Kohlberg », histoire de la « glorieuse résistance » d’un village prussien aux Français durant les guerres de l’Empire !
-« Pourquoi nous combattons » : tel est le nom donné au programme américain de filmographie de la résistance au nazisme et auquel participeront de nombreux réalisateurs d’Hollywood, en tête desquels son impulseur, FRANK CAPRA. Ce programme succède lui-même à la filmographie new-dealienne de la Warner dans les années 1936-1940, en particulier l’œuvre engagée du même Capra, (« Mr Smith au Sénat » en 1939, « L’Homme de la rue » en 1941).

C/ Vers l’iconisation du politique.

Les démocraties s’engouffreront au cours du XX° siècle dans cette posture de l’iconisation de la politique où les totalitarismes ont ouvert la voie. Pour suivre Benjamin, disons que l’art totalitaire au sens large relève d’une manipulation de la « marchandise » iconique : icônes révolutionnaires reproductibles à l’infini (bustes, photos, peintures,etc. de Lénine et des grands leaders bolcheviques), uniformisation théâtrale, « wagnérienne », des grands discours d’Hitler, génie des sigles et des symboles (svastika nazie, faucille et marteau, étoile rouge ,etc. des communistes), mobilisation du chant, de la musique (KARL ORFF et ses « Carmina Burana» côté noir ; Prokofiev et plus encore CHOSTAKOVITCH côté rouge). Dans tous les cas, il faut se débarrasser de « l’art dégénéré » (Hitler) ou de « l’art bourgeois » (Lénine, Staline) qui relèvent de la fonction subversive d’un art non marchandisé, entendez détaché de toute institution officielle ou partisane. Hitler se débarrasse des expressionnismes, au cinéma (Lang) comme en peinture (Grosz, Beckmann, Dix, Kokoschka…) et les bolcheviques des symbolistes de « l’Age d’argent » (1900-1917) : Akhmatova, Tsvetaïeva, Mandelstam, Blok…L’art nazi, comme l’art communiste soviétique, au nom du « réalisme socialiste » ou d’un « positivisme constructif », transforment l’œuvre d’art en outil, en chose. Rappelons avec THEODORE ADORNO que l’art est au contraire la seule réplique conséquente opposable au processus général de réification, c’est-à-dire de « chosification » de l’œuvre d’art (« Entkunstung »).
Benjamin, contemporain de l’essor de la publicité, la relie à l’univers cinématographique : il y voit une même procédure mercantile (au sens de « marchandisation ») procédant selon lui d’une identique « chosification spectaculaire » du monde, un monde devenu de pure REPRESENTATION, un monde désormais dépourvu de toute critique, un monde de la sentimentalité pure, de l’émotion :
« A l’instar du cinéma, qui ne présente pas les meubles et les façades sous les figures achevées d’un examen critique, et pour qui seule leur proximité soudaine et têtue est source de sensations, la publicité authentique approche les choses à tour de manivelle et possède un rythme qui correspond au temps d’un bon film. Ainsi, « l’objectivité » est enfin congédiée et devant les images immenses aux murs des immeubles, où le « Chlorodonte » et le « Sleipnir » sont à portée de mains pour des géants, la sentimentalité rétablie devient libre à la manière américaine, comme ces êtres que plus rien ne touche n’y n’émeut et qui, au cinéma, réapprennent les larmes. Mais, pour l’homme de la rue, c’est l’argent qui rend l’argent ainsi proche, qui produit le contact péremptoire avec elles. …Qu’est-ce qui fait finalement la publicité à ce point supérieure à la critique ? Non pas ce que disent les lettres en néon rouge, mais la flaque de feu qui les reflète sur l’asphalte ».
On frémit en songeant combien ce mécanisme prendra, au temps des spots publicitaires télévisuels –de plus en plus scénarisés- et rapporté aux publicités électorales, un sens amplifié et démultiplié. Songeant au candidat MITTERRAND en 1981, mis en scène dans les affiches socialo-patriotiques du publiciste JACQUES SEGUELA et, plus proche de nous, à la campagne internet de B.OBAMA. Désormais, pour reprendre la formule fameuse de MARSHALL MCLUHAN, « le message, c’est le medium ». On assiste donc à une médiatisation systématique de la politique à l’ère cinématographique et télévisuel, à l’ère iconique. Dans des acceptions idéologiques différentes mais un mécanisme identique de simplification esthético-théâtrale, de concrétion des messages, d’iconisation des postures, on trouve Hitler, Staline, mais aussi Mao et sa « Longue Marche », Castro et l’épopée de la sierra Maestra –en 2009, Le réalisateur américain STEVEN SODERBERGH fera, sans le vouloir ou en le volant, une « sorte d’évangile selon Soderbergh » à partir d’une « biographie » iconisée du « Che », bref, à partir de l’ iconisation fictionnelle d’une icône-, mais aussi l’épopée gaullienne ou le mythe Kennedy dont les images de la « mort en direct » transformeront durablement l’accès à une politique réelle et à un bilan.
