"L'aventure, c'est le réalisme de la féerie" (ANDRE MALRAUX)

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lundi 29 septembre 2008

SCIENCES-PO GROUPE SAMEDI.





ASSISTANCE PEDAGOGIQUE (groupe du samedi).

Matelots (tes)!


Vous trouverez dans cette section du blog des plans, conseils,etc. spécifiquement pour vous. Je vous indiquerai en cours ce que vous devez ou pouvez lire dans les autres sections. Pour le plan qui suit, il ne remplace aucune autre approche mais propose une modélisation sur le thème de la Guerre froide. Révisez celle-ci en détail .dans les cours qui vous seront proposés par vos profs.

Pour compléter cette lecture, n'hésitez-pas à lire un article "Tocqueville" dans une encyclo, voire, pour les plus perfectionnistes (en fonction de votre temps), lire quelques chapitres de la "Démocratie en Amérique" ; je vous recommande chaudement la version GF (Garnier-Flammarion), à cause de son appareil critique et surtout de la remarquable introduction de François Furet qui, de plus, résume l'ouvrage en le présentant.

A bientôt.

Le capitaine.

P.S: vous pouvez-lire dès à présent, sur le blog (zappez!) les plans que j'ai proposé pour les "grandes années": 1947,1956,1968,1973.

So long!





UNE BIPOLARISATION DU MONDE DES 1917 ?

Tocqueville pronostiquait dès 1847 une opposition géopolitique entre la jeune démocratie américaine et le géant russe, constatant leur double vocation à l’expansion impériale, quoique dans des acceptions philosophiques différentes. (« De la démocratie en Amérique »). De fait, dès la fin du XIX° siècle, les USA entament une expansion impérialiste (Mahan/TH.Roosevelt) maritime, tandis-que la Russie colonise le Caucase, puis les terres orientales de l’empire et fixe ses relations à l’Europe dans une vision « eurasiatique ».La défaite de 1905 face aux Japonais amène les Russes à s’intéresser à l’Europe balkanique, d’autant plus que la triple Entente, aux côtés de l’Angleterre et de la France, la lie à une Europe vers laquelle elle regarde depuis Pierre le Grand (fondation de Saint-Petersbourg en 1705). L’année 1912 voit l’élection du démocrate Wilson et l’apparition d’un messianisme politique qui amènera l’entrée en guerre des USA en 1917, l’année même où la Russie impériale s’effondre sous les coups d’une révolution bolchevique qui entend étendre au monde sa rhétorique internationaliste, donnant à l’expansion une connotation désormais « libératrice ».

De fait, une rivalité latente oppose la jeune nation soviétique et la « République impériale » américaine, d’une guerre à l’autre, essentiellement au plan idéologique, mais sans exclure déjà des objectifs économiques et/ou géopolitiques (investisements américains en Europe et en Russie dans les années 1920 ; avancée des intérêts russes en Asie). La Grande Alliance qui les réunit pragmatiquement durant la Seconde guerre mondiale laisse transparaître, dès 1943, des visées d’après-guerre qui annoncent un vaste conflit Est-Ouest, une fois écartée la menace d’une Europe allemande et d’une Asie japonaise. La Guerre froide, effective à partir de 1949, ouvre une ère d’affrontement planétaire entre Est et Ouest, entre modèle libéral-atlantique et modèle communiste. Cette bipolarisation n’est plus seulement idéologique, mais bien géopolitique, englobant décolonisation et post-colonialisme, alignement sur l’un ou l’autre des deux camps ou non-alignement. C’est dire que la vision tocquevilienne semble se vérifier, précisée pour le XX° siècle par ANDRE FONTAINE (« Histoire de la Guerre Froide ») aux yeux de qui l’année 1917 ouvre une ère d’affrontement global entre USA et Russie/URSS qui semble s’être achevée avec l’affrontement du camp soviétique en 1991.

I. DE 1917 A 1949, USA ET URSS DEVELOPPENT DES RHETORIQUES MESSIANIQUES ET IMPERIALISTES ET CONSTITUENT DES ZONES D’INFLUENCE QUE LA FIN DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE SANCTIONNENT ET QUE LES DEBUTS DE LA GUERRE FROIDE RIGIDIFIENT.

A/ De 1917 à 1921, deux grands messianismes s’identifient.

