A la confluence stylistique des "Misfits" de HUSTON et du "Easy Rider" de Dennis Hopper, "Paper Moon" choisit délibérément de renouveler le "road movie" en superposant une aventure intime au réalisme social du cinéma des années Roosevelt cher à la Warner. L'errance d'un père improbable et de sa fille dans l'Amérique de la grande dépression et du New Deal navigue subtilement entre chronique de mœurs, critique politique et récit d'apprentissage. Le "liant" de ce film tout à la fois tendu et fluide, drolatique et dramatique réside dans la poésie absolue des images, empruntée aux grands photographes américains des années trente (STIEGLITZ, MILLER,FRANK,CAPA...) et le refus de tout "psychologisme". Bogdanovich "montre" mais de démontre pas: la fillette délurée et un peu vacharde hésite toujours un peu entre le rire et les larmes, la clope et les peluches, en quête d'un père jobard balançant jusqu'au bout entre un amour qui le dérange et une fuite qui s'essouffle. Cet état "border line" d'une complicité difficile n'est pas sans rappeler "Alice dans les ville" de WIM WENDERS. Ici, la grâce des deux acteurs principaux doit beaucoup au fait que Ryan O'Neal joue avec sa propre fille, la petite Tatum O'Neal, qui recevra d'ailleurs, pour sa prestation, un oscar du meilleur second rôle féminin. Une fois encore, il apparaît bien que la route absolue porte toujours en elle l'amour absolu. Un chef d'oeuvre méconnu.
Au GRANDACTION, 5 rue des Ecoles (75005).
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