I’iconisation et l’esthétisation de la politique ont pris, à l’ère cinématographico-télévisuelle, un relief particulier. Proches de nous temporellement, SEGOLENE ROYAL en France et BARAK OBAMA aux USA ont participé d’une même incantation spirituelle médiatisée. Celle-ci passe, plus largement, par une mise en scène du corps, réel ou sublimé dans des postures mythologisées :
-La silhouette d’Hitler revue par Goebbels (le Führer commence sa carrière à l’époque du cinéma muet (surjeu corporel, amplification des inflexions du visage, gestuel théâtral) et la poursuit au temps du « sonore » et du cinémascope : il y a un côté Cecil B.de Mille dans la mise en scène des grands discours du leader nazi). Dans le « Dictateur » (1940),CHAPLIN ridiculise Hitler en mettant en relief les ressorts iconiques du nazisme, ce que E.LUBITSCH effectue de son côté, de manière plus diffuse, dans « To be or not to be » (1942).
-Roosevelt paralysé se levant de son fauteuil roulant pour « relever » le peuple américain fracturé par la grande récession de 1929.
-Lénine éternellement en marche, bras levé vers l’éternité de la Révolution.
-Chirac en bras de chemise pour « donner de l’air aux idées » (années 1970-1980).
-Mitterrand et Mazarine (le « corps du délit » une fois révélé transforme un sphinx en « homme comme les autres », ce qui permet d’oublier la mise au secret du « corps malade » du Président).
-Sarkozy et les femmes, mais aussi Sarkozy « copain du peuple » avec embrassades et tapes dans le dos surmédiatisées.
-Royal et la maternité, mais aussi Royal et séductrice républicaine et puis encore Royal en Vierge à peine érotisée. (On lira avec profit les passionnants développements que MARIETTE SINEAU consacre à l’image des femmes dans la politique française et plus particulièrement au cas de S.Royal, dans la « Force du nombre », Editions de l’Aube, 2008).
-Obama entre négritude soft et « petite famille présidentielle » avec Michelle et les gamins, genre Kennedy, Jacky, Caroline et John-John. A noter que plus de 40 ans après sa mort de JFK, on continue de suivre la carrière de Caroline, de pleurer John-John et de biographier Jacky. L’imago fracturée de Dallas perdure au-delà de son époque et s’érige en icône planétaire. A cet égard, on notera que Kennedy rejoint, de fait, le même univers iconisé que Michael Jackson : un univers d’éternité. Remarquons de surcroît comment le « corps » de Jackson, déjà trituré par son possesseur, fit l’objet l’an passé, au moment de sa mort, d’un véritable travail d’enquête sur…le corps lui-même ! Concernant l’image de Kennedy entre fiction et archive, on pourra regarder avec profit le « JFK » d’OLIVER STONE (1992).
-Le cas d’ERNESTO « CHE » GUEVARA demeure exemplaire : sa mort en Bolivie, en 1967 (les Américains le voulaient vivant pour ne pas en faire un martyr !), puis son exposition sur une paillasse de lavoir font de lui, de ce corps de Christ baroque exposé aux caméras du monde entier, une icône absolue déclinable en affiches, fresques, tee-shirt ,etc. Images portées idéologiquement d’abord (les années 60-90), puis arborées comme « signes iconiques » pur, à l’image de Marilyn Monroe, d’Einstein tirant la langue ou de Bob Marley. Le leader cubain « perd » na nationalité, voire sa temporalité. Son image, reproduite à l’infini (Benjamin, cf supra), rejoint le panthéon des mythes. (Sur cette reproductibilité mythologisante, voir une partie de l’œuvre d’ANDY WARHOL ).
Dans l’univers virtuel qui est désormais le notre, la politique en tant qu’action publique et en tant qu’historicité de la « chose publique » (res publica), au même titre d’ailleurs que l’historicité du sujet pris dans les « régimes d’historicité » (FRANCOIS HARTOG), s’éclipse dans la fausse éternité du temps et de l’Espace techniques, une technique devenue métaphysique. On est passé de l’homo politicus à l’homo technicus. Dans ses « Considérations inactuelles », NIETZSCHE avance l’idée que la technique est bien ce phénomène qui, sur le plan de la manière d’Etre de l’Homme, exprime le déploiement et l’achèvement de la métaphysique. Pour HEIDEGGER, la Technique accomplit le dernier pas sur la voie de l’élimination de toute différence entre réalité « vraie » et réalité « empirique ». En découle l’organisation totale réalisée par la technique, et qui n’est plus seulement de l’ordre de la théorie, mais dévient effectivement concrète en tant qu’ordre du monde. Les grands totalitarismes du XX° siècle y puiseront la matière de leurs « mobilisations totales » (Totalmobilmachung hitlérien). Mais les démocraties « post-modernes » ne sont plus à l’abri de cette tentation totalisante à travers l’iconisation de la politique. Sans doute est-ce le prix à payer de l’absorption de l’Homme dans l’âge technico-scientifique. Sur ces sujets, voir l’apport d’HANNA ARENDT -« Les conditions de l’Homme moderne » et « La crise de la culture »- mais aussi ceux d’ELIAS CANETTI –« Masses et puissance »- et d’ERNST JUNGER (« Metropolis »).