1. Révolution russe et entrée en guerre des USA.

2. Le poids des USA dans les traités de paix européens et la refonte des relations internationales (le Wilsonisme).

3. Les Bolcheviks à l’assaut de l’Europe malgré la politique du « cordon sanitaire » à laquelle les Américains prennent une part active (Komintern, création des PC, influence sur les révolutions allemande et Hongroise). Le Congrès de Bakou ( 1919) n’est pas sans préfigurer la stratégie de déstabilisation périphérique des années 50-80.

Toutefois, le rapprochement germano-russe de 1922 (Rapallo), la tactique d’ouverture opportuniste de la NEP et la volonté anglo-saxonne de ne pas asphyxier l’Allemagne renvoient au second plan l’opposition Occident-communisme.

B/ De 1922 à 1938, les oppositions Est-Ouest s’atténuent, du fait de la montée du fascisme en Europe et des effets de la crise de 1929.

1.L’impérialisme économique américain, très actif en Europe jusqu’en 1929, reflue à partir de cette date du fait des effets de la crise. L’idéologie passe en second plan (reconnaissance de l’URSS en 1934).

2. Le communisme continue son expansion : création de l’URSS malgré des oppositions régionales (Ukraine, Géorgie…) ; agitprop en GB (grèves de 1926) et en France (jusqu’en 1936), implication dans la Guerre d’Espagne (1936-1939) et les révolutions chinoises (alliance du PCC et du Guomindang jusqu’en 1927) ; visées vers l’Afghanistan et l’Iran. Tout cela laisse, jusqu’en 1933, la lutte contre le nazisme à l’arrière plan, selon la tactique « classe contre classe ». La NEP a par ailleurs atténué les préventions occidentales à l’égard des Bolcheviks.

3. Dès cette époque, l’Europe doit se positionner face aux impérialismes existants ou montants : le projet de BRIAND d’Etats-Unis d’Europe s’explique aussi par les relations difficiles avec les USA (dettes de guerre) et la perte de puissance économique et financière du vieux continent. Briand engage également un dialogue franco-allemand entre 1925 et 1929 afin d’encadrer une puissance allemande renaissante. Enfin, Louis Barthou cherche à renforcer les alliances de revers de la France en proposant un pacte oriental incluant l’URSS. On retrouve ces problématiques (USA-Europe, URSS-Europe, binôme franco-allemand) après 1945. Enfin, les accords de Munich, en 1938, amènent Staline à se méfier des Occidentaux, tandis-que l’anticommunisme se renforce en Europe de l’Ouest.

C/ De 1938 à 1949, le combat contre le fascisme (passé le « réalisme » du pacte germano-soviétique) aboutit à une « grande alliance » qui ne résiste pas aux visées impérialistes des Américains comme des Soviétiques, préfigurant dès 1943-44 une bipolarisation qui se renforce de 1945 à 1949.

On est au cœur du sujet : durant cette période cruciale, l’URSS passe de l « imperium idéologique » à une politique de grande puissance que sa victoire dans la guerre amplifiera. Parallèlement, les USA, oscillant entre acceptation du statu-quo en Europe et engagement dans le conflit, choisisent l’intervention et sortent de la guerre comme puissance dominante à visées planétaires d’abord justifiée par la lutte contre l’empire japonais et les fascismes, puis par l’expansion soviétique, en Extrême-Orient et en Europe.

1. L’effacement relatif des USA concoure à la montée du nazisme en Europe et à l’alliance germano-soviétique.

2. Pendant la guerre, la « grande alliance » cache mal une volonté parallèle des Soviétiques et des Américains de « régner » sur l’après-guerre (Charte de l’Atlantique, conférences de Téhéran, Postdam et surtout Yalta).

3. De 1945 à 1949, les oppositions idéologiques et géostratégiques aboutissent à une guerre froide qui se renforce entre 1945 et 1949 (blocus de Berlin, OTAN, proclamation de la République populaire de Chine). Aux Nations Unies, deux rhétoriques de décolonisation (URSS, USA) partent à l’assaut des vieux empires coloniaux et, indirectement, des « vieilles puissances » : GB et France.

II. A PARTIR DE 1950 ET JUSQU'A L’EFFONDREMENT DE L’URSS, ON PASSE D’UN AFFRONTEMENT USA/URSS A UNE BIPOLARISATION PLANETAIRE ENTRE EST ET OUEST, IMPERIUM COMMUNISTE ET « EMPIRE AMERICAIN » (CLAUDE JULIEN).

A/ De 1949 à 1962, la grande « guerre froide opère le passage entre un affrontement USA/URSS et l’opposition de deux blocs « civilisationnels » et géopolitiques antagonistes, contraignant la plupart des pays à se positionner par rapport à l’un ou à l’autre.

