"L'aventure, c'est le réalisme de la féerie" (ANDRE MALRAUX)

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mardi 26 novembre 2013

LE COMMENTAIRE DE DOCUMENT A L'EPREUVE D'HISTOIRE DU CONCOURS SCIENCES-PO PARIS.










CONSEILS POUR LE COMMENTAIRE DE DOCUMENTS A L’EPREUVE D’HISTOIRE DU CONCOURS DE SCIENCES-PO PARIS.

Concours blanc du 19 octobre 2013

-Bien lire le texte.
-Dégagez les axes essentiels en citant quelques mots ou courts passages importants.
-Délimiter la source et son ou ses auteurs (nature du texte).
-Pour la question d’approfondissement –ici  Jeanne-d ’Arc et la Commune-, expliquez les deux épisodes brièvement puis en chercher les  rapprochements possibles.
-Dans la mesure du possible, replacer le texte dans un contexte plus large –ici l’Histoire de l’extrême-droite en France- en fixant quelques repères : d’où ma mention de Maurras, de Pétain, de Poujade et du FN. Pas besoin de polémiquer : il suffit de mettre en correspondance ou « en écho » des comportements idéologiques pour en comprendre les convergences et les divergences.

En général, un document s'analyse selon la progression suivante:
1.Nature du document ( elle induit d'ailleurs une partie de l'analyse)
2.Contexte du document (Article, discours,etc.Il peut éclairer le commentaire).
3.Contenu du document.
4.Portée du document ( qui "lance" le commentaire à partir de la question posée).



TEXTE DE PAUL MARION SUR LE PPF DE JACQUES DORIOT (1937).

1-Délimitation de la source : un article de presse de juin 1937 rédigé par PAUL MARION, ancien communiste comme Doriot, ancien chef des services de la propagande du PCF, devenu par la suite néo-socialiste et l’un des fondateurs du « Comité France-Allemagne » aux côtés de Fernand de Brinon, futur cadre de Vichy. Il analyse dans cet extrait la nature politique du PPF –le Parti Populaire Français- créé en juin 1936 par JACQUES DORIOT, ancien député communiste de la Seine- qui deviendra la première formation de masse d’un fascisme français. Comme son modèle italien le fascisme de Doriot ne va pas tarder à évoluer des positions révolutionnaires de ses débuts vers des vues beaucoup plus traditionnalistes qui sont, classiquement, celles du nationalisme français. C’est cette mutation dont l’article de Paul Marion rend compte.

2-L’extrême-droite du PPF vue par Marion : c’est une posture qui entend « unir le social et le national », mais plus largement réunir les Français au-delà des clivages sociaux et professionnels –artisans, ouvriers, paysans, bourgeois-dans une conception « organique » de la société telle que la défendait Charles Maurras au début du XX° siècle. Au passage, notons que cette vision de l’unité sociale s’oppose à la conception marxiste de la « lutte des classes ». Évoquant la France médiévale, Marion manifeste, à travers son analyse du PPF, une nette empathie pour le monde rural et son idéal de « communauté villageoise », ce qui ramène encore au Maurras de "L'Enquête sur la monarchie". On ne peut pas ne pas évoquer, quelques années plus tard, le « La terre ne ment pas » du Maréchal Pétain, en rappelant qu'une bonne partie des cadres politiques de la "Révolution Nationale" sont issus de L'Action Française. On sent Marion attentif à « l’Unité » de la France.Sans doute trouve-t-on ici un écho des luttes politiques violentes, entre l’extrême-droite et la gauche socialiste et communiste, depuis les événements du 6 février 1934 et le Front Populaire.

3-Réflexion critique sur la comparaison entre l’action de Jeanne d’Arc et celle de la Commune de Paris : la comparaison vous a semblé osée parce-que vous n’en avez pas assez pesé les termes et analysé la nature. Marion précise bien que les deux épisodes –intervention de Jeanne d’Arc auprès du roi Charles VII (XV° siècle) pour unifier l’opposition à l’occupation anglaise d’une partie de la France dans le cadre de la « Guerre de 100 ans », et soulèvement du petit peuple des ouvriers et des artisans de Paris contre l’Etat français accusé de capituler devant les Prussiens à Versailles (janvier 1871)- appartiennent à un cadre différent et concernent des classes sociales nouvelles pour ce qui est de la Commune. Marion n’ignore pas que le soulèvement de Jeanne d’Arc s’effectue à partir d’une révélation religieuse, dans un pays catholique et attaché à son roi, alors que le soulèvement communard, entre mars et mai 1871, doit beaucoup à l’action nettement idéologique de « meneurs, d’un républicanisme ultra-rouge, antireligieux, jacobin, prolétarien, fouetté par la haine pour cette assemblée monarchiste » ( Jean-Jacques Chevalier. Il fait référence aux élections de février 1871 qui envoient à l’Assemblée Nationale une forte proportion de monarchistes (400 députés) candidats des « listes pour la paix »). Mais il compare en fait deux attitudes parallèles en matière de résistance populaire « unitaire » et, surtout, ce qu’il y voit d’un même désir de « transformation » et de « fédération » des énergies. Bien entendu, Marion, comme Doriot, ont gardé en eux, malgré leur conversion à un idéal nettement nationaliste et idéologiquement « contre-révolutionnaire », une passion pour la « révolution sociale ». Deux observation plus fines peuvent être faites : Marion est trop heureux de critiquer indirectement l’Angleterre, bête noire du régime de Vichy plus tard (cf extrait du discours de Doriot en 1941 en vidéo) et l’on ne peut s’empêcher de penser, quand il évoque les « ennemis de l’intérieur » contre les Français aux « pieds bien plantés dans leurs terroirs » aux postures xénophobes et antisémites de l’extrême-droite française, en particulier dans les années 1930.

4-Synthèse et élargissement : le texte de Paul Marion révèle, au-delà de la présentation d’une initiative du PPF –deux gerbes, l’une devant la statue de Jeanne d’Arc, l’autre au mur des fédérés, dans le cimetière du Père-Lachaise, dernière poche de résistance des communards face aux Versaillais en mai 1871- l’idéal qui fut celui du fascisme, en particulier dans la déclinaison française du PPF : unir révolution et conservatisme social, ce que l’historien allemand ERNST NOLTE appellera « Révolution conservatrice ». On notera enfin combien l’extrême-droite française puise, autant que l’extrême-gauche, dans le vivier des classes populaires rurales et urbaines, et entend réconcilier le national et le social. On retrouvera cette fusion dans le Poujadisme des années 1950 et les postures populistes et nationalistes du Front National dans le dernier quart du XX° siècle.

Pour approfondir :
-Article « Commune » dans n’importe quelle encyclopédie.
-Manuel du secondaire : Jeanne d’Arc et Guerre de 100 ans.-


-A connaître : « Jacques Doriot » de J-P. Brunet.







JACQUES DORIOT A PARIS EN 1941




...et je vous invite à visionner les documentaires de CHRIS MARKER dans "Histoire des Images/un ciné-club" et à lire les fiches d'exploitation de certains grands films classiques du XX° siècle.("Images de l'Histoire" 1 et 2)


















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