La fausse « révolution » roumaine de 1989, avec ses mises en scène télévisuelles et surtout l’invention du faux charnier de Timisoara nous ont montré les dangers de la manipulation des images. Le traitement médiatique de la « Chute du Mur », à Berlin la même année, la simplification théâtralo-esthétique de cette Chute, l’immédiate marchandisation de ses images…et du mur lui-même débité en morceaux ont occulté la complexité des événements ayant présidé à cet événement trop vite transmué en « avènement ». A l’ère post-moderne (cf développement infra), cette manipulation permanente se substitue à l’événement, en altère le sens par un bombardement de signes. Tout est devenu spectacle.

II. LE SPECTACLE DE LA POLITIQUE.

A/ De la « Société du spectacle » (GUY DEBORD).

On est passé de la « Société du spectacle » décrite par Guy DEBORD en 1967, au spectacle de la société et au spectacle planétaire.
-La culture devenue intégralement marchandise doit aussi devenir la marchandise vedette de la société spectaculaire » écrit DEBORD. Remplacez « culture » par « politique »…Une politique spectaculaire, « pipolisée » dirait-on de nos jours, détachée des conditions historiques de sa production et, partant, détachée de tout espace et de tout temps définis. Une culture d’image (geries). C’est le « mémoriel » et le « commémorationnel » qui ne procèdent plus de l’analyse d’une production historique anthropologique, mais d’une pure représentation spectaculaire, d’une « recollection de souvenirs ». Notre univers devient, politiquement, l’univers de déploiement de « tribus » soudées par des mythologies et usant de ce que j’appellerai un « lobbying iconique ». Apparus au début du XX° siècle, les moyens de communications de masse se sont érigés en puissants outils de contrôle des masses (Presse à grand tirage, TSF,etc.). On lira ici avec profit les développements éclairants d’H.ARENDT (« Les origines du totalitarisme » -en ligne sur mon blog sous la rubrique « GRANDES LECTURES ») et ceux de ZEEV STERNHELL ( en particulier dans son « Ni droite, ni gauche : l’idéologie fasciste en France ») concernant le rôle des media de masse dans l’émergence des fascismes. Nos sociétés de plus en plus « atomisées » -au sens arendtien-, nous voici désormais seuls-ensemble, murés dans de fausses convivialités et de vraies solitudes. Isolés-ensemble, nous sommes toujours plus atteignables par les moyens médiatiques de contrôle global. Pire, nous recherchons nos prisons techniques dont nous sommes dépendants, en perpétuelle addiction d’objets-transferts (ordinateurs, téléphones portables…). Nous voici au temps des « autoroutes de l’information » et PAUL VIRILIO nous rappelle que tous les totalitarismes construisent des …autoroutes !! . De son côté, LEWIS MUMFORD, dans sa « Cité dans l’Histoire », propose que, supprimer la rue, en urbanisme, c’est supprimer la rébellion en politique. L’intégration d’individus isolés en tant qu’isolés-ensemble, ce fut aussi –mais pas seulement bien sûr- ce qui présida au tourisme de masse, aux villages et clubs de vacances, aujourd’hui au voyage ou au musée virtuels, inséparables du « village global » de MARSHALL MCLUHAN. Le club de vacances intégrateur, c’est la « Kraft durch Freude » (la force par la joie) en version nazie. En milieu « démocratique », cela s’appelle « démocratisation des loisirs ».
« Le tourisme se ramène fondamentalement au loisir d’aller voir ce qui est devenu banal. L’aménagement économique de la fréquentation de lieux différents est déjà par lui-même la garantie de leur équivalence. La même modernisation qui a retiré du voyage le temps lui a aussi retiré la réalité de l’espace ». (GUY DEBORD).

