"L'aventure, c'est le réalisme de la féerie" (ANDRE MALRAUX)

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vendredi 25 février 2011

JAPON(S) 2009: NARA.

"Dans ma coupe de saké
elles ont fait tomber de la boue
les hirondelles".

ISSA.

























































































































































































































































































































































































































































































LES DAIMS DE NARA.
Nara n'est plus depuis longtemps la capitale de l'Empire. C'est aujourd'hui, tout au plus, une grosse bourgade un peu provinciale, une "ville moyenne" oscillant entre hyperactivité et assoupissement. Avec Nikko et Kamakura, elle demeure toutefois, au pourtour de Tokyo, une des cités historiques et religieuses les plus prestigieuses du Japon. D'autant qu'on y fait pélerinage de tout le pays, ce qui atténue l'aspect proprement touristique. Comme à Nikko, la cité palatiale et ses chapelets de sanctuaires s'accroche aux contreforts boisés des moyennes montagnes environnantes. Ce n'est qu'au terme d'une longue randonnée qu'on peu espérer visiter les monastères les plus isolés. La ville basse conserve, en contrebas, d'anciens quartiers "de plaisirs" aux maisons de thé disposées sagement le long de rues silencieuses. Comme partout au Japon, l'emprise urbaine n'est jamais totale: ça et là, un temple shinto, un cimetière, un étang bordé de petites maisonnettes, parfois une simple aire de jeu arborée interrompent le damier urbain; faune et flore reprennent ici des "droits" qu'ils n'ont jamais perdus: elle sont au centre de la psychologie sociale.
Les daims de Nara, célèbres dans tout le pays, me rappellent une fois de plus que la patrie de Honda, d'Hitachi ou de Sony s'est constituée dans le creuset du Genji monogatari et plus encore dans l'univers des grands peintres "naturalistes" de l'ère Meiji: Hokusaï, Utamaro, Hiroshige. J'avais quitté les renards sacrés des petits temples d'Ueno, je retrouvais la spiritualité tranquille du shinto avec les daims. Les daims de Nara. Seuls ou en hardes, ils envahissent tout l'espace des temples et des sanctuaires. Biches et faons se déplacent silencieusement au milieu des scolaires et des pélerins et si, d'aventure, vous trimballez avec vous un sachet de riz ou une pochette de sablés, ils vous suivent le long des ruelles montueuses, bordées de petits magasins de souvenirs et de bouisbouis à nouilles sautées, qui rejoignent les allées forestières où sont nichés les sanctuaires les plus vénérés. Mais le trouble que me causent ces animaux magnifiques est d'une nature plus intime et plus profonde que la conscience, au demeurant puissante, de l'existence de Dieu, dans la perfection du dessin de la bouche, celle de la robe fauve piquetée de taches sombres, et plus encore dans ce regard de soie intense, féminine, une perfection...picturale; il relève d'une réminiscence progressive, au fil de la marche et des rêveries, la réminiscence une fois encore, de l'enfance, de ses mythes et de ses représentations. Pour ce qui me concerne et concerne sans doute beaucoup d'européens, les daims sauvages sortent tout droit de "Bambi" et de "Jodi et le faon", une histoire animalière des albums du "Père castor" de 1960. Nous n'imaginons pas de daims apprivoisés. Biches et faons nous font rêver parce qu'ils appartiennent habituellement à l'univers des forêts profondes, un univers sauvage, inaccessible, et par là même onirique. Liés au monde de l'enfance, ils font partie en quelque sorte de l'enfance du monde, ce jardin d'Eden avant les grandes chutes de l'adolescence. Pouvoir, comme je le fis à plusieurs reprises, carresser un faon, c'est parvenir à caresser sa propre enfance. A Nara, je poursuis ce voyage dans cet étonnant Japon qui me restitue, à chaque pas, les albums perdus dans les greniers oublieux de l'Occident. Homme mûr définitif, je ne redeviens pas enfant! Ici, j'accepte, comme tous les japonais, ma part d'enfance, comme on accepte sa part féminine ou ses parts "d'ombre". J'ai eu beaucoup de mal à quitter les daims de Nara...






























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