"L'aventure, c'est le réalisme de la féerie" (ANDRE MALRAUX)

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mercredi 17 janvier 2007

FRAGMENTS.



Peintures du hongrois Joseph Rippl-Ronai (1861-1927)





En suivant MIKLOS SZENKUTHY...

Ecrivain Hongrois de la première moitié du XX° siècle, MIKLOS SZENKUTHY a publié le "Bréviaire de Saint-Orphée", immense roman-essai protéiforme qui, à l'image des grands textes universalistes issus de l'Europe centrale et orientale ( J.Roth, R.Musil, M.Banffy...), entend enfermer le monde et le temps dans un seul et même livre...Voici quelques "fulgurances" tirées du dernier volet de la trilogie, "Escorial", publié chez Fayard.




" Je me jette parmi les vagues et les feuillages de ce monde, pour le façonner, le diriger et le corriger de l'intérieur, non comme la scie qui abat l'arbre, mais comme l'eau fraîche qui nourrit sa sève."

Dans la Hongrie de 1940, M.S. confronté au totalitarisme nazi (et dans peu de temps communiste) pose la question cruciale de la pertinence d'une démarche radicalement révolutionnaire:

"L'homme purement contemplatif finit par se sentir lâche, maladroit et égoïste...Mais si je suis militant, je risque de déchaîner dans la société des sadismes, des brutalités, des absurdités et des immoralités imprévisibles, et les moyens auxquels je recours finiront par compromettre définitivement le caractère sacré de la vie".

et poursuivant son analyse des ressorts de l'action humaine sur le monde, il écrit, en prenant comme "support" la vie et la pensée d'Ignace de Loyola, fondateur de l'ordre des Jésuites:

"Votre Guide a introduit dans sa compagnie la lutte intérieure qui constitue l'essence même de sa vie: le grand romantisme chevaleresque et lunaire de sa jeunesse et l'amère lucidité calculatrice de sa vieillesse. C'est cette dualité que j'aime le plus en vous, car elle reflète l'éternel déchirement de l'homme entre l'idéel et le réel".

Elargissant son propos, il évoque la confrontation tragique entre l'Idée et le monde:

"La réalité est une "dissembling nature", comme le disait Richard III, un semblant insatisfaisant et difforme, un terrain glissant. Y-a-t-il jamais eu la moindre idole chinoise ou aztèque capable de nous venir en aide? De compenser l'insupportable déception que nous valait la réalité?".

...
avant d'ironiser mélancoliquement sur "l'insoutenable légèreté" des constructions humaines:

"Les symétries sociales, la naïve géométrie des actes, la collectivité normative, les décorations de la hiérarchie, toutes choses par lesquelles vous cherchez à juguler ou à masquer la béance du Néant...Car la religion, comme le mythe, sont des métaphores...Qu'est-ce qu'un mythe? Tout mythe, toute religion?...C'est d'une part la fascinante identité de la réalité avec elle-même: l'arbre est terriblement arbre, le soleil est meurtrièrement soleil, l'amour est amour avec une absolue précision: à la fois paralysantes et enivrantes, l'Identité et la Tautologie inspirent toute religion, c'est-à-dire tout mythe".


"L'essence de l'homme est dans l'oscillation entre le doute infini et un objet matériel tout aussi infini, en attendant que la balançoire sur laquelle nous sommes assis ne s'accroche, cheveux au vent d'un Absalon, à la branche noire du palmier de la mort".