B/ Vers le citoyen-spectateur.

La seconde moitié du XX° siècle voit donc apparaître le « citoyen-spectateur » ; il n’agit plus sur les choses mais sur leur représentation. Aux élections, nous élisons les meilleurs acteurs. Eternellement jeunes, décorporalisés (on ne vieillit plus !), nous sommes des clones heureux cimentés par un bonheur sériel , une même esthétique corporelle détemporalisée et un même travail aliénant : sans ce travail, je ne SUIS rien car je N’AI rien. Triomphe de l’AVOIR sur L’ETRE, c’est l’apothéose du « Travailleur » décrit par ERNST JUNGER. Alors, quelle place pour cet homme-technique dans l’Histoire, dans la fabrication d’un destin historique ? Le Temps et l’Espace virtuels de l’univers médiatique/spectaculaire évacuent l’historicité des choses, met en scène des acteurs plus que des actants et nous empêchent d’interagir : on ne nous demande que de « réagir » : rappelons que l’émotionnel et le symbolique sont, précisément, les deux paradigmes de déploiement des totalitarismes. Souvenons-nous du traitement médiatique de la Guerre du Golfe de 1991, représentée à l’écran dans une temporalité et une spatialité comme « suspendues », un « war game » qui fera dire au sémiologue JEAN BAUDRILLART que « La Guerre du Golfe n’a pas eu lieu » ! A ce stade, les media ont érigé la technique en métaphysique.
Elles ont assuré le triomphe du « on » sur le « je », du « mentir-vrai » sur l’appréhension intime du monde, du prêt-à-penser sur la pensée « sauvage » au sens où l’entend Lévi-Strauss. Dans « Etre et temps », HEIDEGGER déplore déjà la chute de ce qu’il nomme existence « authentique » - de « Eigentlichkeit »= « authenticité » en allemand qui procède du préfixe « eigen »= « intime »- et par laquelle l’individu s’approprie lui-même. Pour Heidegger, sans cette authenticité, il ne peut y avoir « d’arrivée aux choses ». Il faut aller aux choses par un projet existentiel, car les choses ne se présentent dans leur nature de possibilités ouvertes que dans le cadre d’un Projet décidé (pro-jet). Or, l’ère médiatique apparaît au contraire comme un temps d’arrivée permanente, passive, aboulique, et les écrans font soudain…écran entre Je et le monde. Or, le projet authentique de l’homo politicus ne peut être déterminé qu’à partir d’une temporalité et d’un espace. Dans notre monde d’images-icônes, Temps et Espace sont suspendus au profit de l’arrivée permanente d’un faux monde déspatialisé et détemporalisé. Nous vivons, face au lissage médiatique du « temps réel » et de la « réaction immédiate », dans un présentisme perpétuel : celui du cyberespace.

III. CYBERESPACE ET DEMOCRATIE.

A/ L’information comme produit.

La globalisation/mondialisation est devenue le paradigme et la grille de lecture du nouvel « ordre » international : le discours tehnico-scientifique se superpose au discours économique comme clef de décryptage de la politique. Leurs agents ? Les réseaux informatiques qui, à l’image des colonies d’insectes –WERBER et ses fourmis !- agissent comme un flux continu de processus (cf KEVIN KELLEY, « Out of control : The new Biology of machines. Social systems and the economic world » ; 1995). On voit émerger une vie artificielle qui procède de la mise au point des « Cyborgs », métis d’humains et d’ordinateurs et, au passage, la coqueluche du cinéma de Sf outre-Atlantique. Cette tendance influe directement sur la création : VIACOM, un câblo-générateur, a pris le contrôle de Paramount qui ne produit plus que pour la création vidéo et selon les « goûts du public ». Cette culture/ marchandise est autant le produit d’un formatage collectif qu’il ne renforce ce formatage : on se rapproche de « Big Brother » ! INTERNET lui-même s’éloigne du service public en intégrant de plus en plus les intérêts privés qui colonisent l’INTRANET (réseaux fermés). A son tour, l’information, censée « conscientiser », devient un ensemble de produits soumis aux lois du marché. L’information est devenue une marchandise échangeable/ interchangeable.

