"L'aventure, c'est le réalisme de la féerie" (ANDRE MALRAUX)

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lundi 4 novembre 2013

"SALVO": UNE MISE A MONDE.

"SALVO" , de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza (Italie, 2013).




"Salvo est un homme de main de la mafia sicilienne, solitaire, froid, impitoyable.

 Alors qu’il s’introduit dans une maison pour éliminer un homme d’une bande rivale, il découvre Rita. La jeune fille est aveugle et assiste impuissante à l’assassinat de son frère.

 Quelque chose d’extraordinaire se produit lorsque Salvo décide de laisser la vie sauve à ce témoin. Désormais, hantés, l’un et l’autre par le monde auquel ils appartiennent, ils sont liés à jamais."

("PREMIERE")

                                                                              Sara Serraiocco










Loin des conventions du genre subverties progressivement, c'est à une  "mise à monde" auquel nous convie ce film habité d'une grâce obscure, d'une mise à monde à partir d'une mise à mort comme s'il fallait en passer par là, pour le metteur en scène -qui ne fait jamais que mettre au monde, c'est-à-dire que "dévoiler"-et pour ses deux anti-héros -un Homme et une femme bien sûr, comme au commencement du monde et de son cinéma-,s'ils voulaient advenir à ce monde et s'y déployer, non pas au grand jour -Palerme, écrasée de chaleur, en pleine lumière, écrase les formes et réduit les êtres  à une pâte intemporelle, les silhouettes des mafieux à d'interchangeables ombres dans cette "obscurité du dehors" (CORMAC MCCARTHY)- mais au cœur des ténèbres où cette histoire, faussement prévisible, les avaient plongés, le cinéaste, accoucheur d'un accouchement, dévoilant le monde à partir de deux aveuglements "fondateurs", l'aveuglement du tueur sanglé dans l'ascèse de sa "mission" -on retrouve ici des traits du "Samouraï" de MELVILLE, l'absence d'affect, les gestes épurés, une vie réduite à l'ordonnancement de chaque objet (un lit monacal, une bouteille d'eau)- et celui de sa cible, moins aveugle que volontairement non-voyante, comptant de l'argent qui ne lui appartient pas comme on compte des jours qui ne vous appartiennent pas.

Palerme sous la chaleur et cette chaleur presque palpable contrastant avec ces deux "aveugles" s'affrontant dans un dédale de lieux clôts et obscurs -sous-sol d'immeuble, bunker industriel au bord d'une décharge suburbaine -on y abandonne généralement les cadavres des "contrats"-, s'affrontant, se confrontant sans jamais s'étreindre, ou bien alors du "regard" quand, finalement, ils se désaveuglent et se découvrent/dévoilent,  se mettent au monde -un nouveau monde-Elle, s'efforçant de trouver une alternative à son destin en regardant pour la première fois peut-être, Lui, crocheté hors de son ascèse close vers ce scandale de l'Amour, lui, ce tueur venu d'une autre désert (la Palestine, patrie du comédien SALEH BAKRI) et d'un autre flou (historique; Bakri est ne nationalité israélienne) que ceux de la Sicile éternellement mezzo "à giorno", la Sicile mal "éclairée" par le Nord, "eux", vers la fin, réunis au bord des décharges industrielles, puis devant la mer, après avoir affronté des tueurs flous, les bourreaux ordinaires de la modernité et de l'extermination sérielle, Lui/Elle, champ/contre-champ, plan fixe devant la mer, sa naissance à elle à partir de sa mort à lui, Eve/Adam inversés, mais ce corps de Christ veillé par une Vierge blessée, devant la mer/mère. Un film en forme de création du monde.

(Olivier Milza de Cadenet)


                                                                            Saleh Bakri

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