1.Europe de l’Ouest et Europe de l’Est (Comecon, CEE, Otan, Pacte Atlantique et de Varsovie, fractionnement de l’ONU…). La première construction européenne s’effectue sous « magister américain » et contre l’URSS (OECE, CECA et échec de la CED).

2. Tandis que le Japon « choisit » le camp américain à partir de 1950, la Chine de Mao, nonobstant les conflits idéologiques et frontaliers avec l’URSS, étend le camp communiste, ce qui débouche sur des conflits indirects entre les deux blocs comme la guerre de Corée entre 1950 et 1953, ou la guerre d’Indochine entre 1946 et 1954.

3. Les crises de 1956 (Budapest et l’Egypte) confirment cette bipolarisation en démontrant le recul définitif des anciennes puissances (France, GB), tandis que la crise de Cuba (1961-1962) marque l’apogée de la guerre froide. Parallèlement, le mouvement des « non-alignés » démontre indirectement la contrainte d’alignement (L’Inde, comme l’Egypte ou la Chine appartiennent toutefois à l’espace des pays non-atlantiques et TITO, d’abord hostile à l’URSS de Staline, reprend des relations normales avec Moscou sous N.KHROUCHTCHEV à partir de 1956).

B/ De 1962 à 1982 (mort de Brejnev et début de l’affaiblissement soviétique), les rivalités idéologiques s’estompent devant les logiques impérialistes traditionnelles.

1.Le Vietnam en 1961-1973 comme le Chili (1971-1973) symbolisent la permanence des conflits à base idéologique.

2. Toutefois le conflit s’estompe en Europe dans le cadre d’une intégration européenne renforcée : politique d’indépendance nationale de la France de de Gaulle, binôme franco-allemand et élargissement de la CEE entre 1974 et 1981.

3.USA et URSS cherchent de plus en plus à étendre leurs empires géopolitiques : les USA en Amérique latine et au Proche-Orient (67-73 et au delà), les Soviétiques en Afrique (1974-1977) et en Asie centrale (intervention en Afghanistan en 1980).

C/ De 1982 à 1991, les positions soviétiques, déjà fragilisées en Europe (Tchécoslovaquie en 1968, Pologne à partir de 1980) refluent dans le monde, tandis que la Chine enclenche une modernisation économique et que les USA redéploient leur puissance plus économiquement et « culturellement ».

1. La révolution islamique en Iran (1979) et la défaite soviétique en Afghanistan (1988) introduisent une problématique nouvelle (islamisme et terrorisme international) qui remettent en question la partition Est-Ouest traditionnelle.

2. Les USA, après la crise des SS20/Persching au milieu des années 1980, redéploient leur puissance (finances, modèle démocratique) et interviennent dans le golfe persique dans un cadre différent de celui de la guerre froide

).

3. La chute de l’URSS en 1991 met fin officiellement à la guerre froide.

La « Glasnost » gorbatchevienne » a des limites : voir le rapprochement avec la Chine

dès 1985-86, l’ambivalence à l’égard de l’indépendance des Etats baltes et une fermeté à l’égard des républiques du Caucase que ne démentiront, ni Eltsine, ni Poutine (Tchétchénie, Géorgie, Ukraine)..

Conclusion : De deux modèles de « révolution » en 1917 à deux blocs géostratégiques de 1947 à 1991. A bien des égards, une rivalité entre USA et Russie perdure, en particulier pour la « maîtrise » de certaines régions du Caucase et d’Asie centrale (GUUAM-organisation regroupant Géorgie, Ukraine, Ouzbékistan, Arménie et Moldavie- en particulier). Enfin, en Europe de l’Est, les hésitations entre intégration à l’Europe, atlantisme voire nostalgie du communisme, maintiennent, au début du XXI° siècle, certains aspects de la problématique de guerre froide. La conception fontainienne de guerre froide dès 1917 invite à penser les relations internationales davantage en termes géopolitiques, c’est-à-dire à partir du concept d’empire et d’impérialisme.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour, Ô capitaine mon capitaine!

C'est toujours un plaisir de lire vos nouveaux textes.

Je souhaite un bon courage à tous ceux qui font partie dudit "Sciences Po Groupe Samedi" pour continuer de bosser et réussir le concours.

À très bientôt sur Paris, Capitaine.

Quentin Landau.

Olivier Milza de Cadenet a dit…

Salut lieutenant de vaisseau Landau. Appelez-moi (je suis plus disponible désormais)ou envoyez un message sur caramail.
Amitiés.