B/ Agonie du réel et contrôle de l’information.

Tout pouvoir politique dépend bien sûr du contrôle de l’information. Plus celle-ci est centralisée, globalisée, plus ce contrôle est aisé, surtout si le citoyen lui-même considère son accès aux nouvelles techniques comme un signe de promotion sociale (cf la « fracture numérique »). Les grands totalitarismes du XX° siècle imposaient autoritairement ce contrôle et cette propagande. Dans nos démocraties numériques, le citoyen devient à lui-même son propre geôlier. Avec l’ouverture des frontières et la déterritorialisation des états et des sociétés –une négation de l’oekoumène à mettre en parallèle avec le formatage/ clonage des corps- la politique et la géopolitique se définissent de plus en plus comme le moyen de contrôler le pouvoir immatériel (Soft Power) : ici, les technologies de l’information remplacent l’information en se confondant avec les frontières d’un cyberespace global. Plus que jamais, le message, c’est le medium (McLuhan). Pour mieux dire, la vedette d’un message d’information télévisé c’est la télévision plus que le message qu’elle véhicule. On assiste ici à une véritable agonie du réel. Voir par exemple la « Déclaration d’indépendance » du futurologue JOHN PERRY BARLOW : « Vos concepts juridiques de propriété, d’expression, d’identité, de mouvement et de contexte ne s’appliquent pas à nous. Ils sont basés sur la matière. Il n’y a pas de matière ici ». (Souligné par nous).Cette arrogance face à la réalité, ce millénarisme technocratique procèdent d’un nouveau totalitarisme qui, comme tous les totalitarismes, procède à partir du monopole d’un langage et de la certitude d’une supériorité ontologique. En paraphrasant Baldur von Schirach, je dirais que désormais on pourra dire : « quand j’entends le mot réel, je sors mon revolver ».
Il est singulier de constater que les premiers à s’être installés sur le Net furent les groupes terroristes et, plus proches de nous, les officines islamistes du type Hezbollah ou Al Qaïda qui ont su tisser leurs toiles sur la…Toile ! Le Hamas palestinien, antenne du Hezbollah pro-iranien dispose de relais internet actifs : dans la lutte désormais déterritorialisée pour un « état palestinien » -en fait une base d’attaque d’Israël- le Hamas profite de cette globalisation électronique et de l’abandon d’une représentation spatiale des individus.
Autant dire que nous nous dirigeons à pas de géants vers une manipulation planétaire de citoyens atomisés/ déterritorialisés, obéissants et disciplinés. Désenchantés par l’effondrement des grandes « religions séculières » ( fascisme et communisme selon R.ARON), nous nous jetons dans les bras des totems informatiques/ communicationnels.
La « toile » globale Internet dépolitise le monde au sens d’une disparition de la « polis ».l’homme ou la femme politique n’agissent plus aujourd’hui sur le réel, mais sur la représentation du réel. La propagande n’a plus à relever d’un ministère : elle a envahi le champs politique au point de contraindre ses opposants à réoccuper la rue, non plus tant au sens révolutionnaire qu’à celui d’une réaffirmation de la réalité. Dans son « Homme symbiotique » (Le Seuil, 1995), JOEL DE ROSNAY décrit de quelle façon les hommes politiques catalysent et canalisent les potentialités de chacun. L’hubris se voit en règle générale opposer des contre-pouvoirs. Nous demeurons dans un univers de personnes s’adressant à d’autres personnes. Mais ajoute-t-il, comment contrôler les « neurones d’un cerveau planétaire » ? Qui le dirigera ? De fait, la « démocratie informatique » donne-t-elle des garanties pour contrôler l’hubris du pouvoir ? L’élection de Barak OBAMA, largement acquise grâce à ses réseaux internet ; la guerre de Google entre les USA et la Chine ; les agents du Hamas palestinien déclenchant sciemment des tirs de roquette sur Israël à partir de sites civils pour pouvoir attirer les media occidentaux au « chevet » des victimes,etc. Autant d’exemples qui illustrent l’entrée dans un univers global de contrôle et de manipulation par les images qui renvoient Goebbels et Jdanov au magasin des accessoires ! Mais la grande nouveauté de notre siècle, c’est que les « sujets » sont désormais complices de leurs tyrans et que ces derniers sont passés, en 25 ans, du rôle d’agitateurs à celui de contrôleurs.
Il est troublant d’apprendre que les pionniers de « l’hypertexte », le « plus ensorcelant des avatars du « web » (F.PISANI, dans « Le Monde » du 11 mai 1996), sont apparus au début des années 1960, au temps fleuri des révoltes californiennes et de la saga hippie. En 1965, un philosophe illuminé, TED NELSON, emploie de fait pour la première fois le terme d « hypertexte » dans un livre, « Literary Machines », dont le titre entrecroise de manière visionnaire littérature et technologie. Nelson définit son concept comme une « série de morceaux de textes connectés par des liens qui offrent aux lecteurs différents parcours ». Si on s’élève un instant au-dessus du « système » lui-même –il permet en effet de sauter d’un fragment de texte à n’importe quel autre par un simple « cliquement »- pour interroger le discours qui l’érige, on découvre alors un refoulé communautaire et hédoniste ressortissant du vieux rêve des sixtees d’un retour au communautarisme, le désir d’instaurer de nouveaux liens entre les hommes, voire le mythe de l’errance, le terme de « parcours » renvoyant au « rambling » cher à Jack Kerouac (« On the road »), le tout revu et corrigé par la jeune intelligentsia de Berkeley où se sont reconvertis les prophètes de la génération beatnik ! Ou comment prendre sa revanche sur les révolutions manquées dans l’ordre du politique en les déplaçant vers l’ordre technique et la métaphysique du progrès. Plus proche de nous (1989-1990), une petite communauté d’ingénieurs, de philosophes et de poètes ( !), reliés par une passion commune pour l’hypertexte, a pris l’habitude de se réunir chaque année sous la bannière de « l’Association for computer machinery ». Evoquant leur idéal et leur réussite- moins que l’idéal ne soit l’alibi de la réussite- l’un d’entre eux ,L.BERNSTEIN, commente ainsi, à mi-chemin entre challenge et revanche, à la manière d’un antipsychiatre reconverti en « golden boy », cette expérience : « On a travaillé pendant des années, et ça a dépassé nos rêves les plus fous…Le Web est le triomphe de notre communauté ». Revanche d’ex-marginaux imposant, grâce aux nouvelles technologies, ce qu’ils pensent être la démocratisation de la culture ou prise de pouvoir d’une tribu de frustrés politiques reconvertis en élite technicienne et usant de l’alibi démocratique et égalitaire pour légitimer son oligarchie ?


