NOUS.
Nous, tant que dure la bataille de Vivre
avec ses assoiffantes ruées et puis les Chutes- aussi-
vagues vergues pliant jusqu’à n’en plus merci,
lâches et preux tant qu’avons une raison de vivre ;
Aimons sur les hauteurs les lisières et les brumes
posée sous l’organdi du ciel une saison volée aux craquements du siècle,
partout entre soifs et songes l’arborescence grise des faubourgs,
sur la paume des rues des enfants dans leurs hunes,
des enfants tristes et doux.
Nous ne sommes pas de grands capitaines !
Aimons que les mers nous frôlent et qu’en ce frôlement elles puissent
entoiler nos sommeils à l’horizon des mondes,
arrimer nos regards à ces cours noires et rondes
d’où nos navires lourds, soudain, d’un bout-du-monde surgissent
et glisssent
leur grand tonnerre de rouille dans le vieux fourreau des partances, mais
nous ne sommes pas de grands capitaines !
Peintes du bleu du ciel et blanches et rouges aimons les maisons basses
sous les remparts,
dans les creux d’ombre des jardins qui dorment,
ces femmes floues lavant du linge sous les ormes,
immobiles tout-à-coup, accélérons notre pas nous sachant exilés des
regards, car
nous ne sommes pas de grands capitaines !
Tant qu’il y aura, ici ou là, ces lieux d’hier pour désapprendre l’avenir,
gardons les frontières floues des grandes métropoles – Triestes, Saloniques, Alexandries, Palermes-
sachons pouvoir encore hisser nos rêves saltimbanques et parcourir
les territoires de l’Homme comme on retrouve les traits des fiancées anciennes.
Nous qui sommes traces éphémères
dans les merveilles et dans l’effroi,
hommes, aussi peu souverains que des pierres,
et pauvres, et beaux, et misérables et rois ;
Frères, organisons le monde à partir de l’Enfance car
nous ne sommes pas de grands capitaines!
1 commentaire:
J'inspire tour a tour poètes et rêveurs,
Je fascine sans répit. Avec audace je danse,
Je suis celle que tu aimes, que tu désires ;
Bien belle je le suis, éternelle je serai,
Muse de l'un, reine de l'autre.
A personne je n'appartiens, car même l'amour j'ai conquis.
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