"L'aventure, c'est le réalisme de la féerie" (ANDRE MALRAUX)

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samedi 5 mai 2012

POURQUOI JE VOTERAI DIMANCHE POUR NICOLAS SARKOZY.


Au delà du vote présidentiel, il s'agira pour moi, moi parmi d'autres, de voter pour une politique, c'est-à-dire globalement pour une philosophie générale de conduite de la Cité: une "politeïa". Celle que conduit depuis 2007 l'actuel Président de la République, en synergie institutionnelle -on ne le mentionne pas assez- avec un gouvernement présidé selon moi par un très grand Premier Ministre- correspond à ce libéralisme possibiliste qui, sans être la meilleure des politiques, demeure sans doute la moins "mauvaise", au coeur des turbulences de forte amplitude que connaît le monde désormais confronté à la globalisation dans tous les sens du terme.

Reprocher à cette équipe politique de n'avoir pas fait reculer le chômage, de ne pas avoir assuré la croissance -comme si elle se décrétait!-, dans le contexte de la pire crise systémique depuis 1929, c'est reprocher à Roosevelt ou à Blum de n'avoir pas, côté américain ou français, su inverser la machine économique au cours de la Grande Depression. On sait que cette croissance ne devait revenir qu'au cours des années 1950, dans un contexte de reconstruction et de relance, mais aussi dans celui, schumpétérien, de "take off" technologique, et plus largement, dans un environnement macro-politique qui autorisait encore une certaine autonomie décisionnelle des états-nations.

La crise structurelle, systémique, ouverte dans les années 1970 perdure depuis. Elle n'est pas une "crisis" au sens conjoncturel du terme: elle est, globalement, l'entrée dans une ère post-industrielle où, finalement, l'homme compte moins. A cette nouvelle modalité de l'économie globale, on ne peut pas répondre à l'aide des vieux outils keynésiens. Il y faut une réponse par étapes. La crise financière (dont la question des dettes souveraines n'est qu'un des aspects) fonctionne comme "métaphore" ou comme signal d'une transformation majeure de la "civilisation matérielle" au sens braudélien du terme. C'est un temps à la fois passionnant et traumatique, comme en ont vécu les contemporains des grandes révolutions industrielles.

Dans ce contexte, un Etat, un gouvernement, un Président, ne peuvent dans un premier temps que résister et contenir. L'Etat français a globalement su contenir et résister. Le sang-froid du Premier Ministre et du Président de la République ont permis à nos banques de ne pas faire faillitte en 2008 et à la position financière française d'autoriser les emprunts sur les marchés à des taux baissiers minimes. Il y a eu déflation, c'était inévitable, mais il n'y a pas eu récession.
Face à la globalisation, au retour des grands "empires" géopolitiques et économiques (Les Etats-Unis toujours, la Chine aujourd'hui, l'Inde et sans doute la Russie demain), il n'est d'autre solution que d'avancer vers l'Europe exécutive, en bref fédérale. Nicolas Sarkozy, par le protocole de Lisbonne, a remis en selle cette Europe, en panne chez nous depuis le replis frileux de l'échec du referendum de 2005. Comme de Gaulle avant-hier et François Mitterrand hier, il a arrimé cette Europe au "noyau dur" franco-allemand et a eu le courage, malgré le retour de la germanophobie traditionnelle de nos compatriotes -qui plus est attisée par une gauche incohérente- de proposer, face aux désindustrialisations et aux pesanteurs du marché du travail héxagonal, un modèle allemand dont je rappelle qu'il participe depuis 1950 de "l'économie sociale de marché". A la confluence d'une tradition gaullienne et d'un impératif libéral -aux double-sens, inséparables, de Stuart Mill et de Tocqueville- il s'est efforcé de nous faire entrer sans trop de blessures sociétales dans ce monde global, tout en demeurant, autant qu'il encore possible, attentif à l'identité de notre "Grande nation".

A tout prendre, je préfère ce possibilisme au repli identitaire xénophobe d'un Victor Orban ou à la tentation nationaliste flamande. Pour autant, Nicolas Sarkozy, bravant la réglementaire insulte de gauche (fasciste, raciste...), a eu -aussi- le courage de rompre le tabou français concernant l'immigration et, s'appuyant d'ailleurs sur de nombreuses études sociologiques, dit bien haut que l'immigration a changé: elle a changé dans ses motivations, elle a changé dans les cadres d'une assimilation qui ne fonctionne plus et accepte des hommes qui, de plus en plus, refusent de jouer le jeu de l'acceptation des cadres laïques et républicains. La gauche socialiste française, cette escroquerie intellectuelle permanente, prenant acte (sans le dire) de la rupture entre le monde ouvrier -ce qu'il en reste d'ailleurs dans l'acception fordienne et/ou taylorienne du terme- et elle, cherche à se constituer une nouvelle "armée de réserve" électorale en puisant chez les "victimes stigmatisées" que ses intellectuels organiques "paradigmatisent" à tour de bras, pour reprendre l'expression préférée du sociologisme bourdivin. François Mitterrand fut en celà un précurseur! En d'autres termes, ces grands républicains de gauche attisent les communautarismes, surfant sur l'altermondialisme et l'antiracisme, ces nouvelles "novlangues" du communisme latent. Pour faire court, je dirai que si on se targue d'être républicain, on refuse de réserver des horaires de piscines (publiques) pour les femmes musulmanes et on ne donne pas la nationalité française à Mohamed Merah.

Pour ce qui est ne notre politique étrangère, d'ailleurs indissociable des aspects de politique intérieure abordés supra, il me semble que Nicolas Sarkozy, reprenant à son compte la traditionnelle posture gaullienne d'équilibre, a su accompagner, tout en les observant avec soin, les revendications démocratiques de certains peuples du monde arabe et rompu avec éclat la tradition nocive d'une certaine "françafrique" lors de notre intervention en faveur du Président Ouattara de Côte d'Ivoire. En Afghanistan, nous avons tenté -hélas en vain- de participer au "Surge" américain, mais nos soldats, tombés dans la Kapisa, sont morts -aussi- pour une certaine conception du "Droit des gens". Dans les crises majeures que traversent notre planète, nous devons je crois à Nicolas Sarkozy, le retour de la voix de la France dans le monde. Prenant acte du blocage européen et soucieux de maintenir avec les Etats-Unis un lien traditionnel sans compromissions, il a réinstallé la France dans le commandement intégré de l'OTAN, permettant, ici aussi, de renforcer la place de la France dans les géostratégies mondiales.

Tout ne lui a pas réussi et il a commis, le reconnaissant lui-même, des erreurs ou des maladresses. Il n'en reste pas moins, comme le notait récemment Marcel Gauchet, le premier président post-moderne de la V°République. On aurait pu s'inquiéter de l'irruption de ses passions intimes sur la scène publique. Elles n'empêchèrent pas cet homme entier,affichant ses désarrois et ses amours, de conduire avec un sang-froid remarquable les affaires de l'état. A tout prendre, malgré des côtés people parfois agaçants, je préfère les passions affichées aux doubles vies cachées et aux sexualités "border line".


Voilà pourquoi, dimanche, je renouvellerai ma confiance à Nicolas Sarkozy.

BUDAPEST, le 5 mai 2012.

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