Les media ont aujourd’hui envahi l’ensemble du champ politique. Il me semble surtout que les images de l’Histoire (photo, film,etc) sont en passe de « remplacer » l’Histoire. Entrer dans l’Histoire, c’est aujourd’hui investir le champ des représentations. Tout homme ou toute femme politique française –pour s’en tenir au cas hexagonal- se doit d’apparaître dans une émission « people ». Etre ou ne pas être « chez Fogiel », telle est la question. Message simple, look cool, langage fun. L’ère du vide, en effet, et le totalitarisme de ce vide. Plus besoin de divisions panzer, de sportpalast, de Place Rouge pour affermir une tyrannie : des écrans, une mise en scène de l’information, un spectacle permanent du monde et la collaboration de Sujets assujettis à des totems censés les « libérer". Allah est grand et…Bill Gates fut son prophète !


BIBLIOGRAPHIE

Kevin Kelly, « Out of control : the new biology of machines ; social systems and the economic world ».
H.Arendt, “Les origines du totalitarisme” (SUR LE BLOG, “Grandes lectures”).
« La crise de la culture »
Joël de Rosnay, « L’homme symbiotique »
Guy Debord, « La société du spectacle »
Paul Virilio, « La vitesse de libération »
Lewis Mumford, « La cité dans l’histoire »
Marshall McLuhan, « Pour comprendre les media »
Jean Baudrillard, « La guerre du Golfe n’a pas eu lieu »
Martin Heidegger, « Etre et Temps »
Walter Benjamin, « L’art à l'âge de sa de sa reproductibilité technique »
Nietzsche, « Considérations inactuelles »
Elias Canetti, « Masses et puissance »
J.F.Lyotard, « La condition post-moderne »
Gilles Lipovetsky, « L’ère du vide »
A. Finkielkraut, « La défaite de la pensée »
Régis Debray, « Traité de médiologie »
Z.Sternhell, « Ni droite, ni gauche : l’idéologie fasciste en France »


OLIVIER MILZA DE CADENET.



