"L'aventure, c'est le réalisme de la féerie" (ANDRE MALRAUX)

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mercredi 23 mai 2012

LAO SHE






                                         C'était je crois mon avant-dernier soir à Pékin. Je revenais une fois de plus des lacs, à l'ouest de la Cité Interdite. Je n'étais pas encore rassasié de ruelles interminables, de quartiers lointains et des damiers gris des hutongs. Je remontais vers le Nord-Est par les hutongs familiers sur le chemin du Lama Temple où se trouvait mon petit hôtel, au fonds d'une impasse pleine de chats et d'hirondelles.

     Je cherchais la ruelle où avait vécu Lao She, un écrivain que je ne connaissais pas, mais dont j'avais lu une courte biographie dans mon guide: la naissance à la fin du XIX° siècle, un père domestique à la cour impériale mais mort très jeune, une carrière d'enseignant itinérant, ballotté au gré des affectations et des fractures de l'histoire chinoise entre 1911 et 1949, des études en Angleterre et cette mort "étrange" en 1966, vraisemblablement "suicidé" dans le tsunami anti-intellectuel de la "Révolution culturelle". On avait trouvé son corps inanimé sur les rives du lac de Beihai, mon lieu préféré d'errance à Pékin.

     J'imaginais cette vie, on me parlait d'une maison très simple dans un hutong des quartiers du Nord, de ses nouvelles et de ses romans presque entièrement consacrés à ce petit peuple de Pékin disparu avec les dernières années de l'ère mandchoue et la révolution de 1911. Je compris que ce Joseph Roth chinois ne s'était jamais vraiment remis de la disparition de ce monde et que je devrais, bien sûr, aimer ses livres, moi qui ne me suis jamais vraiment remis de la disparition du petit monde "parfait" de ma banlieue de la fin des années 1950.

     Je trouvai facilement la maison, une des premières d'un hutong traditionnel, deux bandeaux gris à perte de vue dont émergent, à peine, les toits aux pointes recourbées des maisons basses. Une plaque très simple, un jeune homme qui  sort et rentre très vite dans la maison-musée. Elles est fermée. Je le savais plus ou moins. Assis sur un muret, j'imagine l'enfance, la vie quotidienne, les amours, des rires, le difficile métier de vivre dans cette Chine entre Empire déclinant et République pleine de chaos et d'espérance...J'imagine un visage. Il est tard. Demain, le train pour Shangaï...

     De retour à Paris, j'achèterai d'abord "Gens de Pékin", puis "Le pousse-pousse". L'atmosphère de ces deux livres correspondra totalement avec mes rêveries du "Lao She Hutong". On découvre parfois un écrivain bien avant de le lire, à partir d'un patchwork de sensations, d'impressions et d'intuitions confuses. Une oeuvre à découvrir, un autre voyage, un nouvel ami.





     


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