dimanche 10 juillet 2016
GRANDS D'ESPAGNE
GRANDS D’ESPAGNE
Pour Victor
Barrio, Matador de Toros
Matador de Toros !
Virgule cambrée habillée de moiteur dorée, soixante kilos de grâce et voici,
comme né de la poussière, venu des plaines immenses un taureau de Miura, cinq
cent kilos de puissance et je ne vois, dans l’arène que deux Grands d’Espagne
remettant en jeu pour encore cet eros de marbre que le sang sanctifie.
Matador de Toros !
Voici l’Espagne altière, dérisoire, seigneur et manant, enfants d’Estrémadure
conquérants et livides dans les sables des mondes, tous fils de Pizarro et des
cadets de l’Alcazar, mâles bien sûr
devant les Minotaures mais ces capes de sang vibrant dans vos mains d’infantes
, ces passes de Véronique, ces yeux baissés au-devant de la mort que l’on donne
ou que l’on reçoit, toujours un peu encore pour le Christ et pour le Roi ou
pour l’honneur ou pour rien.
Matador de Toros !
Vous êtes ce qui reste des Espagnes impériales et fourbues, enfants pauvres
regardant dans les yeux le malheur, un jour à l’Escorial, le lendemain à Yuste,
Charles Quint le matin, Quichotte le soir, et vos corps de princesses tout empanachés
de dorures savantes ont cette interminable maigreur des Jésuites d’Avila.
Matador de Toros
qui dansiez à Teruel, je te salue, vous
qui mourûtes les yeux ouverts sur le
ciel d’Espagne, jongleur de votre vie lové autour de la mort, avant trente ans
vous quittez ce pays dont vous fûtes, une fois encore, cette âme sombre toute
effilée de Victoires et de Chutes, avant
que ne triomphe pour toujours les travestis d’Almodovar et les pensées
vétérinaires.
Virgule cambrée de moiteur dorée,
soixante kilos de grâce contre cinq cent kilos de puissance, j’ai beau y
regarder encore, je ne vois dans l’arène que deux Grands d’Espagne.
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