ANNEXES (Textes, films...).

L'utilisation d'une héroïne du peuple (Zoïa, femme partisan torturée et pendue par les nazis en novembre 1941) par la propagande soviétique durant la seconde Guerre mondiale, vue par l'écrivain contemporain américain WILLIAM T.VOLMANN dans son dernier roman, "CENTRAL EUROPE", publié en 2007 aux Editions Actes-Sud/ Babel.

"Le sort de Zoïa endurcit les pilotes femmes des bombardiers de nuit,...les jeunes paysans qui tiraient au fusil sur les chars fascistes et...fortifia les sabres brandis par les cosaques galopant sur les lourdes et grises plaques photographiques du mythe. Sa mort devint un film (Soyouzdetfilm, 1944), avec une partition composée par Chostakovitch. Des décennies après la guerre, les souvenirs de Zoïa se réincarnèrent dans la sorcière Lorelei, qui chante un irrésistible chant de suicide dans la symphonie La Mort, du même compositeur. Entre-temps, le cadavre de Zoïa était devenu le paysage russe lui-même, et je ne parle pas uniquement de ces rues et de ces chars qui portèrent son nom; la Russie devint réellement Zoïa...son ventre, or-argent comme le vernis scintillant des tranchées enneigées, pareil à un bunker dont naîtraient à l'infini de nouvelles divisions, des avions et des T-34- oui, elle était morte vierge mais elle était maintenant littéralement la Mère Patrie!-, ses cheveux étaient les fourrés gelés dans lesquels pourraient s'embusquer à jamais les partisans, ses seins les points de concentration stratégique dont le maintient sauverait l'Armée rouge- et entre les seins, entre les seins de Zoïa, s'étendait une vallée lisse d'une blancheur parfaite..." (pp 685-686).

*Vous pouvez lire sur le blog, à la rubrique "Les idées et les formes: ego-musée" le texte de mon article sur "Les racines de l'art révolutionnaire russe" qui analyse la genèse lointaine de l'iconographie de propagande soviétique.

1 commentaire:

Pavlov a dit…

J'ai bien une (des finalement) interrogation(s) :

Je pense saisir votre propos, mais je ne vois pas pourquoi vous dites qu'aujourd'hui plus qu'hier les images de l'Histoire remplacent celle-ci. Certes nous vivons dans un monde de l'immédiat et nous sommes à la fois assaillis d'images et assaillants, mais vous faites un constat aujourd'hui sur une tendance d'aujourd'hui (aujourd'hui au sens presque propre dans les 2 cas). Si l'on part du principe que l'Histoire est affaire de temps (j'espère au moins ne pas me tromper sur cela) alors peut être bien qu'elle vous donnera raison, mais ce sera une Histoire critique de ces images, non? L'Histoire elle se fait (en partie) aujourd'hui avec le bombardement médiatique, mais c'est demain que les historien vont l'écrire n'est-ce pas?

Je dois aussi avouer que je ne vois pas bien la différence que l'on peut établir entre le citoyen actuel que l'on nous vend comme abêti et le citoyen d'hier, celui que les bouquins d'histoire, de sociologie, littérature - en autre sans doute - décrivent comme à vrai dire encore trop "bêtes" (pour l'opposition des termes) et donc n'ayant de citoyen que le nom et la pratique.
Pourquoi est ce que cela semble un problème si important chez une partie des intellectuel que l'homme lambda se sente bien dans cette manipulation? Ca me fait un peu penser au rapport des beatniks avec la société de consommation. (le but de cette dernière assertion n'était pas de qualifier une bonne partie de penseurs actuels de réac ou 68ards attardés, qu'on se le dise. :p). Après tout j'ai l'impression qu'il y a toujours dans l'histoire une masse plus ou moins "éclairée" et le reste dans l'ombre, à laquelle on explique que c'est dans son intérêt.

Peut être bien que j'ai fais des raccourcis un peu partout, mais je me demandais.
Pavlov.