"L'aventure, c'est le réalisme de la féerie" (ANDRE MALRAUX)

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lundi 14 février 2011

JAPON(S) 2009: HIROSHIMA.

"C'est dans ces espaces aussitôt investis par la quête et le désir que se déploie cet "esprit du plaisir" (asobi no seishin) propre à la mentalité populaire depuis notamment l'époque Edo. Un esprit irrévérencieux, frondeur, que l'on trouve dans la ville basse (shitamachi)...C'est dans ces failles que se jouent les autonomies, que se déploient les esquives à l'assujetissement".

(PHILIPPE PONS; "D'Edo à Tokyo. Mémoires et modernités".





Le bouiboui d'Hiroshima.

C'est un petit bouiboui a l'intersection de deux ruelles anciennes, non loin de la gare d'Hiroshima. Les types sont alignés au bar dans une sorte de garde-à-vous bon-enfant. Mon hôtel -un rade crasseux pour petits salariés solitaires- surplombait la ruelle à peine visible sous un entrelac compliqué de câbles noirs et poisseux. J'avais passé le plus clair de mon temps au "Parc de la Paix", indiqué dans le tramway par la mention "Dôme de la Bombe". La journée avait été splendide sur Hiroshima, un ciel indigo et des milliers d'oiseaux. Le soir, bien sûr, j'ai éprouvé l'angoisse habituelle, le noeud dans la gorge et des images d'enfance...Je suis descendu et j'ai longuement erré dans ces deux petites ruelles. Les magasins avaient tous fermé leurs rideaux et le bar, seule source lumineuse, semblait surgir de la nuit. Je n'ai pas osé entrer. J'avais peur de déranger un désordre en équilibre précaire. En me voyant passer, un ou deux types ont tourné la tête un instant puis ont repris leur pose immobile. Les deux petites rues formaient un ilôt de passé déchirant. Chacune butait soudain, à son extrémité, sur d'immenses avenues couvertes d'enseignes lumineuses verticales. C'était tout ce qui restait du vieil Hiroshima, un Hiroshima très antérieur à la Bombe, à l'époque ou le nom de la ville ne signifiait rien d'autre que celui d'une ville active du Kanto. Le bar de nuit me rappelait les vieux cafés de quartier de mon enfance, aujourd'hui disparus. Sur la baie vitrée au premier plan, on voit une affiche représentant une femme en kimono préparant un repas et les petits carreaux de faïence dessinent autour d'elle comme un encorbellement d'une très légère modernité. L'ensemble m'évoque, je ne sais pourquoi, les années 1950...Il me fait penser aussi à un tableau d'Edward Hooper. J'étais bien devant le bouiboui, dans cette petite rue comme suspendue entre terre et ciel. Quand j'ai pris cette photo, il m'a semblé faire un portrait. Avec le héron réfugié entre les arcades noircies du "Dôme de la Bombe", c'est tout ce que j'ai vu à Hiroshima.

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