
LES PIGEONS
Depuis toujours ils s’arriment à la ville
en averses brèves en froissements poussiéreux, métallifères
leurs yeux seuls, étroits et rudes
les rattachent aux grandes fratries des envols, aux lointains
leurs migrations sont brèves, ils trébuchent plus souvent qu’ils ne s’effondrent
et quand ils meurent, on voit déjà l’image industrielle des décharges
le balayage nonchalant des roideurs, oh ! ces oiseaux à contre cœur !
Pourtant ils dorment comme les mouettes
tête rentrée dans le mauvais carcan du plumage ces oiseaux prolétaires
et leur envol souvent fait rêver les enfants
car ils sont les oiseaux de l’enfance des villes, ses beautés, ses salissures
et les oiseaux des vieux, aussi, puisque se succédant ils ne vieillissent pas,
toujours les mèches folles et la rondeur
et le clip-clap bleu des pattes sur les toits.
La vieille en bas vers huit heures ouvrait son caravansérail
ils s’abattaient, elle ordonnait un instant leurs sonnailles
la vieille qui donnait à manger aux oiseaux
très haut les sirènes soudain exilaient la nichée
gerbe sombre chassée d’un si petit rivage.
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